Des milliers de personnes l'ont accompagné à sa dernière demeure. Med Tahar Lamara, 56 ans, procureur général près la cour de Blida, a succombé à un arrêt cardiaque dans la nuit de vendredi à samedi. La veillée mortuaire a eu lieu dans la salle d'audiences de la cour de Blida. Le cercueil, déposé devant la barre, a vu des dizaines de proches, amis, collègues, jeter un dernier regard sur ce visage qui avait plutôt l'air de quelqu'un plongé dans un profond sommeil. Vers 17h 30, Tayeb Belaïz, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, est venu se recueillir devant la dépouille mortelle, avant de lire la Fatiha en compagnie de Med Bouricha, le wali, de Me Yahia Bouamama, bâtonnier. Le lendemain, dimanche vers midi trente, le cortège funèbre s'ébranla de la ville des Roses vers El Alia où le défunt repose au milieu des meilleurs enfants de l'Algérie. Une foule immense s'était déplacée. Cet infatigable cadre de la justice était un homme exceptionnel, très près de ses collaborateurs et fan acharné d'une justice sans faille. Là où il a exercé en qualité de PG à Sétif, Tlemcen, Jijel, Adrar et Blida, il n'a laissé que d'excellentes impressions. Membre du Conseil supérieur de la magistrature, il a su s'attirer une tonne de sympathie pour sa compétence, sa droiture, son franc-parler et surtout sa manière de diriger ses collaborateurs, en qui il plaçait une confiance totale. L'enfant d'El Bayadh est parti, laissant neuf procureurs de la République orphelins. Chargé par la tutelle, depuis près de dix-huit mois, de remettre de l'ordre dans la cour de Blida qui couvre deux wilayas (Blida et Tipaza) ainsi que neuf tribunaux, Lamara bossait dix-huit heures par jour. Pour résorber le retard dans la rédaction des jugements, il n'avait pas hésité, en commun accord avec Seddik Touati, le président de la cour, à faire travailler les greffiers et tous les commis, les week-ends. Med Tahar Lamara est parti sans achever la tâche essentielle pour laquelle il avait été ramené de la Cour suprême: «Nettoyer les rouages des juridictions de la cour de Blida où le laxisme, le laisser-aller, le je-m'en-foutisme régnaient en rois.» Signalons qu'en hommage au PG disparu, les neuf juridictions et les chambres pénales ont suspendu les audiences dès 10h 30, pour permettre aussi aux magistrats d'accompagner Lamara à sa dernière demeure. A toute sa famille et à ses collègues magistrats, L'Expression présente ses sincères condoléances et prie Allah de l'accueillir en Son Vaste Paradis.