«Le cheikh a survécu à toutes les crises qui ont rongé le parti, cette fois-ci, il doit partir.» «Nous ne sommes pas des pions au service du pouvoir, ni des traîtres à la solde des cercles des décideurs comme ne cesse de nous accuser le clan de Djaballah. Nous menons un mouvement de redressement dans l'intérêt du parti et des militants.» C'est en ces termes que M. Mohamed Boulahia, président du conseil consultatif à El Islah (destitué de ses fonctions le 18 novembre dernier) à voulu entamer la conférence de presse, tenue hier au CIP, et à laquelle ont pris part les principaux instigateurs de ce mouvement. «Djaballah se réfugie derrière ce grand mensonge pour discréditer notre démarche, il devrait savoir, ajoute-t-il, que ce genre d'argument est révolu. Le parti fait face à une véritable crise.» Plus incisif, Djahid Younsi demande la parole pour révéler ce qu'il qualifie de «scoop». Selon ce dernier, «Djaballah avait pris des contacts avec le pouvoir au lendemain de l'élection présidentielle en vue de négocier sa participation au gouvernement». «Des rencontres ont eu bel et bien lieu entre les deux parties», ajoute-t-il. Sans pour autant préciser les points de divergence sur lesquels auraient buté ces pourparlers, ce dernier se contente d'affirmer que «nous avons appris, par la voie d'un ambassadeur que les différends n'avaient aucune relation avec la ligne politique ou le discours du parti. Djaballah voulait tout simplement imposer ses hommes». Revenant sur la genèse de la crise, le conférencier remonte à 1999, précisément au conseil constitutif du parti qui a vu le retrait de plusieurs cadres du parti qui refusaient, déjà à l'époque, de travailler sous l'égide du cheikh, «puis les démissions se sont succédé en 2002. Notre mouvement constitue la consécration d'une volonté de changement, longtemps couvée». Evoquant justement le changement, il s'avère que le mouvement de redressement prépare déjà l'après-Djaballah. L'alternative sera «une direction collective», chapeautée bien évidemment par les redresseurs. Le processus de redressement sera entamé par l'organisation «d'un congrès légal». Miloud Kadri, chef du groupe parlementaire, dira en ce sens, «que nous empêcherons le tenue du congrès prévu pour le 29 novembre». Conscient de la complexité de la situation, Djaballah aurait envoyé des interlocuteurs «pour solliciter l'aide des cercles décideurs dans son obstination à organiser ce rendez-vous dans les délais qu'il a fixés». Les redresseurs, qui ont saisi la justice, misent beaucoup sur la décision de la chambre administrative près le tribunal de Sidi M'hamed. Mais selon des sources proches du parti, le verdict ne sera prononcé qu'au début de l'année prochaine, autrement dit après la tenue du congrès. «Nous irons dans ce cas vers un congrès parallèle», dira M.Boulahia.