Dans le sillage de l'officialisation de tamazight, le HCA adapte sa «nouvelle vision» et retrouve ainsi son deuxième souffle pour l'accomplissement d'autres missions. Inscrit dans la perspective de confectionner des dictionnaires monolingues modernes transcendant les productions lexicographiques bilingues, le colloque scientifique du Haut Commissariat à l'amazighité tenu les 12, 13 et 14 mars derniers au campus d'Aboudaou de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa a tenu toutes ses promesses. Clôturé, le lundi dernier par le ministre de la Culture, après trois jours de travaux riches et fructueux, ce colloque qui a réuni des spécialistes algériens et étrangers, en est sorti avec des recommandations devant servir de feuille de route quant à l'élaboration de dictionnaires monolingues en tamazight. Ainsi, il est arrêté en première recommandation, la confection d'un trésor (banque de données), de la langue amazighe réunissant tout le vocabulaire au moyen d'enquêtes linguistiques dans tous les parlers amazighs. Ce trésor servira de réservoir à la confection des dictionnaires: dialectaux, inter-dialectaux et amazigh commun. Il est recommandé, aussi, la confection de terminologies scientifiques et techniques communes à tous les dialectes amazighs et des différents domaines dans la perspective d'une évolution convergente. Et, enfin, la confection d'un lexique fondamental destiné à l'usage scolaire suivi d'un glossaire arabe-amazigh pour les apprenants arabophones. En outre, en ce qui concerne l'aspect méthodologique, le travail de lexicographie doit être accompagné d'un travail intense d'aménagement linguistique en priorisant, pour cette tâche, la formation de termes génériques. Comme il a été aussi souligné, la nécessité que ces termes soient accessibles au grand public en favorisant l'emprunt inter-dialectal et la création lexicale pour extension de sens. Ces recommandations ont été l'aboutissement de trois jours de travaux denses, riches et variés, ponctués par 35 communications données par des spécialistes algériens et étrangers suivies de débats fructueux, en plus de deux ateliers qui ont trait à la manière d'établir tamazight aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. Quant au second atelier, il a débattu du cadre organisationnel et du fonctionnement d'un premier centre de recherche en langue et culture amazighes qui ouvrira ses portes à l'université de Béjaïa dès la rentrée universitaire prochaine. Les travaux de ce colloque ont été scindés en six séances de travail réparties en huit grands axes, à savoir «histoire de la lexicographie», «unité de traitement lexicographique», «classement des entrées», «définition lexicographique», «illustration par l'exemple», «analyse et/ou critique des dictionnaires existants», «les dictionnaires et l'informatisation» et enfin «les projets de réalisation de dictionnaires». En outre, ce colloque sur l'élaboration de dictionnaires monolingues en tamazight qui s'est déroulé à l'université de Béjaïa sous l'égide du HCA, en collaboration avec le Laboratoire d'enseignement et d'aménagement de tamazight (Laela) de l'université de Tizi Ouzou, a été aussi l'occasion pour les apprenants et autres étudiants en tamazight de l'université de Béjaïa ainsi que d'autres de différents départements de se frotter aux spécialistes de la question amazighe sur tous les aspects. Ils ont enrichi les débats avec des questionnements d'actualité demandant plus d'éclaircissements en matière de mise en conformité de certaines problématiques. En outre, sur la question de la graphie, une question qui revient à chaque fois dans les travaux des spécialistes de tamazight, le HCA prône comme étape transitoire la polygraphie (graphie latine, arabe, et tifinagh), en attendant d'installer l'académie de langue amazighe qui aura la latitude de «trancher objectivement la question». «Poser la question de la graphie en cette période c'est vouloir faire dans la diversion, car pour nous la question ne se pose pas de cette façon qu'on veut imposer dans un débat polémiste. La polygraphie est une étape transitoire en attendant de trancher définitivement la question par l'académie amazighe. Néanmoins, il est aussi important à signaler que c'est en graphie latine que des travaux sont réalisés depuis près de deux siècles», assène le secrétaire général du HCA.