Ahmed Ouyahia et Abderrezak Makri S'accusant mutuellement, les partis d'Ahmed Ouyahia et de Abderrezak Makri vont jusqu'à s'attribuer l'un et l'autre les tendances terroristes de Daesh. Les tirs croisés entre les partis au pouvoir et ceux de l'opposition ne semblent pas près de s'arrêter. A chaque appel à «la sagesse» d'un des deux camps succèdent une guerre de tranchées. En effet, lors d'un 1er meeting animé en mars dernier à Tizi Ouzou, le chef de file du MSP, Abderrezak Makri a vivement critiqué le RND en lui reprochant de vouloir récupérer politiquement la résistance anti-terroriste de la société algérienne. «Le RND n'a aucun droit de surenchérir sur la lutte antiterroriste et le sang des patriotes, lui, est né en 1997 d'une fraude électorale au moment même où le terrorisme était déjà presque essoufflé après les accords entre l'armée et l'AIS», a-t-il déclaré. Mais la réaction du RND ne s'est pas fait attendre. Des cadres de ce parti ont en effet vite saisi l'opportunité en répliquant à Abderrezak Makri qu'ils accusent de «Daesh politique». «De cette même tribune, le RND a été attaqué la semaine dernière par celui dont le parti a applaudi les révoltes arabes, ces révoltes dont on voit aujourd'hui les conséquences. Nous ne devons pas oublier qu'à peine ces révoltes ont commencé, ce parti a quitté le pouvoir pour s'habiller du manteau de l'opposition. Ce sont les islamistes comme eux qui ne cessaient d'appeler durant les années de terrorisme à liquider les intellectuels et à égorger les journalistes. Aujourd'hui, on ne peut que les qualifier de Daesh politique», a fulminé le député RND de Tizi Ouzou, Chabane Belgacem, à l'encontre du patron du MSP. De plus, a-t-il ajouté «lorsque les services de sécurité menaient une lutte implacable contre le terrorisme sur le terrain et qu'ils avaient besoin d'une force politique, celui-là même qui nous a attaqués faisait partie de ceux qui criaient au qui-tue-qui?». Pour le RND, le MSP a commis l'irréparable en claquant la porte du gouvernement pour s'inscrire dans l'opposition. En tant qu'ancien partenaire au sein de l'Alliance présidentielle, le MSP est perçu par le RND comme étant cet ingrat «qui mange avec le loup et pleure avec le chacal». C'est pourquoi, le RND ne rate aucune occasion de tirer sur ce parti islamiste. Néanmoins, il est à rappeler que la formation dirigée par Abderrezak Makri a organisé une marche populaire au lendemain des éléctions législatives de 1997 pour dénoncer «la fraude électorale» qui avait donné la victoire au parti dirigé alors par Tahar Benbaïbèche. Interrogé sur cette attaque grave dont fait l'objet le président du MSP, à savoir «Daesh politique», ce qui revient à dire qu'il est, au même titre que l'Etat islamique, favorable aux innommables violences exercées au nom de l'islam, un terroriste, Naâmane Laouar, porte-parole du parti, considère que «le RND veut faire diversion à travers ces accusions irresponsables et graves», parce qu'il est incapable de trouver des solutions à la crise qui déchire actuellement le pays». «Le RND attaque grossièrement M. Makri parce qu'il s'est démarqué de cette démocratie de façade qu'il entretient avec le FLN et parce qu'il est autonome et ne veut pas qu'on lui dicte ses positions. Mais il n'y a pas que cela. Le RND peine à trouver des solutions aux problèmes récurrents qui se posent. Et pour cacher l'échec répétitif du gouvernement dont il fait partie et qu'il soutient inconditionnellement, il essaie de tromper le peuple en tentant de lui faire croire que c'est le MSP qui est la cause de la crise que traverse le pays», a-t-il dit en «regrettant que le député de Tizi Ouzou qui a proféré ces accusations gravissimes et irresponsables soit le président d'une commission au sein de l'Assemblée nationale», avant d'affirmer qu'il «n'est pas exclu qu'une plainte soit déposée contre lui». Naâmane Laouar a, par ailleurs, rappelé que «Makri n'a jamais été terroriste et n'a jamais soutenu une action terroriste». «Bien au contraire, le MSP a été l'un des rares partis à avoir pris position ouvertement contre le terrorisme tandis que le RND qui se targue d'être un parti résistant, est venu à la fin de la décennie noire pour récolter ce qu'ont semé les autres et contre la volonté du peuple puisqu'il est issu d'une gigantesque opération de fraude électorale», a-t-il relevé en soulignant que son parti a perdu 400 militants durant la décennie noire. Abderrezak Makri a, lui, indiqué que «le seul danger qui peut jeter le pays dans les mains de Daesh, c'est ce pouvoir qui a failli à sa mission politiquement, économiquement et socialement».