Les trois derniers jours ont été particulièrement sanglants en Irak où plus de vingt cinq personnes ont été tuées. C'est à une véritable déferlante meurtrière qu'est confronté l'Irak depuis quelques jours après la recrudescence des attentats, des enlèvements ponctués ici et là et quelques arrestations. En Irak, il n'y a eu ni trêve de Noël, ni trêve des confiseurs, le dernier mot restant encore à la violence qui tient le pays en tenailles. Plusieurs attentats ont été ainsi perpétrés contre des individus entre vendredi et hier faisant plus de 25 victimes parmi les particuliers. Hier, un responsable d'un parti politique, Abdel Hussein, a été abattu devant son domicile par trois individus. Celui-ci avait tenu samedi un meeting pour le compte du parti démocratique de la nation irakienne, dans le cadre de la campagne électorale pour le scrutin du 30 janvier prochain. Cette campagne, ouverte le 18 décembre dernier, n'arrive pas à décoller et reste encore assez périphérique, ne semblant pas retenir l'attention des Irakiens qui ont certes d'autres préoccupations. Abdel Hussein, semble être le premier homme politique a être assassiné depuis le début de la campagne électorale voici dix jours. Selon Mithal Al-Alloussi, le chef du parti démocratique de la nation irakienne, «Des inconnus ont ouvert le feu sur Abdel Hussein, l'un de nos responsables, le tuant sur le coup», indiquant: «C'est un élément actif de notre parti qui a participé lundi à une manifestation pour dénoncer l'ingérence de la Syrie en Irak. Il est apparu sur les télévisions et a reçu des menaces, mais malheureusement, nous ne les avons pas prises au sérieux». Après l'attentat meurtrier de mardi dernier contre une base militaire américaine à Mossoul, occasionnant la mort de 22 personnes, dont 18 soldats américains, et des blessures à 72 autres, et celui de samedi à Bagdad qui a fait huit morts et 20 blessés, une série d'attentats ont visé des particuliers, dont un couple d'interprètes irakiens travaillant pour l'armée américaine. Ces différentes attaques contre des personnes isolées ont eu lieu notamment à Bagdad, Samara, Ramadi et Mossoul. Outre ces assassinats ciblés de personnes collaborant avec les Américains, il y a eu l'enlèvement, samedi, d'un entrepreneur turc, considéré comme l'un des hommes les plus riches de Turquie. Il faut signaler que plusieurs Turcs ont été soit enlevés soit tués au cours de ces derniers mois. L'entrepreneur turc, Kahraman Sadikoglu, a été enlevé en même temps qu'un de ses employés. La télévision turque NTV l'a montré, dans des images en noir et blanc, disant, en turc et en anglais, être propriétaire d'entreprises à Bassorah et Oum Qasr, sud de l'Irak, sans autres précisions sur les demandes de ses ravisseurs. Par ailleurs, l'armée américaine a annoncé samedi avoir arrêté récemment deux hommes faisant partie, selon elle, du groupe de l'islamiste jordanien Abou Moussab Al-Zarqaoui. «Ces deux individus sont les chefs d'une cellule locale affiliée au groupe terroriste Zerqaoui, responsable d'intimidations, d'attaques et d'assassinats d'Irakiens innocents, de policiers, de membres des forces de sécurité, d'hommes politiques et d'hommes d'affaires de province», indique la source militaire américaine. D'autre part, les forces américaines ont lancé une opération coup-de-poing à Ramadi qui a permis l'arrestation de 29 suspects. Ces coups de filet, s'ils permettent de démanteler, ici et là, des cellules actives de la guérilla, ne semblent pas, cependant, avoir une réelle efficacité à la lumière de la poursuite plus virulente s'il en est, de la violence en Irak. De fait, la chute de Falloujah, bastion de la rébellion, n'a pas eu d'impact considérable sur la situation d'ensemble dans le pays, ni induit l'amélioration sécuritaire attendue. Bien au contraire, l'insécurité s'est étendue à tout le centre et le nord du pays comme en témoignent les derniers carnages à Najaf, Kerbala, Mossoul et Bagdad, notamment avec un bilan cauchemardesque de près de 150 morts lors de ces quatre attentats échelonnés dans le courant de la semaine dernière. En Irak, ce sont encore les innocents qui payent le prix des inconstances des dirigeants provisoires du pays, et les oukases de l'armée d'occupation américaine.