Des grossistes, originaires de l'est du pays, rencontrés à Zouiya, ne font pas la fine bouche quand il s'agit d'acheter des packs Méditel. Les trois opérateurs de téléphonie mobile sont soumis ces derniers jours à une concurrence déloyale dans toute la région de la bande frontalière. Ces derniers sont contraints aujourd'hui de composer avec un intrus, la puce marocaine Méditel, mise en circulation par les réseaux de contrebande. Plusieurs vendeurs agréés ont dénoncé cette intrusion qu'ils ont qualifiée d'illégale. «Plusieurs contrebandiers, à leur retour du Maroc, ramènent dans leurs bagages des puces revendues à moitié prix. Il existe une clientèle qui commence à faire florès dans la région puisque la tarification et les services offerts par l'opérateur marocain Meditel sont attractifs», dira un revendeur rencontré au centre-ville de Maghnia. Ce dernier ne manquera pas de souligner que les contrebandiers qui se chargent d'approvisionner le marché parallèle en puces marocaines, se chargent aussi de fournir des recharges qu'ils ramènent à chaque voyage. L'engouement suscité par cette «intruse» trouve son explication dans les nombreux avantages qu'elle offre. «Le propriétaire d'une puce Méditel peut recevoir des appels même s'il n'a pas renouvelé son crédit pendant une année et émettre pendant près de 6 mois. C'est un avantage consenti par cet opérateur à sa clientèle pour contrer l'implantation de ses concurrents au Maroc. Soumis à une rude concurrence d'Alcatel et d'autres opérateurs espagnols et français, qui ont investi le Maroc, Meditel s'est lancé dans un véritable bradage de ses prestations pour préserver sa part du marché», nous dira-t-on. Il y a quelques années, ceux qui s'étaient spécialisés dans le trabendo et le trafic de carburants utilisaient ces puces qui avaient une portée limitée. Mais l'avantage qu'elle offrait est qu'ils pouvaient communiquer avec leur clientèle ou leurs pourvoyeurs sans être inquiétés par une écoute des services de sécurité. Ces puces couvraient une zone qui allait des frontières jusqu'à Beni-Saf, soit environ un rayon de prés de 150 km dans le territoire algérien. Ces dernières années, des nouveautés techniques ont été introduites sur le réseau marocain Méditel pour le rendre performant et lui assurer une meilleure couverture du réseau. Cet état de fait a poussé certains trafiquants à faire la promotion de cette puce pour en faire un concurrent aux opérateurs présents en Algérie. Il y a quelques jours, un citoyen de Maghnia qui dit utiliser occasionnellement cette puce, a juré qu'il avait pu l'utiliser et avec aisance alors qu'il était dans un taxi dans les virages de la route Aïn Defla-Khemis Meliana. «Le champ était plein et j'ai pu contacter mes correspondants du premier coup, contrairement à certains qui étaient avec moi dans le taxi et qui n'avaient pas pu utiliser les puces des opérateurs présents en Algérie», dira-t-il. Mais un autre fait plus grave encore réside dans l'aveu de certains revendeurs agréés par les opérateurs présents en Algérie qui avaient dénoncé le phénomène de la vente concomitante qui s'installe dans certaines régions de l'Ouest. Rencontrés à l'occasion de la fête organisée à Oran à l'occasion du 3 millionième abonné, un revendeur dira, «il y a certains fournisseurs qui s'approvisionnent depuis le Maroc. Ils achètent des packs Méditel qu'ils tentent de nous fourguer. A la rigueur l'appareil est intéressant, mais certains nous obligent à prendre avec lui la puce marocaine, qu'ils nous conseillent de revendre aux habitants de la bande frontalière», dira-t-il. Des grossistes, originaires de l'est du pays, rencontrés à Zouiya, ne font pas la fine bouche quand il s'agit d'acheter des packs Méditel. «A défaut je pourrai revendre les lignes à mes fournisseurs marocains. Je ne perds rien dans les 200 packs que j'ai commandés», ajoute-t-il. La puce marocaine s'est ménagée un espace en Algérie. Aujourd'hui, certains habitants de la bande frontalière la préfèrent, pour les nombreux avantages qu'elle offre, à celles des opérateurs installés en Algérie. Une concurrence déloyale qui pourrait changer beaucoup de données pour ces fournisseurs engagés dans une véritable course contre la montre pour la troisième licence de la téléphonie mobile en Algérie.