Dans l'action du gouvernement, le PT décèle une menace sérieuse sur la centrale syndicale. Alors que le débat vient à peine d'être amorcé sur la réconciliation nationale, le PT a-t-il déjà tranché la question ? La petite phrase «glissée» par Louisa Hanoune hier, au centre de Zéralda, en dit long sur la position que va adopter le PT par rapport au concept de réconciliation âprement défendu par le chef de l'Etat. «Pas d'amnistie avec cette orientation économique», a-t-elle déclaré lors d'un point de presse qu'elle a animé au terme des travaux des commissions de son parti. Pour Mme Hanoune, la réconciliation nationale doit inéluctablement passer par une paix sociale. Une dialectique que le Parti des travailleurs compte débattre dans des rencontres et des conférences avec les citoyens. «Nous appelons l'ensemble des travailleuses et des travailleurs, des jeunes qui seront les salariés de demain à souscrire à notre appel, à le faire signer massivement». A travers son appel qui s'adresse à tous les secteurs d'activité de service et de production, le PT compte donner un cours positif aux évènements dans une conjoncture sociale qu'il juge très précaire. Sur ce plan précis, elle fait un constat, amer, sombre, grave, à la limite d'une catastrophe nationale. Voyons les expressions utilisées par la secrétaire générale du PT dans son point de presse : «Nous sentons venir un séisme social», «un fantôme plane sur l'Algérie, il ressemble à celui de la Côte d'Ivoire, de la Géorgie et de l'Ukraine», «nous sommes dans l'oeil du cyclone», «la décomposition est en cours», «nous sommes dans un état d'alerte rouge». L'inquiétude du Parti des travailleurs vient de l'option de libéralisation économique choisie par l'exécutif gouvernemental, plus précisément, des déclarations du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia et de celles du ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, annonçant la privatisation de 1200 entreprises. Louisa Hanoune décèle dans l'action du gouvernement un retour au féodalisme et de ce fait, une menace pour la stabilité sociale. Elle a dénoncé cette politique «du fait accompli décriée par la base - les fédérations - de la centrale syndicale», car , pour le PT, rien ne justifie l'offensive «Bulldozer, infernale, sauvage, ravageuse et destructrice de l'économie nationale» de la privatisation. «(...) Personne ne peut comprendre qu'au moment où les recettes pétrolières sont à même de permettre à notre pays de résoudre les problèmes sociaux étouffants, soit mise en oeuvre une orientation qui confisque les solutions nationales». Dans l'action du gouvernement, le PT voit également une sérieuse menace contre la centrale syndicale. «C'est une offensive qui vise l'Ugta en tant que telle pour affaiblir les travailleurs. C'est une opération politicienne pour casser le cadre national, effriter les travailleurs. C'est la politique de diviser pour régner». A plusieurs occasions, particulièrement durant la campagne pour la présidentielle du 8 avril, le PT a averti contre l'instrumentalisation de la centrale syndicale. Le parti affirmait que la dislocation d'un cadre comme l'Ugta, qui unifie toutes les sensibilités du pays sur la base des acquis nationaux, peut conduire à une guerre civile. Mais dans cette «effervescence nationale» le patron de la centrale syndicale se retire du «débat». Est-ce un choix tactique ou un effet du fait accompli?