Dans cette histoire de vol de bijoux (restitués à la victime), Amour Sahraoui a, avec lui, huit témoins qui ont juré l'avoir vu au moment du délit. C'est devant une salle archicomble en ce quatrième jour de Ramadan que les deux prévenus pour vol s'expliquent à la barre. Nassima Khattabi, la présidente du tribunal et de l'audience pénale ne veut pas perdre de temps et prie toutes les parties de ne pas trop broder et aller à l'essentiel et à l'utile. Med, le premier détenu crache le morceau en deux minutes et demie. «Madame la juge, je reconnais avoir épié les alentours de la maison de mon cousin. Nous avons volé un lot de bijoux vite restitué à la victime. Seulement, moi, je ne suis pas entré au domicile. C'est lui, Amour, qui est entré, par effraction par la fenêtre». Il était minuit. L'opération a duré jusqu'à l'aube lorsque le bruit d'un coffre que Amour brisait, avait ameuté quelques voisins. Evidemment, en l'espèce, la magistrate s'adresse au second inculpé. «Alors, êtes-vous d'accord avec les propos de votre voisin, Med Sahraoui?», dit, curieuse, la présidente qui n'est point surprise d'entendre Amar affirmer qu'ils ne sont pas voisins ni cousins. «C'est un homonyme», crie Amour qui nie avoir participé au méfait. Contre lui, le procureur qui s'appuie sur les PV d'auditions de la PJ et du juge d'instruction et les seules déclarations de Med, le coïnculpé lequel a assuré au tribunal de Boufarik que c'est sous les menaces de Amour qu'il était revenu sur les premières déclarations. L'avocat, lui, garde son sang-froid malgré le stress et le risque. Me Djamel Fodil, son conseil descend dans le «ring», pose cinq questions au coïnculpé qui est perturbé. Les cinq réponses sont en contradiction avec celles données durant l'instruction. «J'avais déclaré que j'étais cette nuit-là habillé d'un pantacourt alors que les voisins qui m'ont vu filer ont parlé de short. Où est le hic?», avait rétorqué Med avant que les huit témoins à décharge ne défilent devant le tribunal tentant de disculper le jeune homme. «Il était avec les maçons le jour du vol. Nous avons dîné ensemble», ont affirmé quatre témoins sur la foi du serment prêté à la barre. «Il est quasi impossible qu'il fut en même temps à Meftah et à Boufarik», ont soutenu les quatre autres témoins. Le procureur n'est pas d'accord avec ces témoignages. L'avocat le met au défi: «Si vous avez le moindre doute sur la véracité de leurs déclarations, vous avez toute latitude de les poursuivre pour parjure», s'est écrié Me Fodil durant sa plaidoirie axée essentiellement sur l'absence de la victime, de preuves ou de témoins à charge. Hélas, son client a été reconnu coupable de vol. Il écope, comme son codétenu de six mois de prison ferme.