Nombreux sont les joueurs qui sont tombés en pleine action et ne se sont plus jamais relevés. Ils étaient morts sur un terrain de sport. Pour tout sportif, la visite médicale d'aptitude est souhaitable. Elle est devenue obligatoire pour certaines activités et pour les compétitions de haut niveau. Cette convention ne semble pas avoir trouvé écho au niveau du sport national au point que le ministre de la Jeunesse et des Sports, Abdelaziz Ziari, s'est vu contraint, récemment, de rappeler les dirigeants du sport national à leurs responsabilités vis-à-vis de la population sportive, les appelant à veiller au strict respect des conditions de sécurité des athlètes, au lendemain du décès, accidentel certes, en août dernier, de Hayet Sidi-Moussa, membre de la sélection nationale de cyclisme. Bien avant ce fait regrettable, il y a eu la tragique disparition en 2001 du joueur de la JS Kabylie, Hocine Gasmi, suscitant consternation et malaise parmi la famille sportive et tout le monde se rappelle la fièvre qu'avait provoquée la mort de Hocine Gasmi et tout un chacun s'attendait à une véritable «prise de conscience» devant un phénomène devenu récurrent dans notre pays. Il était alors espéré que les pouvoirs publics allaient enfin prendre à bras-le-corps ce problème, c'est du moins ce qu'avaient fait croire les projets de réforme restés, hélas, au stade de l'éphémère et du théorique. Bien avant Gasmi et Sidi Moussa, il y avait eu les cas de Amrous, BenMilloudi et Moha du CRB, Gasba de l'ESMostagnem, Adel Maouche de Medajana, Moussa Benazzouz et Mohamed Hammouche du Paradou AC, et bien d'autres qu'il nous est impossible de citer ici, tombés subitement morts sur le lieu de travail, le terrain de football, singulièrement, le terrain de sport en général. Pour l'anecdote, le PAC est l'un des rares clubs à posséder son centre médico-sportif. Parmi ceux cités plus haut, il y en a eu qui sont morts dans les années 70, 80 et 90, pour dire que le phénomène est ancien. Aussi, il est incroyable que des sportifs puissent encore mourir en 2004 du fait de l'imprévoyance, de l'impréparation et pour tout dire, du laisser-aller dans un domaine, le sport de compétition de haut niveau et la médecine du sport, lesquels ont connu un développement prodigieux ces dernières années qui font que les morts subites sont une rareté à l'étranger, car le sportif de haut niveau est pris en charge en amont et en aval dans son travail, le sport, qui nécessite un suivi constant, ce qui à l'évidence, fait encore cruellement défaut en Algérie. Aujourd'hui où en est-on? Apparemment, toujours au point «mort» si l'on peut s'exprimer ainsi. Et ce n'est point faire dans l'alarmisme ni dans l'exagération, en affirmant cela, à moins, bien sûr, que l'on considère comme une évolution exceptionnelle le fait d'avoir tronqué le brave bonhomme, appelé «soigneur», «infirmier» - voire «toubib» qui avait pour tout équipement un seau rempli d'eau à moitié, une éponge et dans le meilleur des cas, un tube de massage et un flacon de mercurochrome, ou juste du Doliprane contre les maux de tête pour les échéphiles, contre, souvent un « kiné » ou un médecin, certes, diplômé, mais n'ayant pas les connaissances d'un spécialiste en médecine du sport, ce qui n'est pas la même chose. Un médecin généraliste peut n'être d'aucun secours pour le sportif accidenté. Aussi, le problème de la médecine du sport interpelle, outre, les autorité publiques, les clubs employeurs en tout premier lieu. Il n'est certes pas demandé au club algérien d'égaler l'Inter de Milan, dont les médecins ont immédiatement détecter les anomalies cardiaques des joueurs nigérian, Kanu, et sénégalais, Fadiga, qui venaient alors d'être recrutés par le club Intérista de Milan. Aussi, combien de clubs de «l'élite», chez nous - ne parlons pas des équipes des divisions inférieures - seraient en mesure de prétendre assurer à leurs joueurs une pratique en toute sécurité de leur sport, par un contrôle permanent et pointu de la condition physique et mentale des joueurs, veillant quotidiennement sur leur santé? Il faut aussi spécifier que la mission du médecin du sport ou supposé tel, ne doit en aucun cas être entendue dans le sens de la seule délivrance d'un certificat d'aptitude quand, le plus souvent d'ailleurs, l'on relève que l'examen du joueur est souvent superficiel, et qu'il n'est pas procédé à des examens spécifiques adéquats pouvant révéler des anomalies cardiaques ou vasculaires de même qu'à l'indispensable test de l'effort? Pourtant, «les moyens d'explorations médicales dont disposent aujourd'hui les médecins spécialisés à travers le monde permettent souvent de détecter ces anomalies et de prévenir les accidents, en déclarant le sujet inapte à la pratique de sport compétitif ou en lui assurant les soins et le suivi médicaux nécessaires» assure le professeur Rachid Hanifi, chef de service médecine du sport et rééducation fonctionnelle à l'EHS Docteur Maouche ( ex-Cnms). Non, la mission du médecin du sport va beaucoup plus loin dans la mesure où elle suppose, pour un sportif de haut niveau, un accompagnement permanent qui s'étend au-delà des limites du terrain ; les recommandations alimentaires, les conseils d'ordre diététique servent d'exemple à ce propos. Et s'il y en a qui se réjouissent d'avoir répudié l'homme à l'éponge au profit d'un médecin «Bcbg», plus ou moins diplômé, plus ou moins qualifié, il y aurait lieu de rappeler que même à ce niveau, et pour les cas les plus heureux, on est, et de loin, dépassé. Car la médecine du sport ne peut être l'affaire d'un seul homme. Aussi bon médecin du sport soit-il, il ne peut, en aucun cas, prétendre s'occuper de tous les besoins des sportifs. Le travail se fait désormais par un staff médical, toute une équipe médicale et paramédicale. On ne demande pas «la lune» à des gens qui ont boudé «la confection» d'un dossier médical minimal, «imposé», pourtant par qui de droit, pour son coût excessif. Pourtant, les règlements généraux de la FAF, par exemple, sont clairs à ce sujet. Néanmoins, force est de constater que ces recommandations ne sont que «paroles et théorie» dans la pratique. Pourtant, il suffit d'un rien pour sauver parfois une vie et cela ne dépasserait guère le centième des primes de signature par joueur comme frais médicaux. Négligeable, comparativement aux sommes faramineuses que génère le sport-roi. C'est trop, chuchote-t-on dans les milieux sportifs dominés le plus souvent par les «mercantilistes», sans scrupules, avides de se remplir les poches au détriment, parfois, de la vie des propres acteurs qui font leurs richesses. Autrement dit, qu'on crève si l'on veut, l'essentiel étant que les caisses soient pleines. La médecine du sport devient ainsi un luxe, alors que c'est la base même de tout développement bien compris du sport de performance, dans notre pays. On est outré quand un changement est sollicité, ou que le temps additionnel est indiqué sur une ardoise, au lieu d'un petit tableau électronique. De plus, on sanctionne une équipe qui n'assure pas la contribution des services de l'ordre, mais on ferme les yeux, sur le fait de l'absence, sur les lieux de compétition, d'une vraie ambulance médicalisée... et non pas, comme cela se fait au vu de tous, d'un tacot juste bon à être là pour le décor...Et encore! Désolant! Ce n'est pas seulement une question d'équipements mais aussi de mentalité et de conscience. Mais en attendant, il faut bien que la médecine du sport retrouve, d'abord, sa véritable place si les pouvoirs publics veulent relancer sérieusement le sport de haut niveau, et devenir, ensuite, un élément incontournable de la pratique du sport dans le pays.