Le ministre de l'Energie a clairement laissé entendre que le gouvernement va accélérer les démarches pour son imminente entrée en vigueur. Le ministre de l'Energie et des Mines était mardi l'hôte de la ville pétrochimique de Skikda. Une occasion pour lui de revenir en détail sur son projet de loi, toujours sujet à polémique, mais aussi sur les incidents en série qui ont endeuillé les sites industriels, propriété de Sonatrach. Le ministre, visiblement contrarié par le «blocus» de l'Ugta qui était allée jusqu'à organiser une grève nationale de deux jours en février 2002, regrette «le retard pris dans la mise en application de cette loi, dont les effets bénéfiques doivent prendre au moins cinq années avant de se faire sentir». Désormais, le gouvernement, qui se trouve en position de force, allant jusqu'à croiser le fer sans crainte avec les députés comme l'a récemment fait le ministre, «a l'intention d'aller très vite, puisque avant février le projet de loi, très légèrement remanié, sans aucune concession sur le fond, devra passer par les conseils de gouvernement et des ministres afin d'être déposé en priorité sur le bureau du Parlement dès la reprise de la session de printemps pour qu'il y soit inscrit en priorité». Les syndicalistes rencontrés en marge de cette visite nous ont déclaré ne plus vouloir s'opposer frontalement à la démarche du ministre pourvu que les intérêts de Sonatrach et du pays soient préservés. A ce sujet précisément, en marge d'une journée d'étude sur les catastrophes majeures organisée en présence du ministre, celui-ci a longuement insisté sur «la prévention plutôt que l'intervention», déplorant au passage les accidents à répétition que la wilaya a vécu dans un passé très récent. Ce qui étonne, c'est que la commission d'enquête mise en place à partir d'Alger ne semble toujours pas avoir rendu ses conclusions puisque le ministre n'en a pas soufflé mot. En revanche, il a exhorté les responsables locaux de la Sontrach à «envoyer les cadres en formation à l'étranger afin que la sécurisation des sites soit autrement plus efficace à l'avenir». Chakib Khelil, à ce propos, évoque carrément le «risque 0». Un but certes difficile à atteindre pour qui sait que les équipements et les infrastructures sont bien souvent vétustes. Là encore, le ministre, qui semble avoir en tête un vaste plan de redéploiement de la Sonatrach, exige également «la rénovation du matériel existant», mais aussi «la construction d'un port exclusivement réservé à la zone industrielle, ce qui permettra de mieux contrôler la sécurité ainsi que le flux des marchandises, notamment les hydrocarbures liquides, solides et gazeux». Il est à rappeler que pas moins de quatre explosions, dont une meurtrière, ont secoué le complexe GL1K de Skikda durant ces deux années passées. Le ministre a fait appel à des fonds étrangers pour la reconstruction du complexe endommagé, sous-entendant par là une «privatisation indirecte» et une entrée en vigueur de sa loi bien avant son adoption, puisque les fonds nationaux, nous disent des sources rencontrées sur place, existent largement pour assurer la reconstruction sans l'aide étrangère. Chakib Khelil, qui a reçu les familles des victimes, les a assuré du soutien de l'Etat, mais aussi de sa volonté à ce que ce genre de choses ne se reproduise plus. C'est le voeu le plus cher de l'ensemble des employés et des habitants de cette wilaya.