Depuis peu, il est question de l'instauration d'une compétition ouverte seulement à des clubs professionnels. Pour le moment, contentons-nous d'une espèce de compétition de performance qui se donne des allures de professionnelle. Mais le professionnalisme ne peut se concevoir sans une politique et des démarches à même de lui permettre d'exister et d'évoluer. Professionnalisme du sport ou professionnalisme en sport ? Il y a nuance ! Le club professionnel est un employeur. C'est une entreprise commerciale. Actuellement, notre sport, qui n'a pas de voie tracée depuis la réforme de 1976, se débat dans une situation tout à fait invraisemblable. Il vit de contradictions. C'est un amalgame entre pratique pour amateurs et pratique pour performants. Sans règles, sans limitations, la compétition de haut niveau est devenue ouverte à tous. C‘est une des causes essentielles des déconvenues et des problèmes. Les clubs, associations amateurs de par leurs statuts, se retrouvent brassant des milliards, recrutant et rétribuant des staffs, des joueurs, pour faire des résultats. Leurs sportifs sont eux-mêmes en porte-à-faux. Dans les faits, ce sont des travailleurs. Ils assurent un service. La majorité n'en a pas pleinement conscience. Ces “sportifs-travailleurs” se contentent de primes et d'expédients, sans couverture sociale, sans retraite. Les clubs, eux, vivent aux crochets de l'Etat. Pas de budget, pas de fonds propres, pas de biens, pas d'infrastructures, pas de perspectives. Ils sont la négation de ce que doit être le club professionnel. N'est pas professionnel qui veut, mais qui peut. Ce mélange des genres fait que le football notamment est devenu une véritable auberge espagnole où n'importe aspire à atteindre le plus haut sommet de la hiérarchie de compétition. Sur le terrain, ce bricolage est une des sources de la violence qui fait fuir de nos stades et de nos tribunes les véritables amateurs de sport. Tout le contraire du professionnalisme. Celui-ci pour survivre doit assurer tous les moyens pour un spectacle sain, de qualité, à même de générer des ressources. Des revenus directs et indirects par le biais de la publicité, du sponsoring, du marketing et du merchandising. Avec une fuite en avant qui perdure, il n'y a point de possibilités de se structurer, de se doter d'outils et de moyens nécessaires pour le développement et la formation. L'Etat en versant sans compter dans de véritables tonneaux des Danaïdes laisse faire. Ce faisant, il se décharge de sa mission première : la prise en charge des activités de la jeunesse et des sports, en éduquant, massifiant, construisant, améliorant. Et aussi en contrôlant, professionnels y compris. B. O.