La réorganisation des entreprises publiques, leur gestion, leur privatisation et la promotion de l'investissement seront désormais régies par des ordonnances présidentielles. Après le rejet des «lois Temmar» par la Centrale syndicale et la lenteur qui a caractérisé les réformes économiques, le Conseil des ministres a adopté, dimanche dernier, l'avant-projet de Boukrouh. A travers ces trois projets d'ordonnances, Bouteflika compte donner un coup de pouce au processus de libéralisation enclenché depuis 1994. Les projets de loi portent notamment sur la privatisation des entreprises publiques, leur gestion et leur organisation, sur l'orientation des PME et enfin la réforme de la taxe douanière. Des observateurs notent que ces ordonnances visent à amender le cadre juridique pour la gestion et la privatisation des entreprises publiques d'une part, et à faciliter les opérations d'investissement d'autre part. Ils notent aussi qu'au stade avancé des négociations avec l'Union européenne sur un éventuel accord de partenariat, et à la prochaine adhésion de l'Algérie à l'OMC, l'ordonnance relative à la taxe douanière adaptera notre système douanier aux bases de fonctionnement du commerce international. Par ailleurs, la Centrale syndicale de Sidi Saïd ne semble pas très inquiétée par les textes de Boukrouh. Les correctifs apportés à ces textes seraient, selon certains, un clin d'oeil à l'UGTA. Rappelons que cette dernière avait refusé, au début de cette année, les lois proposées par l'ex-ministre de la Participation, M. Temmar. Ce dernier, qui ne mâchait pas ses mots à propos de la privatisation et attribuait un rôle de régulateur à l'Etat plutôt que celui d'acteur économique, n'a pu gagner la sympathie de l'UGTA. Pour cette dernière, la privatisation proposée en tant que solution unique et incontournable au succès des réformes économiques n'est pas recevable. En réalité, son souci se résume au fait qu'un seul ministre s'approprie la question de la stratégie globale de l'économie nationale. D'après des commentateurs, Boukrouh a parfaitement saisi cette donnée et il aurait tenu compte des propositions faites par l'UGTA. La consultation a, d'ailleurs, été élargie au Président de la République qui a rencontré Abdelmadjid Sidi-Saïd au Palais du peuple, le 7 août dernier. Ainsi adoptée, même avec des rectificatifs, le ministre de la Participation et de la Coordination des réformes aura gagné deux paris: échapper à la critique des deux Chambres, puisqu'elles sont en intersession, et gagner la sympathie, même tacitement, de la Centrale syndicale. Reste maintenant à savoir si une dynamique dans le processus de la participation et de la privatisation va se créer.