La situation risque de s'aggraver, notamment avec la persistance des deux parties campant chacune sur ses positions. Apparemment, la crise qui sévit à l'université d'Alger est loin de connaître son épilogue. La tutelle persiste dans sa position et brandit l'argument selon lequel les revendications des étudiants ne relèvent pas de la compétence du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. «L'affaire est entre les mains de la justice, seule habilitée à se prononcer» a indiqué le recteur de l'université d'Alger, M.Tahar Hadjar. Ce dernier, intervenant hier lors d'une conférence de presse animée au siège du rectorat, a souligné que les étudiants réclament la libération de M. Hammitouche Merzouk, incarcéré à la prison d'El Harrach. Cet étudiant a été arrêté le 14 décembre dernier. Il est accusé d'atteinte aux biens publics. Pis encore, M.Hadjar accuse les étudiants ayant tenu, dans la soirée du lundi 10 janvier, un rassemblement au sein du campus universitaire de Ben Aknoun, de séquestration du doyen de l'institut de l'information et de la communication. «Les étudiants ont fermé les portes de l'institut avant de prendre le doyen en otage. C'est une grave erreur que nous ne pouvons pas tolérer. Ensuite il est strictement interdit aux étudiants de rester dans le campus après les heures d'étude». A travers cet argument, le conférencier a justifié l'intervention des services de sécurité. «Ce n'est pas une violation des franchises universitaires» a-t-il martelé tout en recourant au règlement intérieur de l'université. Mais cela justifie-t-il une intervention aussi sauvage et aussi musclée des forces de police? «On n'avait pas d'autre solution» s'est contenté d'indiquer le recteur de l'université d'Alger. En outre, comme pour étayer ses dires, M.Hadjar visionne aux journalistes une cassette vidéo sur les actes de sabotage commis à la cité U de Ben Aknoun, qui date du 14 mars 2004. Mais cet enregistrement ne reflète que la situation misérable que vivent les étudiants et aucun acte de sabotage n'a été perceptible. Ainsi donc, la violence appelle la violence, pourtant les étudiants ayant assisté au rassemblement affirment avoir initié leur action pacifiquement et en toute sérénité. «Nous n'avons jamais séquestré le doyen. Personne ne l'a approché» affirme le président de l'association estudiantine Nedjma, M.Omar Bourbaba. «Nous apportons un démenti formel contre les accusations formulées à tort et à travers par le recteur et le doyen. Ce dernier, nous ne l'avons sollicité que pour faire une médiation avec M.Hadjar, mais au lieu de régler le problème, il pousse la situation à l'extrême en faisant appel aux forces de sécurité» a-t-il indiqué. M.Bourbaba ne va pas sans ajouter que «ce qu'on veut aujourd'hui, c'est l'ouverture des portes du dialogue. Jamais, et en aucun cas, nous n'avons eu recours à la violence. Mieux, nous demandons à ce que ce phénomène soit complètement éradiqué de l'université» a-t-il indiqué. La porte-parole du collectif des étudiants de l'université d'Alger, Melle Kahina, a, quant à elle, déclaré que la tutelle dissimule les vrais problèmes. «La situation est explosive. Au lieu d'y remédier, on fait appel à la répression. A chaque fois que les étudiants demandent de revoir la politique de gestion de l'université, ils se retrouvent dans les commissariats. Jusqu'à quand resterons-nous victimes de cette politique de pourrissement?» s'est-elle demandé. Par ailleurs, l'Union des étudiants algériens de France (Ueaf), dans une déclaration parvenue hier à notre rédaction, a tenu à dénoncer l'arrestation arbitraire des étudiants de l'Isic. «Nous, étudiants algériens de France, fidèles à nos engagements de soutenir toutes les luttes pour les libertés, dénonçons avec énergie cette agression à l'encontre de nos camarades étudiants d'Alger et nous réaffirmons notre solidarité agissante à leur engagement syndical» est-il mentionné dans ladite déclaration.