L'éloignement du spectre de l'échec est fonction de la satisfaction des «6 incidences», relèvent les observateurs. La rencontre gouvernement-archs, prévue pour aujourd'hui, est finalement reportée à mercredi prochain, en raison des engagements du chef du gouvernement. Ce petit contre-temps dans le processus du dialogue n'est pas de nature à entraver en quoi que ce soit la dynamique enclenchée le 14 janvier dernier, apprend-on de sources proches de la délégation du mouvement citoyen. Celle-ci compte justement tirer profit de ce report pour mieux affiner sa stratégie à la veille de la rencontre avec Ouyahia. A cet effet, les 19 délégués se réuniront demain à Alger, avec pour seul ordre du jour, la proposition à faire au gouvernement sur la nature que prendra le fameux mécanisme de suivi dans la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Par ailleurs, la Coordination nationale du mouvement citoyen (Cnmc), drivée par Hakim Kacimi, dont la réaction à la signature de l'accord global a été quelque peu froide, sortira officiellement de sa réserve aujourd'hui, à l'occasion d'une rencontre avec les médias nationaux qui se tiendra à la maison de la presse Tahar-Djaout. Dans le communiqué annonçant la conférence de presse, le porte-parole de la Cnmc, Hakim Kacimi, affiche d'emblée la couleur en qualifiant l'accord global de «feuille de route du chef du gouvernement». Une manière comme une autre de contester la légitimité des «19» qui ont rencontré Ahmed Ouyahia. Affichant la volonté d'unir toutes les sensibilités qui traversent les archs, le porte-parole de la Cnmc présentera néanmoins «la feuille de route du mouvement citoyen». Façon de dire que son organisation est plus à même de se poser en représentant de la région de Kabylie. Un problème de représentativité qu'il partage également avec les membres de l'aile antidialoguiste du mouvement qui, lors de leur dernière sortie médiatique, n'ont pas manqué de revendiquer plus de popularité que leurs adversaires au sein du mouvement. Ainsi, la crainte de voir le dialogue dans sa nouvelle version ne pas déboucher sur un apaisement sérieux de la situation sur le terrain est effectivement de mise, si l'on croit les propos tenus par les deux ailes concurrentes à l'interwilayas. Cela dit, une telle perspective est conditionnée par l'emprise qu'ont les uns et les autres sur les événements en Kabylie, ce qui revient à évoquer la sacro-sainte question de la représentativité. Plus que cela, l'éloignement du spectre de l'échec est fonction de la satisfaction des «6 incidences», relèvent les observateurs avertis. Et pour cause, l'initiative prise par la CNMC en mars 2004 n'a pas connu de suite, ni de répondant au sein de l'opinion publique pour la simple raison qu'elle n'avait pas inclus les «incidences», dont l'application a été carrément gelée, notamment en ce qui concerne le départ des «indus élus», après la rupture du dialogue en janvier 2004. Enfin, le report de deux jours de la reprise du dialogue gouvernement-archs, même s'il n'est pas intentionnel, à en croire nos sources, il n'en demeure pas moins qu'il ouvre une brèche aux contestataires qui vont tenter d'avancer leurs pièces dans l'inextricable partie d'échec qu'est la crise de Kabylie.