Cet établissement est au coeur d'un scandale qui vient secouer la place financière d'Alger. Rien ne laissait transparaître du bâtiment imposant de la CAB situé à Hydra, le moindre signe de l'effervescence qui y régnait la veille. Cette banque privée, que beaucoup voient déjà comme une entreprise «à dissoudre», est au coeur d'un scandale qui vient secouer la place financière d'Alger. La nouvelle de l'arrestation du P-DG de la CAB ainsi que son fils et leur mise sous mandat de dépôt pour «escroquerie, abus de confiance et d'autorité», selon l'information rapportée par certains titres de la presse nationale, lundi, a jeté la sphère économique dans la consternation. Une ambiance pesante prédominait à l'intérieur de l'établissement. Le siège ouvert, comme pour montrer que tout va bien, n'en démentait pas moins un climat morose. Le personnel qui vaquait à ses occupations habituelles ne voulait pas faire pas de commentaire. Tous attendent, non sans appréhension, la suite des événements. Le chef de l'agence, M.Dechmi Abdenour, le frère du patron, Omar Dechmi, mis en cause, affichait une mine défaite. Sur l'inculpation de ses proches, il ne pipera mot. Il s'est contenté uniquement de rétorquer que «l'affaire est en justice et c'est aux responsables d'en parler». Les responsables de la banque ou du moins qui font partie du staff dirigeant tronqué de sa tête, tiendront une réunion tout l'après-midi et refuseront de donner des explications à la presse. Les clients qui arrivaient sur les lieux, pour certains, affichaient un air étonné, d'autres qui n'avaient pas eu vent de la nouvelle montraient des signes d'inquiétude quant au devenir de la banque et au sort de leur argent. Globalement, aussi bien les clients que les employés restaient circonspects et réservés. Les langues ne pourront se délier qu' à la faveur des résultats de l'affaire qui est entre les mains de la justice. Cependant, vu les scandales qui ont éclaboussé le milieu des finances, il est prévisible que le scénario ayant prévalu ces derniers années concernant les banques privées, se reproduise et porte ainsi l'estocade à la dernière banque privée. Selon un confrère, le mis en cause est accusé «d'escroquerie, abus de confiance et d'autorité». Le juge instructeur avait mis sous contrôle judiciaire le gérant de Magifood, une société privée d'importation de produits agroalimentaires dans laquelle Omar Dechmi, son fils et un certain Ahmed Mouffok sont associés. Selon la même source, les arrestations ont eu lieu à la suite de trois plaintes déposées contre le patron de la CAB dont une contre son fils. La première action en justice a été engagée par la Banque d'Algérie contre la CAB pour avoir enfreint le dispositif réglementaire relatif à la monnaie et au crédit et les mouvements de capitaux en n'assurant pas la caution de contre-garantie d'une banque étrangère pour la domiciliation du compte d'une société chinoise de bâtiment la (Cocpc), chargée de la réalisation des projets de construction de logements au profit de l'Aadl à Tipaza, Koléa et Draria. Dechmi aurait vidé ce compte de 350 millions de dinars mettant dans une situation d'interruption les chantiers de cette entreprise dont les responsables ont porté l'affaire devant la justice. La troisième plainte concerne l'importation de lait Gloria par la société Magifood, appartenant à Omar Dechmi, son fils, et Ahmed Mouffok qui serait en détention préventive pour une autre affaire, dont le compte était domicilié à l'agence CAB de Zéralda et à la BDL. Il aurait conclu un marché d'un montant de 180.000 euros avec un fournisseur français. Ce dernier a déposé plainte auprès du tribunal de Bir Mourad Raïs, pour n'avoir pas reçu le montant de la transaction. L'homme d'affaires se serait plaint des menaces proférées contre sa personne par le mis en cause. Omar Dechmi, comme Ahmed Mouffok, est également impliqué dans le scandale de 11 traites d'un montant de 548 millions de dinars établies par quatre entreprises domiciliées à la CAB, au profit de deux sociétés appartenant à M.Mouffok. Encore une fois, la sphère économique est éclaboussée par un nouveau scandale. Le patron de la CAB et son fils ainsi que l'un de leurs associés doivent répondre devant la justice de leurs méfaits. La cinquième banque privée risque de mettre la clé sous le paillasson. Un épisode douloureux dans la grande saga des scandales qui minent la vie économique nationale. Cette affaire, si elle signe la fin de l'aventure des banques privées, renseigne, on ne peut mieux, sur la gangrène qui ronge le milieu des affaires en Algérie qui a besoin d'un grand coup de balai.