Y a-t-il un lobby algérien en France? Déjà, en 2006, lors d'une visite en Algérie, en sa qualité d'eurodéputée, également, Tokia Saïfi avait invité les pouvoirs publics «à mieux le faire connaître politiquement au niveau européen». Dans un supplément consacré aux relations entre l'Algérie et l'Union européenne The Parliament magazine, que la revue du Parlement européen (PE), a publié dans sa dernière édition de décembre 2015, l'eurodéputée Tokia Saïfi a franchement plaidé pour «un renforcement urgent, par l'Union européenne, de son partenariat» avec notre pays. Dans l'article, le titre est révélateur de ses préoccupations - elle l'a, en effet, intitulé: «UE - Algérie: le renforcement des relations peut apporter la stabilité et la sécurité.» Cette élue française du groupe parlementaire PPE (Parti populaire européen), un groupe constitué par les partis du Centre et du Centre-droit, a justifié l'urgence du lancement de partenariat par deux raisons essentielles: la première étant la position particulière qu'occupe l'Algérie dans l'échiquier régional: «C'(en) est un des acteurs clés», a-t-elle, en effet, précisé; et la seconde, la communauté des «défis auxquels les deux parties font face» présentement; les plus importants qu'elle a cités étant «la gestion des risques terroristes et la question de la migration». Une position que les pouvoirs publics doivent impérativement apprécier à sa juste valeur. Et ce, pour, là aussi, deux raisons, au moins. La première est que celle-ci, comme l'attestent leurs déclarations rapportées dans le supplément en question ou faites ces derniers temps, est amplement partagée par nombre de collègues, d'obédiences politiques différentes - et, pour certains, de poids comme peuvent l'être le président de la commission des Affaires étrangères, l'eurodéputé allemand Elmar Brok, et le président de la délégation Maghreb, l'eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri -, de Tokia Saïfi au sein du Parlement européen. Et la seconde, que cette dernière, qui est une habituée des travées du PE: elle y siège sans discontinuité - si l'on excepte la parenthèse des deux années (de 2002 à 2004) où elle a occupé une charge gouvernementale dans le gouvernement Raffarin - depuis 1999, est d'origine algérienne. Une origine, fait qui n'est nullement à dédaigner, qu'elle revendique haut et fort. Parce que la militante du parti de Sarkozy, les Républicains, n'est pas à sa première déclaration en faveur de son pays d'origine. Déjà, en 2006, lors d'une visite en Algérie, en sa qualité d'eurodéputée, également, elle avait, tout à la fois, regretté que notre pays, pourtant «leader dans la région, (n'ait) pas la place qu'il mérite dans le processus de Barcelone» et invité, en conséquence, les pouvoirs publics «à mieux le faire connaître politiquement au niveau européen». Une déclaration que d'aucuns ont interprétée, à juste titre, il faut le dire, comme un appel à peine voilé à ces mêmes pouvoirs publics à s'engager dans une politique de lobbying dans leurs relations avec les pays européens. Une politique dont les vecteurs les plus indiqués seraient les nombreuses personnalités des mondes politique, scientifique, artistique et sportif d'origine algérienne qui ont réussi à s'imposer, par leurs compétence et sérieux, dans nombre de pays européens; notamment dans l'Hexagone et qui demeurent toujours attachées à leur pays d'origine. Faut-il dire que cet appel est toujours d'actualité. Surtout en ces temps où l'image de notre pays à l'étranger est, du fait de ses prises de position sur nombre de questions internationales qui sont peu ou pas du tout appréciées par les «maîtres du monde», particulièrement ternie auprès de l'opinion publique internationale. Et où des pays, certains voisins et d'autres prétendus frères, utilisent à fond la carte du lobbying pour lui nuire dans les principales instances internationales. De là, la nécessité de mettre, au plus vite, fin à la polémique provoquée par l'article 51 du projet portant révision de la Constitution. Et ce, en précisant son contenu dans le sens où il doit impérativement accorder aux Algériens établis à l'étranger, y compris à ceux détenteurs d'une autre nationalité, toute la place qu'ils méritent dans la vie nationale: le renforcement des liens les unissant à l'Algérie et, partant, la réussite de toute politique de lobbying, passant inévitablement par cette impérieuse correction du contenu de l'article en question. Une correction qui permettra, à coup sûr, à d'autres «Tokia Saïfi» d'émerger...