«Dès la satisfaction des 6 préalables, on pourrait objectivement parler de dialogue.» L'aile antidialoguiste du mouvement citoyen juge que l'accord signé entre le chef du gouvernement et l'interwilayas est une compromission. Dans une conférence de presse animée, hier par des délégués se déclarant de la Cadc de Tizi Ouzou et de Boumerdès, de la Cicib de Béjaïa et de la Ccwb de Bouira, ces derniers ont estimé que «l'accord signé ne règle rien». Ils relèvent également que ceux qui ont répondu à l'appel d'Ouyahia, «sont ceux-là mêmes qui ont refusé tout contact avec le gouvernement lorsque la question du dialogue a été soumise à débat, lors d'un conclave du mouvement en 2001». Il n'en faut pas plus pour que les conférenciers accusent la délégation des archs signataire de l'accord avec Ouyahia d'être «à la solde du pouvoir». Un délégué de Tizi Ouzou parle de manière frontale de corruption de «dialoguistes». «Ouyahia a sorti son chèque pour solutionner une crise où il y a eu mort d'homme.» Une corruption à plusieurs niveaux, dira le conférencier qui relève la disposition de l'Etat à gérer «financièrement» la crise à travers «la défiscalisation, des investissements pour la relance économique, la prise en charge par l'Etat des factures d'électricité...», mais également par le biais d'intéressement matériel en faveur des délégués dialoguistes. «Comment expliquer, sinon, l'octroi d'une cimenterie à Oued Aïssi à l'un des membres de cette délégation. Cela sans parler des locaux commerciaux accordés à d'autres, par le truchement de l'Ansej». De graves accusations, donc, mais qui ne sont accompagnées d'aucune preuve tangible. Les accusateurs n'avancent aucun nom à l'appui de leurs assertions. Ils se contentent de renvoyer l'opinion «au train de vie que mènent certains délégués», comme souligné par le délégué de Béjaïa. Ceci étant, l'aile antidialoguiste du mouvement citoyen qualifie l'accord de «vague», mais note néanmoins dans le document le consacrant, la référence faite au programme du président de la République, assimilant cet état de fait à «une reconnaissance de fait par les dialoguistes de la dernière élection présidentielle». Les délégués antidialoguistes y voient une contradiction majeure dans la démarche d'Abrika et ses camarades, au sens où ces derniers, «avaient rejeté le scrutin du 8 avril 2004 et par conséquent, sont censés ne reconnaître aucune légitimité à Bouteflika. Or, non seulement ils signent un accord, mais en plus, ils reconnaissent de facto une élection qu'ils ont eux-mêmes rejetée.» Ce sont là, autant d'arguments avancés par les conférenciers pour conclure que les deux rounds du dialogue de janvier 2003 et janvier 2004, sont des épisodes «d'un scénario monté de toutes pièces par le pouvoir et «ses délégués» pour enterrer la plate-forme d'El-Kseur». Le délégué de Béjaïa, lui-même ancien détenu, affirme que le dialogue version interwilayas a été scellé dans les prisons de Tizi Ouzou et Béjaïa. Il accuse même Abrika d'avoir «inventé sa grève de la faim». Cela dit, les antidialoguistes disent avoir adopté cette position, non pas par «oppositionisme» stérile, mais parce que le «pouvoir n'a montré aucune volonté à résoudre la crise». Interrogés sur leur propre vision dudit dialogue, ils affirment que «dès la satisfaction des 6 préalables (incidences dans le langage des «dialoguistes»), on pourrait objectivement parler de dialogue pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur». Ainsi, si les «dialoguistes» arrivaient à faire aboutir les incidences, l'attitude de l'aile opposée au dialogue serait autre. Mais pour l'heure, ils préfèrent parler de compromission et annoncent des manifestations de terrain, juste après l'Aïd pour dénoncer l'accord gouvernement-archs.