Le procès d'hier a été reporté au 4 janvier prochain. Nouveaux rebondissements dans la crise qui secoue le mouvement El Islah. Les avocats du ministère de l'Intérieur ont, en effet, lors du procès opposant les deux ailes au tribunal d'Alger, déclaré leur neutralité avant de se retirer, laissant ainsi Djaballah seul, aux prises avec ses anciens lieutenants. Il ne s'agit pas moins d'une énième victoire pour Djaballah puisque ce sont les redresseurs qui avaient cité l'Intérieur comme partie prenante du conflit, accusant implicitement Zerhouni d'être l'allié du président du mouvement El Islah. Toujours est-il que la crise qui ronge le Mouvement pour la réforme nationale (MRN) prend une autre tournure, imprévisible pour un bon nombre d'observateurs, après le niet opposé par l'administration centrale, formulé dans une notification datée de lundi 27 décembre portant interdiction du congrès «jusqu'à ce que la justice tranche dans le litige interne qui oppose Djaballah au mouvement de redressement». L'argument évoqué par l'administration centrale, qui est différemment apprécié par les parties antagonistes, prouve néanmoins que le malaise d'El Islah est beaucoup plus complexe qu'il en a l'air. L'affaire en justice n'est que la partie apparente de l'iceberg. Au lendemain de ce verdict «sévère» pour les uns et «logique» pour les autres , les deux parties se sont montrées très peu prolixes préférant s'en remettre au verdict de M. Yazid Zerhouni, sachant de part et d'autre qu'elles n'ont point droit à l'erreur. Lakhdar Benkhellaf, le secrétaire national chargé de l'organique, contacté hier par nos soins, qualifie «de précédent», la position prise par le ministère de l'Intérieur. «C‘est une transgression grave à la loi sur les partis politiques et plus précisément l'article 37 /09 qui stipule que l'administration n'est pas habilitée à interférer dans les affaires internes des partis politiques». Selon notre interlocuteur, la décision du report a été prise après des consultations avec la direction du parti, avant même que les services de la wilaya ne tranchent d'une manière officielle la question. En fait, il faut savoir que Djaballah a été informé verbalement de l'interdiction, avant d'en avoir la confirmation par le biais du ministre de l'Intérieur qui était en déplacement à l' étranger. Le conflit judiciaire est-il véritablement l'unique motivation de ce report? Sur cette question, M.Benkhellaf se montre très peu prolixe. «C'est la seule raison qui nous a été citée». Devant notre insistance, il ajoute: «pour le moment l'on préfère s'en tenir à cette explication». Même s'il estime «qu'il est inconcevable de se plier aux menaces d'un groupuscule» En attendant la conférence de presse que compte organiser le cheikh du parti, Abdallah Djaballah, dans les prochains jours. En attendant que la justice tranche, Djaballah gardera toujours la mainmise sur le parti. «Le règlement intérieur ne limitant pas le mandat du président du parti». Pour les proches de Djaballah, le congrès aura lieu dans les meilleurs délais. «Tout rentrera dans l'ordre dans les prochains mois parce que nous sommes sûrs de remporter la bataille judiciaire». Mais Djaballah était sûr aussi de gagner celle du congrès. Pour les observateurs, l'avenir politique du chef islamiste se décidera dans les prochains mois. En tout état de cause, ses collaborateurs écartent le scénario d'Ennahda. «Il ne faut pas comparer l'incomparable, cette crise a été réglée au sein des instances du parti», ces derniers s'accordent à dire que le retrait de Djaballah sera le prélude de la mort programmée d'El Islah. Du côté du «mouvement de redressement», cette interdiction est «logique», «le contraire nous aurait surpris», souligne M.Mohamed Boulahia. Très confiant, il invite Djaballah à réviser sa stratégie. Les donnes ont changé, fait-il savoir.«Seul un congrès légal est à même de sortir le parti de ce tourbillon qui menace son existence». Fort de cette interdiction, ces derniers poursuivent les préparatifs pour la tenue du congrès parallèle. Une rencontre des wilayas de l'Est sera organisée la semaine prochaine, la dernière du genre avant d'entamer les assemblées générales pour l' élection des congressistes. Enfin, dans un communiqué transmis à la rédaction, ce dernier «salue et rend hommage à la mobilisation des militants».