C'est parti, la menace de recours à la grève brandie à la veille de la rentrée scolaire par le Sete-Ugta de Béjaïa a été mise à exécution depuis hier. Certains établissements l'ont fait spontanément depuis mercredi, suite à la non-perception du salaire du mois d'octobre. Ce mouvement risque, par ailleurs, de se prolonger car les postiers qui ont la charge du versement de ces mêmes salaires, sont eux aussi en grève jusqu'à mardi. Comme il faut au moins 48 heures après le versement fait à la poste avant de retirer ses sous, on peut dire sans risque de se tromper que la grève de l'éducation est partie pour durer jusqu'à jeudi, date de la perception réelle des salaires. Cela en dehors même de la volonté du Sete, manifestement dépassé car n'arrivant même plus à canaliser et contenir la colère, qui va crescendo dans les établissements. La crise qui secoue depuis des années le secteur de l'éducation dans la wilaya de Béjaïa refait donc surface comme pour signifier qu'elle est loin de connaître son épilogue. Chaque année, ce secteur, dont les travailleurs et les enseignants se sont toujours montrés solidaires, est soumis aux grèves successives. Au moins une dizaine d'arrêts de travail pour des revendications socioprofessionnelles sont enregistrés chaque année. Pour cette année, les élèves n'ont même pas chauffé leurs bancs d'école que leur année scolaire est d'ores et déjà menacée. Le syndicat des travailleurs de l'éducation donne même l'impression de ne pas contrôler la situation puisque le débrayage prévu pour hier a commencé depuis mercredi dans de nombreux établissements et il est parti pour ne pas s'arrêter aujourd'hui comme l'avait prévu le même syndicat à moins qu'une décision pour sa prolongation ne soit annoncée aujourd'hui lors du rassemblement prévu devant la Direction de l'éducation. Le Sete a appelé, dans une déclaration, l'ensemble de la corporation éducative à observer deux jours de grève générale pour soulever des revendications répétitives. La régularisation définitive des situations financières, l'ouverture de postes budgétaires, l'abrogation des circulaires n°1273 et 1423, l'amendement de l'article 87 bis de la loi 90-11, l'intégration des corps communs dans le statut de l'éducation, autant de revendications soulevées plusieurs fois par ce syndicat sur fond de débrayage mais qui, aussi paradoxalement que cela puisse paraître, restent toujours sans solutions. Les rédacteurs de la déclaration estiment que «des revendications légitimes restent encore insatisfaites». Le secteur, soutiennent-ils, continue à «charrier des difficultés de tout genre, notamment la non-régularisation de 17.000 situations financières». Le syndicat des travailleurs de l'éducation (Sete) souligne également, à savoir le non-paiement des rappels d'échelon, les allocations familiales, les heures supplémentaires et la non-prise en charge d'autres situations, à l'image de la reprise du travail après une mise en disponibilité, le rappel de reclassement, les reversements de la différence de l'Iapp et des journées de grève et cela, en dépit «des accords conclus entre le syndicat et l'administration de tutelle qui persiste dans le non-respect des engagements à régler les problèmes du secteur». Le même document du Sete souligne que tout cela vient «se greffer au déficit en postes budgétaires estimé à 928 postes, au manque d'infrastructures d'accueil des élèves à l'ouverture de cinq CEM et deux lycées sans dotation budgétaire de base, bref plus de quarante conflits collectifs...» Le conseil de wilaya du Sete parle du non-respect des engagements conclus et cosignés sur différents procès-verbaux et s'oppose au «recyclage des responsable de la DE et leur reconduction dans les postes desquels ils ont été déchus» et exige «la préservation du bureau des visas au sein de la DE», avant de réitérer les revendications d'«un statut de la Fonction publique en faveur des travailleurs, l'augmentation des salaires, l'ouverture des postes budgétaires, l'intégration des corps communs dans le statut de l'éducation, un statut de retraite digne, les désistements de logement au profit des travailleurs». Par ailleurs, les postiers de Béjaïa sont eux aussi en colère. Hier, l'ensemble des établissements de la wilaya étaient à l'arrêt à la suite du mouvement de grève initié par le syndicat de la corporation afin d'exiger le respect de la convention collective et le paiement des heures supplémentaires assurées le mois de Ramadan passé.