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L'homme aux mille facettes
NICOLAS SARKOZY (1RE PARTIE)
Publié dans L'Expression le 16 - 01 - 2005

Jouer sur les peurs des Français a été payant pour Sarkozy qui s'est fait une réputation de sauveur sur le dos des jeunes des zones sensibles.
Pour comprendre comment Nicolas Sarkozy s'est fait une réputation de «Terminator» s'agissant d'éradiquer la violence des banlieues il faut remonter à l'ambiance préélectorale de 2002 ; en France il existe, pour justifier le matraquage sécuritaire qu'infligent aujourd'hui gouvernants et grands médias, un récit mythique et idyllique. Au commencement, il y aurait un problème objectif : celui de la montée de la délinquance, de l'insécurité et de la violence, et plus particulièrement de la violence des jeunes ; naturellement, en grande majorité des «beurs». Il a en effet fallu que la question de la «violence dans les banlieues» soit «dépolitisée», c'est-à-dire rendue consensuelle, pour que les médias puissent entretenir la terreur sans se voir accusés de parti pris «droitier». Il a fallu que «la sécurité», au sens où la droite et l'extrême droite l'entendaient depuis des années, devienne «une valeur qui n'est ni de droite ni de gauche» - ou qu'elle soit «aussi une valeur de gauche», comme l'ont répété pendant cinq ans Lionel Jospin, Jean-Pierre Chevènement et tant d'autres. Le matraquage idéologique quasi ininterrompu, mis en place par Lionel Jospin et Jean-Pierre Chevènement en juin 1997 a été «récupéré», nous dit Pierre Tévénian, à son propre bénéfice, par Jacques Chirac à partir de 2001. Les effets en sont connus: une «opinion publique» artificiellement polarisée sur un débat unique et très mal posé, un racisme anti-arabe entretenu, une percée de l'extrême droite aux dernières élections présidentielles, une politique d'incarcération massive et enfin, de Chevènement à Sarkozy, toute une série de lois pudiquement qualifiées de «sécuritaires», alors qu'elles sont simplement brutales, injustes et liberticides. Jean-Pierre Chevènement a incarné ce tournant sécuritaire de la gauche française, en parlant d'«explosion de la violence chez les jeunes», de «sauvageons», de «laxisme des institutions» et de «démission des familles», ou même de «perte complète des repères», de «déliquescence morale» et d'«affaissement du sentiment national». La population carcérale est passée de 47.000 en 1999 à plus de 63.000 en 2004, soit une augmentation de 34% en 5 ans!(1).
De fait, et à l'époque, Sarkozy n'a fait que concrétiser un état d'esprit qui était dans l'air. Les lois Sarkozy, aussi drastiques soient-elles, n'ont pas été créées ex nihilo ; elles sont une filiation de la société française que la gauche ou la droite n'ont fait que concrétiser. Jouer sur les peurs des Français a été payant pour Sarkozy qui s'est fait une réputation de sauveur sur le dos des jeunes des zones sensibles. Il peut donc, se permettre de faire le grand seigneur en parlant en termes respectables de l'Islam. Sa position sur le sujet paraît à première vue, et à bien des égards, tolérante, empreinte d'équilibre. Ceci est cependant incompréhensible quand on sait que la réputation de Sarkozy a été faite sur le tout-sécuritaire, filon consensuel à la fois de la gauche et de la droite. Pour aller dans le sens du poil du Front national Sarkozy a globalement appliqué le programme du Front national. Souvenons-nous comment en pleine émission de la chaîne 2, Nicolas Sarkozy a fait pratiquement allégeance à Jean-Marie Le Pen qui lui a répondu «qu'il ferait un bon ministre dans son équipe». Il est vrai, en effet, que près d'un Français sur quatre adhère aux idées de M.Le Pen. Il est vrai que 59% des personnes interrogées considèrent qu'il y a «trop d'immigrés en France». Cette opinion est partagée par 100% des partisans du FN, mais aussi par 67% des sympathisants de l'UMP, 64% de ceux de l'UDF, 55 % de ceux du PCF et 47% de ceux du PS. De même, l'insuffisance de la défense des «valeurs traditionnelles» est ressentie par 70% des Français, majoritaires, dans toutes les classes d'âge et catégories professionnelles, Enfin, 44% estiment qu'«on ne se sent plus chez soi en France».
La place de l'Islam dans la société française
Chacun sait que l'Islam, dernière religion dans la société française est organisée après la loi sur la laïcité de 1905. De ce fait, sa visibilité est mal vécue par la société française qui invoque pour ignorer ce besoin d'âme de près de 5 millions de Français de confession musulmane, le dogme de la laïcité. Peu importe si le fait religieux musulman est suivi dans des caves que des jeunes filles veulent porter un foulard, que les enfants souhaitent manger Hallal, que les musulmans souhaitent être enterrés dans des cimetières spécifiques. Rien n'y fait, ces revendications spirituelles à l'ombre des lois de la République, sont vécues par la grande majorité des Français comme une invasion de l'Islam dans une terre chrétienne depuis la nuit des temps...Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman (Cfcm), estime qu'à peine 10% des besoins en matière de cimetières musulmans sont satisfaits.(2).
Dans cette atmosphère délétère, les réflexions de Sarkozy apportent une approche nouvelle. Ainsi, après avoir forcé l'islam de France à s'organiser, le leader de l'UMP, ex-ministre des Finances, ex-ministre de l'Intérieur chargé des cultes M.Nicolas Sarkozy - celui qui a le plus fréquenté les responsables religieux musulmans - active le débat sur la réforme de la loi 1905 dite de séparation entre les Eglises et l'Etat. M. Nicolas Sarkozy propose le financement des lieux de culte et la construction des mosquées dans les villes françaises. Il accompagne ses propositions par la nécessité d'un regard plus visible de l'Etat sur les cultes. S'il y a changement de la loi, il concernera toutes les expressions religieuses et philosophiques et pas uniquement le culte musulman dont on a peur qu'il soit de nouveau un bouc émissaire.
«En France, l'islam dit-il est d'abord une religion, un culte, avant d'être une culture ou plus précisément un ensemble de cultures. Cela n'empêche pas que la religion Islam est inscrite comme un fait social dans la société française. L'islam a vocation à être à la table de la République. L'Eglise catholique et les Eglises protestantes ont eu plusieurs siècles pour s'organiser ; le culte juif a été organisé de façon autoritaire par Napoléon Ier. Aucune de ces religions ne reçoit de financement public - je mets à part le cas très particulier des départements d'Alsace et de Moselle. L'islam de France doit faire ce chemin en quelques années. On dit souvent que le ministre de l'Intérieur est le ministre chargé des cultes. Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'il est chargé de veiller à l'application de la loi de 1905». (3).
«La création d'un organe représentatif de l'islam permettra de supprimer ces confusions. Il me paraît normal que les gouvernements étrangers concernés souhaitent que l'instance représentative du culte musulman de France, qui aura à dialoguer avec les pouvoirs publics, soit représentative des familles de l'islam existant dans les pays d'origine. La situation actuelle est anormale : la très large majorité des imams sont des étrangers qui, bien souvent, ne parlent pas notre langue. La formation des imams revêt deux aspects. Une partie de cette formation peut être délivrée en université ou dans des instituts recevant des subventions publiques, une autre partie ne peut pas l'être.
La comparaison peut être faite avec l'Institut catholique de Paris qui reçoit des subventions et les séminaires catholiques qui ne reçoivent aucune subvention. L'enjeu de la formation d'imams français en France est primordial si on veut mieux intégrer l'islam. Elle m'apparaît en tout cas une formule plus prometteuse que la situation actuelle, qui conduit à une forme de clandestinité qui facilite certains extrémismes».(3).
La laïcité version Nicolas Sarkozy
Dans un livre d'entretiens avec un moine, l'ancien ministre français de l'Economie et actuel président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, se prononce dans un livre d'entretiens avec un moine dominicain en faveur d'une évolution de la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l'Etat, afin de permettre aux pouvoirs publics de participer à la construction de certains édifices religieux. «Le financement du lieu du culte proprement dit doit être laissé aux fidèles, ce qui est normal et préférable», explique M.Sarkozy, «en revanche, les annexes, le parking, la salle culturelle et non pas cultuelle, peuvent recevoir des aides.»(4).
Avec ce livre, Nicolas Sarkozy affronte l'un des tabous de la société française : la place des religions dans la République. Il aborde sans complexes le défi de l'islam comme religion en France, la construction des mosquées, le foulard à l'école et dans l'administration, le radicalisme de certains imams, l'élan religieux des jeunes générations, la formation des prêtres, les relations avec le Vatican, l'anticléricalisme, le contrôle des sectes, l'enseignement du fait religieux, les violences racistes qui prennent pour prétexte des appartenances religieuses... Sur toutes ces questions, Nicolas Sarkozy s'engage. Il souhaite inventer une laïcité ouverte et apaisée, où chacun, quels que soient sa foi ou ses doutes, puisse vivre son espérance et participer à la construction de la société démocratique. L'autorité de l'auteur et l'urgence des thèmes abordés font de cet ouvrage une contribution majeure à la réflexion sur les valeurs fondatrices de la République et l'avenir de la laïcité française.(5).
Le président de l'UMP souhaite aussi «développer l'utilisation du bail amphytéotique» pour la mise à disposition aux associations cultuelles de terrains par les collectivités publiques. Selon M. Sarkozy, «aller plus loin et autoriser l'Etat et les collectivités locales à financer plus largement les lieux de culte (...) serait évidemment moins hypocrite et plus transparent».
Une telle évolution permettrait de «débarrasser nos religions des influences étrangères, dont certaines peuvent être problématiques», expliquait l'ex-ministre de l'Economie, qui pense à l'Islam.
A l'origine lorqu'il était ministre de l'Intérieur et lors de la création en 2003 du Conseil français du culte musulman (Cfcm), Nicolas Sarkozy estime qu'il y a «un problème spécifique» aux musulmans de France, qui n'ont «reçu aucun patrimoine en héritage» en raison de leur arrivée récente sur le territoire. «Les musulmans ne doivent pas avoir plus de droits que les autres. Veillons toutefois à ce qu'ils n'en aient pas moins», souligne Nicolas Sarkozy.
Plus largement, M.Sarkozy souhaiterait voir évoluer la notion de laïcité, et défend «une vision apaisée des rapports entre la politique et la religion». «Croire que l'Etat peut rester totalement indifférent au fait religieux est constamment contredit par la réalité des faits»
(à suivre)
1. Pierre Tévanian : Généalogie du nouvel ordre sécuritaire. Quelques éléments factuels août 2004.
2. « Carrés musulmans » dans les cimetières: les besoins sont criants 30/10/2004.
3.Nicolas Sarkozy : L'islam aura-t-il son Eglise ? Propos recueillis par Hakim El Ghissassi 05/09/2002.
4.Nicolas Sarkozy «La République, les religions, l'espérance».Editions du Cerf. Paris. Novembre 2004.
5.N.Sarkozy : La République, les religions, l'espérance. Entretiens avec Thibaud Collin et Philippe Verdin. 11/2004


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