Le ministre du Commerce a annoncé qu'une «commission, installée au niveau de son département, est en train d'en établir la liste». Le gouvernement semble décidé à contrôler les importations. Dans une déclaration à la presse faite en marge des travaux de la deuxième session ordinaire du Conseil national de l'Ugcaa (Union générale des commerçants et artisans algériens), issu du congrès de janvier 2015, le ministre du Commerce a, en effet, annoncé, «la soumission, pour bientôt, d'un certain nombre de produits agricoles au dispositif des licences d'importation» institué par la loi de finances 2016. Invité à préciser la nature de ces produits, Bakhti Belaïb a déclaré que ceux-ci «seront connus dans une vingtaine de jours» et ce, a-t-il précisé, «dès que la commission installée au niveau du ministère à cet effet aura fini d'en établir la liste». Toujours à propos des retombées possibles de la chute des prix du pétrole, le ministre du Commerce s'est inscrit en faux contre les rumeurs faisant état de la préparation par le gouvernement d'une loi de finances complémentaire: «Cela n'est aucunement à l'ordre du jour du gouvernement», a-t-il, en effet, répondu à la journaliste qui l'avait interrogé sur ce sujet. Et d'expliquer: «Les équilibres sur lesquels a été bâtie la loi de finances 2016 n'ont pas été affectés par la poursuite de la chute des prix du pétrole.» S'exprimant sur le crédit à la consommation qui doit incessamment entrer en application, le ministre a apporté une précision qui risque de refroidir l'ardeur des consommateurs, du moins de ceux qui en attendent beaucoup: «Quand elles le jugent justifié, les banques sont libres de ne pas octroyer de tels crédits...» Ce ne sont pas là, toutefois, les seules déclarations que le ministre du Commerce a faites hier. Dans la courte allocution qu'il a prononcée à l'ouverture de la session précitée du Conseil national de l'Ugcaa, il a confirmé, on ne peut mieux, la lune de miel qui caractérise présentement les relations entre le gouvernement et l'organisation dirigée par Salah Souilah. Tout en clamant que, pour son département, «les commerçants sont des alliés fiables», Bakhti Belaïb s'est engagé devant leurs représentants «à oeuvrer à améliorer les conditions actuelles dans lesquelles ils exercent leurs activités»; des activités, qu'elles soient de détail ou de gros, qu'il a reconnu «être difficiles». Et, dans la foulée, «à renforcer les contacts et la coordination avec l'Ugcaa». Cette lune de miel entre les pouvoirs publics et cette dernière (organisation) a été clairement confirmée hier. Et ce, par un ensemble de faits. Certains protocolaires. Comme l'a été la présence à cette session de son Conseil national d'une forte représentation gouvernementale: outre le ministre du Commerce, étaient, en effet, également présents à l'hôtel El Aurassi, où celle-ci s'est tenue, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, et les représentants personnels du Premier ministre, du ministre des Transports et du secrétaire général du FLN. D'autres plus concrets, dans le sens où il s'agit de la prise de mesures précises ou de l'annonce d'autres à venir. Le plus important de ces derniers faits a été, sans conteste, l'annonce, par le secrétaire général de l'Ugcaa, de l'instruction qu'il a transmise «à tous les adhérents de l'organisation, qu'ils soient commerçants, pêcheurs ou transporteurs, à ne pas augmenter les prix de leurs produits ou des services qu'ils fournissent». Une annonce à laquelle a répondu une autre, qui va dans le même sens de la confirmation de «la lune de miel» gouvernement-Ugcaa. Faite par le représentant personnel du Premier ministre, celle-ci a trait «à l'institutionnalisation du 28 janvier de chaque année, comme Journée nationale du commerçant»; le choix de cette date s'étant fait, nous a déclaré, Hocine Bellout, membre du Conseil national, «dans l'objectif de perpétuer dans la mémoire collective le souvenir de «la grève des huit jours» qui avait paralysé Alger au début de l'année 1957 et dont le premier jour a été, précisément, un 28 janvier». Sauf que cette «lune de miel» n'est pas sans contreparties positives pour l'Ugcaa et ses adhérents. Comme l'ont d'ailleurs explicitement reconnu et Hocine Bellout, qui est également président du Comité national des marins-pêcheurs, une structure affiliée à l'Ugcaa, et Djamel Djaâdoun, secrétaire national (de l'Ugcaa) chargé de la Solidarité nationale. Et de nous citer, pour le premier, «les baisses prévues des charges que payent les transporteurs; la décision prise par le ministre de l'Agriculture d'établir en faveur des agriculteurs et des pêcheurs, des prix de carburants aménagés; la réalisation en cours de marchés de gros; et l'ouverture prochaine, dans les 48 wilayas du pays, de poissonneries». Et, pour le second, «l'augmentation, de 0,70 DA à 0,90 DA, de la marge bénéficiaire des livreurs de lait; la décision de leur octroyer des crédits bancaires à des taux bonifiés de 3% pour tout achat de véhicule (de livraison); l'accord - qui leur permettra de voir leur taux d'imposition automatiquement baisser - que leur a donné le ministre du Commerce que la raison sociale qui figurera dorénavant sur leur registre du commerce ne portera que la mention «livraison de lait»; et la demande, en cours d'étude, des artisans-boulangers d'une baisse du prix de la farine utilisée dans la fabrication du pain». Plus précis, notre interlocuteur nous a déclaré que «les boulangers souhaitent voir le prix du quintal de farine, actuellement de 2500 DA, ramené à 1500 DA...».