Il suffit de deux ou trois opérations pareilles à celle qui a permis de décapiter le Gia pour que cet objectif soit atteint. Au rythme où vont les choses, et à la faveur du plan présidentiel portant réconciliation nationale et amnistie générale, tout porte à croire que le douloureux dossier de la violence terroriste ne sera plus qu'un vieux souvenir dans un très proche avenir. C'est, du moins, l'avis du directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, qui s'exprimait, hier, sur les colonnes de notre confrère El-Moudjahid. Selon lui, en effet, cette lutte est «sur la bonne voie» grâce «à la coopération interinstitutionnelle et au travail de coordination qui en sont les soubassements». Il n'en fait pas moins état de «la présence encore de quelques (terroristes) irréductibles dans les maquis». Or, comme nous l'indiquaient précédemment des sources sécuritaires crédibles, «pas moins de 90 % de ces éléments, dont le nombre oscillerait entre 350 et 450, se seraient montrés prêts à se rendre dès que les grandes lignes de l'ultime étape de sortie de crise du président Bouteflika seront connues». De pareilles informations, aussi optimistes soient-elles, n'empêchent toutefois pas la vigilance et la lutte contre le terrorisme de poursuivre leur cours, d'autant que les groupuscules d'irréductibles, dans leurs ultimes soubresauts d'agonie multiplient les attaques, menées le plus souvent contre des citoyens isolés et sans défense dans le seul but de faire parler d'eux, puisque comme chacun le sait, le terrorisme se nourrit souvent de la médiatisation qui en est faite. C'est pour cette raison qu'Ali Tounsi, aux premières lignes de la lutte antiterroriste depuis le début, maintient résolument le cap en ajoutant ceci: «Encore deux ou trois opérations (antiterroristes) du genre de celles qui ont été menées ces derniers temps et nous espérons ainsi clore définitivement ce douloureux chapitre du terrorisme.» Il ajoute au passage que «les ralliements de terroristes intervenus l'année dernière s'élèvent à plus d'une centaine». L'opération qui a permis d'en finir quasi définitivement avec le Gia, qui a duré plusieurs mois, a permis de mettre hors d'état de nuire tous les responsables de ce groupe alors qu'environ une quarantaine d'éléments, qui ont réussi à trouver refuge entre Blida et Chlef, font l'objet d'une traque de tous les instants et sont quasiment privés de tout pouvoir de nuisance. M.Tounsi, pour qui «l'efficacité de nos éléments va en augmentant», comme en témoignent les actions menées quotidiennement sur le terrain, ajoute que la Dgsn (Direction générale de la sûreté nationale) recourt de plus en plus aujourd'hui à «la police scientifique et technique» pour plus de résultats dans les investigations. Un laboratoire, inédit en Afrique, mais aussi dans tout le tiers-monde, sur les test ADN a même été inauguré récemment. Il permet aux membres de la police scientifique de résoudre plus rapidement et avec une précision infaillible, de nombreuses affaires. Les charniers que la commission ad hoc en charge des dossiers des disparus compte déterrer sur la base des informations fournies par les repentis aideront eux aussi, grâce à ce laboratoire, de beaucoup mieux cerner cette question dont l'aboutissement est, lui aussi, attendu pour les deux mois à venir. Evoquant la lutte contre le crime organisé, Ali Tounsi a déclaré que «si d'importantes forces restent mobilisées contre le terrorisme, le redéploiement (des effectifs) concerne des affectations pour lutter contre ce phénomène qui n'est pas sans rapport avec la lutte antiterroriste». A mesure que ce phénomène s'est vu affaiblir pour toucher à sa fin, les irréductibles sont devenus de plus en plus nombreux à se «recycler» dans le grand banditisme, fait de rackets commis lors des faux barrages et des «descentes» effectuées dans les villages et les hameaux isolés à travers certaines régions précises du pays. Dans ce contexte, et citant le cas «des officines du faux», le Dgsn plaide en faveur de «l'introduction de pièces administratives (cartes d'identité, permis de conduire, cartes grises) infalsifiables», précisant que la police, qui dispose de moyens adéquats, travaille «pour lutter contre le blanchiment d'argent et les grosses fortunes auxquelles ce trafic (de faux) donne lieu». A propos des enquêtes d'habilitation qu'effectue la police sur les cadres, M.Tounsi qui rappelle «la destruction des dossiers lourdement manipulés et qui ont porté préjudice aux cadres», a reconnu que «malgré les consignes régulièrement données, il y a eu des dépassements regrettables». Des dépassements, eux aussi, à inscrire dans le passé sombre mais révolu de notre pays, comme le souligne Ali Tounsi lui-même: «Il est heureux qu'aujourd'hui, toutes les conséquences ont été tirées pour faire non seulement amende honorable mais contribuer à la réhabilitation (des cadres lésés) et mettre des garde-fous pour l'avenir». Il ajoute, dans ce contexte que «de tels dérapages tant préjudiciables à l'intégrité morale et professionnelle des cadres (...) ne peuvent plus être admis».