Le palais du gouvernement On n'exclut pas le retour à la formule des mégaministères, de même que la fusion de certains autres à l'image de la Culture et de la Communication, de l'Agriculture et de l'Hydraulique etc. Une seule feuille de route, une seule instruction: rationaliser les dépenses. Une seule parade: l'austérité. A eux seuls, ces mots résument l'extrême complexité de la tâche qui attend l'Exécutif gouvernemental qui sera désigné juste après l'adoption de la nouvelle Constitution L'actuel Premier ministre, Abdelmalek Sellal, remettra sa démission au président de la République juste après l'adoption de la Constitution comme l'exige la loi. Le président Bouteflika aura à nommer un Premier ministre issu de la majorité parlementaire. L'avant-projet de la nouvelle Constitution oblige en effet, le chef de l'Etat à consulter la majorité parlementaire avant de désigner son Premier ministre. Désormais, celui-ci pourrait être issu du parti qui a obtenu la majorité à l'Assemblée populaire nationale. Mais la question est de savoir quel gouvernement aura la lourde responsabilité de gérer le pays pour une période qui ne dépassera pas, au plus, 15 mois. Si les délais des élections seront respectés, l'Algérie organisera des élections législatives vers avril ou mai 2017 puisque les dernières élections parlementaires ont eu lieu en mai 2012. Ce rendez-vous électoral limite de ce fait la durée de vie du prochain gouvernement. S'agira-t-il d'un léger lifting pour l'actuelle équipe remaniée, il y a tout juste six mois? D'un changement profond qui apportera du sang neuf et fera tomber les peaux mortes? D'un gouvernement issu de l'Alliance stratégique que composent le FLN, le RND, le TAJ et le MPA? Allons-nous vers une équipe de technocrates capable de décrypter les profonds bouleversements qui impactent la scène économique et politique mondiale? D'autres questions concernent également le rôle de la jeunesse et celui de la femme. A ce niveau, des sources gouvernementales promettent des évolutions à même de surprendre les plus suspicieux. La certitude est que l'attelage qui appliquera la nouvelle feuille de route du président Bouteflika sera face à la redoutable épreuve de la chute des prix du baril. Les observateurs annoncent l'arrivée de nouvelles figures dans le prochain Exécutif. Les départements des finances, de l'énergie, de la solidarité nationale et de la culture, seraient concernés. Les mêmes observateurs n'excluent pas le retour à la formule des mégaministères, de même que la fusion de certains autres à l'image de la Culture et de la Communication, de l'Agriculture et de l'Hydraulique etc. Face à la crise financière, le gouvernement a revu légèrement à la baisse son budget mais avec cette incroyable dégringolade des prix du baril, l'Algérie doit se résoudre carrément à l'austérité. Un mot jusque-là banni dans la communication officielle qui lui substitue le qualificatif de rationalisation des dépenses. Mais maintenant qu'on racle les fonds de tiroir, on n'en est plus aux éléments de langage. Quel sera alors le rôle de la communication officielle? Sera-t-elle libérée de sa camisole en ayant plus de prérogatives? L'enjeu est de taille. Le président Bouteflika n'hésite plus à parler de grave crise que subit le pays, mais il insiste sur le fait que «les pouvoirs publics doivent expliquer davantage à la population la gravité de la conjoncture financière que traverse notre pays, ainsi que le caractère unique au monde de nos dépenses publiques d'investissements et de nos transferts sociaux». Et ce travail ne pourra échoir qu'à une stratégie de communication bien ficelée et bien ciblée. Le gouvernement Sellal dans sa quatrième version, a réussi deux rendez-vous d'une extrême sensibilité: un Ramadhan des plus cléments depuis ces 10 dernières années puisque la flambée des prix tant redoutée n'a pas eu lieu et une rentrée sociale sans remous. Nombreux étaient les observateurs à voir la dernière rentrée sous le prisme de la tension, de l'effervescence et de l'agitation sociales. Le chaos n'a pas eu lieu. M.Sellal et son attelage s'en sont bien tirés. Mais le temps de l'opulence fait désormais partie du passé. L'avenir n'est plus... ce qu'il était. Il va falloir affronter la réalité sans les fards d'une richesse virtuelle.