Il a bien voulu revenir sur l'évolution de la situation. A quelques heures de l'entame du nouveau round de dialogue entre la délégation du MC et les représentants de l'Etat, nous nous sommes rapprochés d'une autre figure de proue des archs de Béjaïa, en l'occurrence le délégué de Sidi Aïch, Bezza Benmansour qui a bien voulu revenir sur l'évolution de la situation depuis l'option favorable, entérinée par l'interwilayas de Tizi Ouzou. L'Expression: A quelques heures de l'ouverture des travaux de ce nouveau round du dialogue, où en est la situation? Bezza Benmansour : La délégation ayant été constituée lors de l'interwilayas de Tizi Ouzou, nous allons nous réunir ce soir (Ndlr) afin d'arrêter un règlement interne qui régira le fonctionnement de la délégation. Donc, aucune date n'est arrêtée pour l'heure? Oui, il faut que nous terminions la préparation technique de cette rencontre. Allez-vous directement entrer dans le vif du sujet? Le mandat de l'interwilayas est clair et il répond aux voeux de la population. Il s'agit avant tout d'aborder la question des incidences avant l'entame des discussions sur la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, qui suppose la levée au préalable de la voie référendaire comme option pour l'officialisation de la langue tamazight. Justement, est-ce que le communiqué du gouvernement n'a pas été clair à ce sujet? Pour nous, le fait que l'invitation nous a été adressée pour poursuivre le dialogue entamé, veut dire que l'option référendaire est évacuée et le pouvoir a certainement une proposition à faire pour dépasser cet écueil, à l'origine de l'arrêt du précédent dialogue. Donc l'entame du dialogue est imminente? Certainement, puisque la préparation technique ne demandera pas beaucoup de temps. Ce n'est qu'une question d'heures. Revenons si voulez bien à la situation interne du mouvement citoyen. A Béjaïa, les choses ne sont pas au beau fixe? La problématique du choix des hommes est toujours difficile. Concernant notre mouvement, les choses se sont faites et se font dans la transparence. Tout rentrera dans l'ordre. Il s'agit là de l'intérêt du mouvement et de la population d'une manière générale, pour répondre à ses besoins. Vous-êtes l'un des rares délégués à tirer la sonnette d'alarme à chaque fois qu'il y a le feu à la maison? C'est, pour nous, une façon d'interpeller tout un chacun pour ne pas oublier la mission de la coordination des archs, à savoir traduire politiquement et pacifiquement une récolte essentiellement juvénile. Claquer la porte est le seul moyen d'empêcher un affaissement moral qui détruirait le mouvement. Votre retour signifie-t-il que le mouvement est sur la bonne voie? Le dialogue a été, pour nous, un moyen de lutte et non un objectif à atteindre. Nous avons une grande surface de contact. Nous discutons avec toutes les franges de la société, dans notre région en tout cas, et je ne pense pas que ce soit différent ailleurs. La population nous demande d'aller dialoguer mais aussi d'être vigilants et c'est normal ! Pour revenir à l'appel du gouvernement, quelle est votre lecture? Nous appréhendons l'appel sur trois plans, il y a d'abord la symbolique ; c'est important que le communiqué fasse référence à Yennayer. C'est une reconnaissance officielle de cette date. Sur le plan de la forme, le communiqué répond à la demande de l'interwilayas exprimée à Tizi Rached. Pour le fond, je pense que l'appel est suffisamment clair sur au moins la question des incidences. Et le contexte actuel? Le communiqué n'est pas fortuit, il intervient dans un contexte particulier. Le pouvoir prépare certainement des projets politiques que la persistance de la crise risquerait de gêner. Pour notre part, nous savons ce que nous voulons, à savoir la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Nous sommes suffisamment armés intellectuellement et politiquement pour imposer l'application d'une plate-forme reconnue comme légitime par le 1er magistrat du pays. La Kabylie ne serait donc pas à l'origine d'une fracture? Le mouvement s'opposera à toute fracture et sa démarche s'inscrit dans l'union et dans la fraternité pour répondre aux aspirations d'une population avide de démocratie et de justice sociale. Notre combat n'est pas ethnique ! C'est une lutte pour l'instauration d'une République moderne et démocratique. Donc, c'est l'optimisme? A ce niveau de responsabilité et de représentation de la population, le pessimisme est interdit.