Le SG du RND a réussi avec brio son examen de passage à la télévision. En effet, pour sa première sortie médiatique en tant que chef du RND, Ahmed Ouyahia a été tout simplement à la hauteur de l'événement. L'animatrice de l'émission Ousboue El Djazaïr, a entamé «son questionnaire habituel» par la crise en Kabylie et les législatives du 30 mai. Imperturbable et apparemment très bien préparé à la question, le numéro 1 du RND s'est dit prêt à aller aux législatives en Kabylie, fustigeant au passage les partisans du boycott et les perturbateurs des élections. M.Ouyahia a déclaré que le RND est même prêt à envoyer ses cadres à la conquête de Tizi Ouzou et Béjaïa, à condition tout de même que les partisans du boycott n'usent pas de la violence pour barrer la route des urnes. Le SG du RND estime qu'il faut aller aux élections et qu'il faut enregistrer les scores même s'ils sont minimes. «Il faut cesser ce cauchemar du report et arrêter cette prise d'otage de l'Algérie par le slogan», ajoute ave on révolté Ahmed Ouyahia. L'actuel membre du gouvernement reconnaît qu'il y a eu des insuffisances et que le problème de la Kabylie pouvait être réglé bien avant, mais la situation est aujourd'hui telle qu'il faut faire avec les éléments du moment. Concernant le choix des ârchs comme seul interlocuteur, dans la région, Ouyahia déclare que c'est un débat stérile et que les partis qui avaient une présence en Kabylie n'ont pas su régler le problème. Le responsable du RND a, durant cette émission, défendu son parti contre les nombreuses allégations de fraude. Il déclare, à ce propos: «La fraude était à Béjajïa, pourquoi ne l'a-t-on pas dénoncée?». «Pourquoi ces chefs de parti qui crient à la fraude aujourd'hui et accusent le RND d'être le principal ‘‘ordonnateur'' n'ont pas dénoncé la chose en juin 1997 ?», poursuit Ouyahia. S'agissant du rapport parlementaire sur la fraude électorale de 97, le numéro 1 du RND s'interroge: «Pourquoi le rapport n'a-t-il pas été rendu public?». Ahmed Ouyahia a nié en bloc toutes les accusations de fraudes «collées» à son parti et accuse les autres partis d'être de mauvais perdants politiques. Sur la question de la naissance d'un parti porté au pouvoir, Ouyahia répond: «Il faut s'interroger sur la création du RND.» «Au moment où certains ont choisi Sant'Egidio et que d'autres ont choisi l'hibernation politique, le RND est né pour donner un espace d'expression politique et démocratique au peuple», ajoute-t-il. M.Ahmed Ouyahia a indiqué que nous avons une crise de confiance et qu'aujourd'hui, il faut exorciser ce syndrome de la fraude. Pour ce qui est des islamistes, le ministre de la Justice a été tranchant, déclarant qu'il faut séparer la religion de la politique, rejetant par là même le qualificatif de laïque. Pour lui, l'islam est religion d'Etat. «Nous sommes musulmans depuis 14 siècles. Arrêtons de faire du commerce avec l'islam». Ouyahia ira jusqu'à dire que l'intégrisme a été un faire-valoir. «Dans les années 90, on a même ramené des imams pour prêcher en Algérie à coups de dollars». Toujours dans la même logique politique, Ouyahia ajoute que tous ceux qui n'appartiennent pas au courant novembriste et républicain sont une catastrophe pour l'Algérie. Evitant de répondre aux questions relatives à son ministère, le SG du RND a souligné que la grande priorité c'est la réforme de l'Etat. Evoquant les prochaines législatives, Ouyahia se félicite d'avoir 250.000 militants et donne rendez-vous le 30 mai à ses adversaires politiques pour leur prouver que la victoire de 97 n'a pas été volée, mais conquise.