Le deal conclu entre les délégués du mouvement citoyen et le pouvoir est profitable aux deux parties. Selon des sources proches du mouvement citoyen, le président de la République va annoncer dans les tout prochains jours un engagement solennel pour la satisfaction du 8e point de la plate-forme d'El-Kseur, à savoir «l'officialisation de la langue amazighe sans référendum et sans condition.» Cette révélation, que de nombreux observateurs ne manqueront pas d'en relever le caractère électoraliste, est le fruit d'intenses contacts entrepris entre plusieurs membres de la délégation des 24 délégués, qui ont pris part au dialogue pouvoir-archs, et des fonctionnaires de l'Etat après l'échec dudit dialogue, qui a buté sur la manière d'officialiser tamazight. Faut-il rappeler que les deux parties se sont séparées après un profond désaccord quant à l'officialisation par voie référendaire, comme suggéré par le chef du gouvernement, ou par l'intermédiaire d'un vote parlementaire, ce qu'ont préconisé les membres de la délégation mandatée par l'interwilayas des archs. Il semble, selon nos sources, que dans ce bras de fer, les délégués des archs ont eu gain de cause, au sens où ils ont réussi à conditionner la reprise du dialogue souhaitée par Ouyahia à une déclaration solennelle de la plus haute autorité de la République. Cela dit en ces temps de campagne électorale, cette alternative n'est pas pour déplaire à Bouteflika qui, à travers la satisfaction du 8e point contenu dans la plate-forme d'El-Kseur, tient le beau rôle. En effet, une telle option donnera au chef de l'Etat une sérieuse avance sur ses concurrents directs, à quelques semaines du rendez-vous électoral. Nos sources relèvent que le deal conclu entre les délégués du mouvement citoyen et le pouvoir est profitable aux deux parties, voire à la pérennité de la République, puisque d'un côté, le combat pour tamazight aura définitivement abouti et de l'autre Bouteflika gardera toutes ses chances d'une réélection sans avoir à subir le boycott d'une région électoralement très importante pour l'Algérie. De plus, une défection de la Kabylie pour un aussi important rendez-vous électoral est de nature à fragiliser la République, ouvrant grandes les portes à une situation sans précédent dans l'histoire de l'Algérie indépendante, où le spectre de la scission planerait durant tout le prochain quinquennat. Aussi, d'un côté comme de l'autre on s'affaire, dit-on à éviter à l'Algérie une cassure historique susceptible de mener la nation à sa perte. Ce sont là les arguments développés par les délégués, restés en contact avec les services de la chefferie du gouvernement. Et c'est également les mêmes arguments, disent nos sources, sur lesquels s'appuiera le chef de l'Etat pour justifier sa volte-face sur la question de tamazight. En fait, dans cette histoire d'officialisation de la langue amazighe, chacun semble avoir trouvé son compte.