Clarté en HD. Ahmed Ouyahia est un homme politique qui jouit d'une solide formation politique. D'une longue expérience aussi. De plus, il est doué. Le tout fait de lui une personnalité politique hors pair qui met nombre de ses débatteurs dans leurs «petits souliers». Il est en politique ce qu'un tireur d'élite est pour une armée. Il fait mouche à chaque fois. Ses réparties sont cinglantes et sans ménagement. Ce qui le rend redoutable et nous oblige, nous journalistes, à tourner sept fois la langue dans la bouche avant de lui poser une question. Lors de sa dernière conférence de presse, samedi dernier, il était égal à lui-même. Deux heures durant, il a eu des réponses claires, nettes et précises à toutes les questions qui lui ont été posées. Impossible de les rapporter toutes ici. Nous choisissons celle qui est en phase avec l'actualité qui fait la une actuellement: la révision de la Constitution. Celle qui fait le buzz aussi. Vous l'aurez deviné, il s'agit de l'article 51 du projet de révision qui sera soumis le 3 février prochain aux deux chambres réunies du Parlement. Ce fameux article qui traite des binationaux qui brigueraient des fonctions supérieures de l'Etat. Certains ont tout fait pour faire monter la mayonnaise et mieux masquer toutes les autres dispositions de la Constitution révisée. Qu'à cela ne tienne! N'hésitons pas à éclaircir encore et toujours cet article 51. Le premier point est qu'il ne concerne nullement la communauté algérienne établie à l'étranger. Le binational ne s'inscrit pas dans cette catégorie par le simple fait qu'il est citoyen à part entière dans le pays étranger où il réside et dont il a la nationalité. Ce n'est que lorsqu'il atterrit en Algérie qu'il reprend ses droits et devoirs du citoyen algérien. Deuxième point, tous les binationaux ne briguent pas des fonctions supérieures de l'Etat en Algérie. Ce qui réduit à quelques dizaines ou même quelques centaines le nombre de personnes concernées par l'article 51. Face aux 40 millions d'Algériens, il est difficile de comprendre tout le tapage qui est fait autour de cette petite poignée de «hauts fonctionnaires» potentiels. Ou alors, il serait plus juste de dire qu'on a peur de comprendre. Ouyahia a rappelé que la nouvelle disposition «se limite aux fonctions supérieures de l'Etat comme celles de ministre ou d'ambassadeur». Elle vise également, a-t-il rappelé, à s'assurer de «la loyauté sans partage» à l'Algérie de ceux qui désirent la servir. Quoi de plus clair? Quoi de plus sensé? Qui lèse qui? Imaginons l'ambassade d'Algérie au Mexique. Il faut être plombé de la tête (l'expression est empruntée à Ouyahia) pour croire que c'est un poste qui peut être occupé par un binational algéro-mexicain. Même le Mexique refuserait son accréditation. L'Etat est tellement conciliant qu'il ne ferme pas la porte au postulant qui «renonce à sa nationalité étrangère», a précisé Ouyahia. Est-ce trop demander?