La balle est, une nouvelle fois, dans le camp des archs. Onitialement prévu pour mettre le cap sur le rejet de la présidentielle d'avril 2004, la réunion extraordinaire de la Cadc, prévue aujourd'hui à Tizi Ouzou, sera finalement exclusivement consacrée à formuler une réponse à Ahmed Ouyahia, qui s'est engagé officiellement à la prise en charge de quatre des dix incidences de la crise de Kabylie. Du coup, le chef du gouvernement brouille les cartes des archs qui avaient décidé, lors du 23e conclave de l'interwilayas à Azib-Ahmed, d'entériner le rejet de l'élection présidentielle comme ultime recours face au mutisme des pouvoirs publics. En effet, cette nouvelle donne dans la dichotomie archs-pouvoir ne manquera pas d'amener le mouvement à revoir sa stratégie de la période après-document. Loin de pavoiser, les délégués adoptent une attitude circonspecte par rapport à cette nouvelle situation induite par le communiqué d'Ouyahia qui exhorte les archs à lui «communiquer la composition de leur délégation et à convenir avec lui de la date d'ouverture du dialogue pour la prise en charge des incidences de la crise et pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur». A ce titre, Mustapha Mazouzi, de la coordination communale de Tizi Ouzou, estime que «seule la plénière, qui se réunira aujourd'hui à Tizi Rached, tranchera la position à adopter par rapport à la réponse d'Ouyahia que je juge personnellement positive dans la forme, et un grand acquis pour le mouvement. Quant à son contenu, il sera analysé sous tous les angles par les coordinations qui seront présentes au conclave. Mais à mon avis, le mouvement, qui est, aujourd'hui en position de force, devrait intégrer les deux autres incidences, notamment celle relative à l'amnistie fiscale. Car nous ne voulons pas perdre les commerçants qui nous ont toujours soutenus. Et je crois fermement que le pouvoir cèdera à notre exigence». Pour sa part, Rachid Allouache, délégué d'Ath Djennad, qualifie la réponse d'Ouyahia d'«avancée importante pour le mouvement, même si la satisfaction des préalables n'est pas une fin en soi, car notre ultima-verba reste toujours la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur. Maintenant que l'engagement du chef du gouvernement est pris, nous attendrons sa concrétisation sur le terrain». Cela étant, désormais, la balle est, une nouvelle fois, dans le camp des archs dont la démarche, ces derniers temps, est empreinte de pragmatisme et de réalisme politique, au détriment de la protesta et des actions de rue.