L'autre grand danger qui pourrait découler de l'absence d'autorité dans les mosquées et de l'activité des imams salafistes, réside dans le fait que ces derniers prononcent des fatwas alors qu'ils n'ont aucune formation en sciences islamiques. Après un constat effarant qui fait état de près de 4500 mosquées laissées sans contrôle et sans encadrement, se concentrer plus sur leur mission de contrôle au lieu de celle de suivre les prêches, est l'orientation principale qu'a donnée le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs aux inspecteurs des mosquées. Ceci étant, le ministre a exprimé à plusieurs reprises ces derniers mois sa détermination à lutter contre l'influence des imams salafistes dans les mosquées. Il est à noter que dans ces mosquées dépourvues de toute autorité, les fidèles sont encadrés par des personnes qui n'ont aucun lien avec le ministère et prônent les principes du salafisme, c'est précisément cette menace de dérive qui a valu au pays de subir les affres de la décennie noire. «Il y a une offensive idéologique pour retirer les jeunes de leur couverture religieuse et patriotique et les orienter vers une croyance hypothétique incarnée par Daesh», estime M.Aïssa qui milite pour un «référent religieux national» inspiré «de l'islam de Cordoue». A ce sujet, la tâche du ministre semble bien ardue, du fait que pour arriver à instaurer un contrôle systématique et efficace à l'ensemble des mosquées du territoire national, il est nécessaire de combler un déficit de quelque 7000 imams, sauf que pour l'heure, le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs qui compte 22.000 mosquées en fonction et 7000 en construction, se trouve dans une situation financière qui ne lui permet pas de remplacer ces imams salafistes. D'autant plus qu'ils se constituent en une vraie force économique et commerciale, puisqu'ils ont fait main basse sur le rayon de la téléphonie mobile et la lingerie, et représentent un contre-poids subtil contre les militants de gauche, sur la scène politique. Par ailleurs, le plus grand danger de ce courant qui, rappelons-le, avait soutenu le djihad durant les années 1990, se présente sous un habit de tolérance et de modération, et ne trouve aucun mal à verser dans l'extrémisme lorsqu'il le souhaite. A cet effet, les dérapages et les dérives auxquels on assiste lors d'émissions de certaines télévisions privées ou sur les réseaux sociaux, ne font aucun doute sur la volonté de certains prêcheurs radicaux à prononcer des fatwas contre la politique du gouvernement. A cet effet, et pour lutter contre l'émergence et la croissance de cette fibre qui a balancé le pays dans le chaos par le passé, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, a opté pour la création d'une Académie de la fatwa, de 50 imams formés à la mosquée d'al-Azhar. Dans le même sens, le ministre énumère plusieurs menaces de la sorte et les qualifie de dérives idéologiques néfastes pour la cohésion de l'Algérie. «Il s'agit de plusieurs doctrines qui essaient de miner la société algérienne: le takfirisme et l'ahmadisme, qui sont plus des fonds de commerce ou de l'extrémisme et du terrorisme international», indique le ministre. D'un côté, l'autre grand danger qui pourrait découler de l'absence d'autorité dans les mosquées et de l'activité des imams salafistes, réside dans le fait que ces derniers prononcent des fatwas alors qu'il n'ont aucune formation en sciences islamiques. D'un autre côté, les citoyens adhérent à ces propos car ils s'opposent et ne donnent aucun crédit aux orientations sociopolitiques décidées par les pouvoirs publics. En somme, devant les efforts considérables du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, à favoriser le retour d'un islam ancestral pratiqué durant plusieurs siècles par nos aïeuls, il semblerait que les séquelles de la décennie noire et de la pensée salafiste importée par des étudiants d'Arabie saoudite, résistent encore et trouvent toujours un écho dans une société partagée entre un instinct de survie et d'amnésie de son Histoire.