«L'Etat doit mettre en oeuvre les instruments juridiques à même d'accompagner le processus de privatisation» a déclaré hier, le patron de la centrale syndicale, M.Abdelmadjid Sidi Saïd, en marge d'un séminaire sur «les évolutions économiques et sociales liées à la mondialisation», tenu au siège de l'Agence nationale de loisirs de la jeunesse à Zeralda. C'est une sonnette d'alarme que le SG de l'Ugta vient de tirer. Ce dernier, en termes à peine voilés, met en garde contre les retombées désastreuses d'une privatisation accélérée. «Il est nécessaire de réfléchir à une nouvelle législation et une nouvelle codification pour le monde du travail». Autrement dit, adapter la législation algérienne aux normes internationales. «Privatiser est un acte social mais l'Etat doit réajuster sa politique sociale» souligne-t-il. C'est l'unique moyen d'éviter le pire semble-t-il dire. Le pire des scénarios auquel faisait allusion Sidi Saïd serait le licenciement des travailleurs. Ils étaient 400.000 à pâtir de la première vague de dissolutions des entreprises. Ce nombre pourrait doubler avec l'ouverture du marché au privé, «d'où l'urgence des lois qui protègent les droits socioprofessionnels des travailleurs». La balle est dans le camp du gouvernement et du patronat, «l'Etat doit imposer aux repreneurs de respecter les règles», citant dans la foulée l'opportunité d'étendre les conventions de branches au secteur privé, chose qui n'est pas prévue actuellement dans la législation du travail. Quel rôle pour l'Ugta? Et quelle garantie a eu ce syndicat, qui, mis devant le fait accompli, n'hésite plus à affirmer que «le désengagement économique de l'Etat n'est plus sujet à controverse», mettant en relief «les engagements sociaux de l'Etat exprimés à maintes reprises par l'Exécutif». Sur ces interrogations, notre interlocuteur commence par préciser que «ce n'est pas une affaire de l'Ugta», avant de se rattraper, en précisant que ce syndicat qui constitue «un partenaire incontournable pour le gouvernement va veiller au respect des droits des travailleurs.» Comment? Quand s'y prendra-t-il? Est-il logique d'encaisser une démarche avant d'avoir les assurances nécessaires? Sidi Saïd est convaincu: «Il ne peut y avoir un désengagement social de l'Etat», prenant le soin de rappeler «(qu)'on est pas dans la même configuration politico-économique qui avait accompagné la première vague de privatisations.» L'Ugta compte défendre «bec et ongles» ses idées à l'occasion de la prochaine tripartite annoncée pour le mois de février. Un rendez-vous décisif, de l'avis même de Sidi Saïd: «La tripartite qui va venir ne peut être classique» , souligne-t-il, «elle doit contribuer, ajoute-t-il, au fondement de l'acte social». Le retard affiché pour la tenue de ce rendez-vous semble trouver son origine justement dans «la réticence et les appréhensions de certains patronats en ce qui concerne la mise en place d'une nouvelle législation de travail mieux adaptée à la conjoncture actuelle». Sur un autre chapitre, interrogé sur le lancinant avant-projet de loi sur les hydrocarbures, qui a fait l'objet d'un conseil interministériel dimanche dernier, le patron de la centrale syndicale s'est montré très peu prolixe préférant ne pas anticiper. «Nous attendons le document final qui nous sera soumis par le gouvernement avant de trancher notre position», conclut-il.