Plusieurs attentats ont marqué l'Aïd dans plusieurs villes irakiennes. Carnage! Telle est l'image que présentait le jour de l'Aïd El-Adha la ville d'Erbil où deux attentats suicide ont décimé nombre de dirigeants des deux partis kurdes du PDK (Parti démocratique du Kurdistan de Massoud Barzani) et de l'UPK (Union patriotique du Kurdistan de Jalal Talabani). Ces attentats exécutés au moment où des foules se pressaient aux permanences des deux partis pour célébrer l'Aïd, ont été meurtriers causant la perte, au dernier bilan établi hier, de 65 personnes (dimanche le chiffre de 100 morts a été annoncé avant qu'il ne soit revu à la baisse). Mais c'est un bilan qui pourrait vraisemblablement s'alourdir au vu de la gravité des blessures causées à 200 autres personnes qui se trouvaient présentes dans les permanences visées par les deux attentats-kamikazes. C'est le parti du PDK de Massoud Barzani, dont le fief se trouve à Erbil, qui a été le plus touché, perdant plusieurs de ses dirigeants dont deux ministre du gouvernement local, le numéro trois du parti, Sami Abdel Rahmane, le chef de la police d'Erbil de même que le vice-gouverneur de la province. Massoud Barzani chef du PDK, qui se trouvait à Salaheddine où il accueillait des invités pour la fête de l'Aïd, a échappé à l'attentat, l'un des plus meurtriers commis en Irak depuis la chute du régime de Saddam Hussein. A l'autre bout de la ville, à quelque cinq minutes d'intervalles, un second kamikaze se faisait exploser à la permanence de l'UPK de Jalal Talabani, où l'on déplore cependant moins de morts. Toutefois, trois membres du bureau politique de l'UPK, en plus d'un quatrième responsable, ont été tués. En fait, beaucoup de responsables de l'UPK, étaient à Souleymaniyeh, au nord du Kurdistan, fief de Jalal Talabani. Il ne fait pas de doute que ce sont là les deux partis kurdes, qui sont directement visés au coeur de leur mouvement, le PDK et l'UPK faisant campagne depuis plusieurs semaines pour l'instauration du fédéralisme en Irak, avec en perspective un gouvernement fédéral kurde. Outre les attentats de dimanche, la veille de l'Aïd a été également marquée par une recrudescence de la violence qui a fait globalement une trentaine de victimes. Ces attentats sont intervenus au moment où le numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz, revenait à Bagdad où, rappelle-t-on, il échappa de peu en octobre dernier à un attentat contre l'hôtel où il était descendu. Samedi, plusieurs attaques ont été commises à Kirkouk, à Mossoul, à Balad, à Tikrit et d'autres localités irakiennes en une sorte de feu d'artifice, avec au bout, des dizaines de victimes, comme les vingt morts Irakiens, samedi, dans l'explosion d'un dépôt de munition dans les environs de Kerbala, sous administration polonaise. A Bagdad même, ce sont quatre Palestiniens qui sont tués par la chute d'un obus de mortier, dont la provenance restait hier encore indéterminée. A propos de ces attentats groupés, les autorités d'occupation américaine se trouvent quelque peu dans le flou ne sachant pas en vérité d'où vient le coup. Ainsi, un porte-parole de l'administrateur en Irak, Paul Bremer, après avoir affirmé que «nous trouverons et capturerons les responsables» indiquait à propos des responsables des ces attentats que «cela pourrait être Ansar El-Islam, cela pourrait être Al-Qaîda, ou n'importe quel groupe de terroristes opérant ou tentant d'opérer en Irak». Une manière d'avouer que la coalition ne dispose pas d'informations fiables sur les groupes qui agissent actuellement en Irak. En fait, ce tir groupé de la guérilla irakienne vient surtout rappeler que l'armée américaine n'est pas au bout de ses peines n'arrivant pas à restaurer la confiance alors que l'insécurité demeure l'obstacle sur lequel bute la coalition qui éprouve des difficultés à pacifier l'Irak.