Une véritable guerre des communiqués oppose les deux ailes, entre lesquelles Belkhadem nous affirme vouloir chercher une voie médiane. Les cadres et les parlementaires du parti ont recueilli, hier, les propositions d'amendements introduites par les militants de la base. Cette opération, qui s'est déroulée hier dans une effervescence particulière, due notamment aux tentatives des «ultras» de faire capoter la rencontre, a été concluante selon les dires de certains cadres que nous avons pu aborder. Un important responsable qui se définit comme un «modéré» nous a déclaré que la rencontre de mardi était une réunion purement technique. Elle va permettre, a-t-il ajouté, d'accélérer la cadence pour la tenue du congrès dans les plus brefs délais. Selon ce responsable, la date sera fixée dans les tout prochains jours et il se pourrait fort bien que celle-ci soit arrêtée au courant de la mi-janvier. Cela se décidera après l'élection, la semaine prochaine, de pas moins de 2500 congressistes. Joint hier par téléphone, Belkhadem nous a déclaré «ne pas reconnaître les réunions des dissidences». Il ajoute qu' «il n'y a qu'une seule instance légitime, à savoir la commission des Cinq». Concernant la commission des statuts présidée par Amar Saïdani, le texte qu'elle a élaboré apporte un changement radical dans le fait que désormais, les membres du comité central ainsi que ceux du bureau politique ne seront plus désignés mais élus. «C'est par un souci de transparence et la consécration de la démocratie», nous explique le haut responsable. La direction du parti sera renforcée dans son aspect collégial. Il est consacré à la répartition des tâches entre le SG, et les membres du bureau politique seront responsables devant le comité central. Le SG aura pour mission de coordonner les activités des membres du bureau. C'est une sorte de direction collégiale où vont être diluées les deux ailes afin de maintenir le rapport de force entre toutes les tendances et éviter qu'un clan prenne le dessus sur l'autre. Seuls les prochains jours peuvent nous renseigner sur le devenir du parti dont la date de la tenue du congrès est encore dans les limbes. Cependant, il semblerait, même si chacun essaie de tirer la couverture à lui, qu'il y ait un début de décantation qui se profile. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction et signé de la main de Abdelkrim Abada, il est précisé que le comité central du parti s'est réuni en session ordinaire, hier, pour étudier les projets en préparation du 8e congrès au niveau des bases. Il félicite l'instance exécutive transitoire qui a tenu une réunion mardi dernier, en présence des membres du comité central issu du septième congrès et les élus du parti au parlement bicaméral pour les efforts consentis dans l'élaboration des textes soumis à l'étude et à l'enrichissement. Il délègue la commission des Cinq pour fixer la date et le lieu de l'échéance décisive. De leur côté, les membres du mouvement de redressement ont tenu une réunion parallèle dans laquelle ils ont tiré à boulets rouges sur leurs collègues «légalistes». Ils ont dénoncé «le complot ourdi contre les militants de la base». Dans le communiqué sanctionnant la réunion, les signataires du document, en l'occurrence les coordinateurs des wilayas, affirment que «les mêmes personnes qui ont nui au parti sont en train de prendre les premiers rangs» . Ils se disent prêts à se battre «pour faire échouer les tentatives de déviation de la ligne du parti». Ils en appellent au président à qui ils réitèrent leur soutien. En dépit de l'agitation, certains cadres et ministres que nous avons pu contacter, à l'instar de M.Kara, ont salué la rencontre de mardi en déclarant que l'urgence est la tenue du congrès qui devra faire la décantation et mettre de l'ordre. Il a affirmé que Belkhadem est fidèle à ses engagements et il saura mener le parti à bon port.Un responsable du parti nous a déclaré qu'effectivement, il y a un conflit, mais cela ne saurait influé sur la tenue du parti qui est dictée par l'urgence de débloquer la crise politique et de commencer la campagne de sensibilisation et de mobilisation des troupes pour ce projet qui est le fer de lance du programme du président. Ce dernier fera bientôt l'objet d'un texte qui sera soumis à l'APN, dont le FLN est majoritaire. Le plébiscite de ce dernier est plus probable. Belkhadem, lors de la rencontre avec les 450 cadres et députés des deux chambres, l'a explicitement affirmé. Le FLN, s'il arrive donc à transcender sa crise et ses divergences, sera l'allié de Bouteflika et ses éléments occuperont les postes clés du gouvernement. Le chef de la diplomatie algérienne a mis toute sa volonté pour que cela se concrétise. Sa démonstration de force ce mardi, en est l'illustration même.