Le ministre se recueille à la mémoire des journalistes martyrs Le ministre de la Communication a réitéré son engagement à poursuivre la mission, il faut le dire, délicate de professionnalisation de la presse. Hier, c'était la Journée mondiale de la liberté de la presse. L'occasion pour les journalistes et leur ministre de se rencontrer et faire le point sur la situation des médias en Algérie. Pour Hamid Grine, les choses sont claires: les journalistes algériens ont une liberté totale! Il argumente ses dires par la constitutionnalisation de la liberté de la presse et le retrait de la privation de liberté en cas de délit de presse. «Le président de la République Abdelaziz Bouteflika a consacré la liberté de la presse dans la nouvelle Constitution. Il a protégé les journalistes qui ne craignent plus aucune pression venant des autorités. Leur seule menace peut venir de leurs éditeurs», a-t-il lancé lors de son passage au Forum du quotidien El Moudjahid. Le ministre qui a également accordé des entretiens à la Chaîne 3 de la Radio nationale et au site électronique TSA, est formel. «Les journalistes peuvent écrire n'importe quoi sans risquer la prison, ce qui est une très grande avancée», a-t-il poursuivit «L'Algérie est l'un des pays les plus avancés en matière de liberté d'expression et de la presse, comparativement à de nombreux pays», a insisté le ministre en faisant remarquer que la liberté était à un niveau tel qu'elle avait ouvert la porte à certains dérapages. «Certains journaux se permettent de diffamer et s'attaquer gratuitement au gouvernement sans être poursuivis en justice», a-t-il insisté en se donnant comme exemple. «Il y a trois journaux que tout le monde connaît qui se sont constitués en lobbys pour s'attaquer à ma personne et à ma réputatin. Je n'ai jamais réagi que ce soit en leur répondant ou en les traînant devant les tribunaux. Et pourtant, il y a de quoi le faire. Mais c'est cela la politique de sagesse du gouvernement algérien...», a-t-il expliqué. Ces trois journaux «agissent en groupe de pression et veulent bafouer les lois de la République», leur reprochant notamment, leur «vision défaitiste» des choses. «Quoi qu'on fasse de positif, il y a toujours un regard négatif parce que tout est noir en Algérie selon ces journaux», a-t-il affirmé, appelant à ne pas outrepasser les limites de la conscience et de l'éthique, et à ne pas verser dans l'insulte et l'injure. «C'est à la justice de trancher» Le ministre de la Communication n'a pas voulu s'attarder sur la campagne que ces titres de presse mènent contre lui. Mais il revendique «une capacité d'indifférence sans limites». Ces attaques l'encouragent à persévérer dans sa mission de «professionnalisation de la presse», insiste-t-il. A voir le parcours déjà accompli par le ministre, tout le monde dans la presse et ailleurs admet qu'il n'est pas venu pour faire de la figuration, mais pour changer les choses sur la base d'un plan d'action clair, inspiré du programme du président Bouteflika. Il a ainsi réitéré son engagement à poursuivre cette délicate mission que lui a confiée le chef de l'Etat. Et c'est justement ce changement qui déplaît aux partisans du statu quo. Ils y trouvent leurs intérêts. C'est d'ailleurs ce qu'il a bien tenu à mettre en évidence en sollicitant la mémoire collective... «Avant que je ne devienne ministre je travaillais pour une entreprise privée qui était un gros annonceur, j'étais sur ces mêmes journaux la meilleure personne au monde, le meilleur journaliste, le meilleur écrivain et maintenant que je ne signe plus les chèques, je suis devenu un ministre immoral...», fait-il remarquer en précisant que malgré l'invective dont ils font preuve à son encontre, il n'a jamais réagi. Il nie dans ce sens que l'affaire du journal El Khabar soit une vengeance personnelle ou une affaire politique. «Il faut comprendre que l'on n'a rien bloqué, mais on s'est opposé à cette vente. C'est une affaire de droit. Les pouvoirs publics, dans un Etat de droit, peuvent s'interposer quand il y a atteinte à la loi. Et dans le cas qui nous concerne, le ministère que je dirige s'oppose à une transaction jugée non conforme aux lois de la République. Je suis là pour faire respecter les lois de la République. Il n'y a là ni émotion ni passion ni subjectivité», a-t-il attesté. «C'est à la justice de décider si oui ou non cette transaction est conforme à la loi. Elle est souveraine. On se pliera à sa décision», a souligné un Hamid Grine des plus déterminés. Le cercle vertueux... Jusqu'au bout Le premier responsable du secteur de la communication tient donc dur comme fer au «cercle vertueux» auquel il appelle de ses voeux depuis son arrivée à la tête du secteur. Il profite de l'occasion pour lancer un appel à tous les annonceurs privés pour «leur dire de ne pas contribuer à renflouer les caisses des journaux qui sèment la discorde et qui renvoient une fausse image de l'Algérie». Il s'engage toutefois a aider les journalistes a améliorer leurs conditions socioprofessionnelles. Il assure que comme il l'a déjà fait, il continuera à s'impliquer personnellement dans l'amélioration des conditions de travail des journalistes, qualifiant au passage certains patrons de presse de «néo-esclavagistes». Il a même annoncé son intention de revaloriser les pensions de retraite des journalistes. Il s'y emploie en concertation avec le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. «C'est une question qui relève aussi de ce département et je ne pense pas qu'il y sera insensible», a-t-il certifié, souhaitant l'établissement d'une liste de journalistes retraités n'ayant pas une «pension digne». Sur le registre des actions du ministère pour améliorer les conditions socioprofessionnelles des journalistes, il faut dire qu'elles sont nombreuses, à commencer par les cartes professionnelles qui ouvrent droit à des réductions dans les transports, l'hôtellerie et l'accès à Internet, pour ne citer que les plus en vue. Abordant le dossier des chaînes de télévisions privées, Grine les a qualifiées de «pirates», précisant que pour celles disposant de bureaux à Alger, il s'agit d' une accréditation provisoire. «Il appartiendra à l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) de se prononcer ultérieurement sur le sort de ces chaînes, y compris sur l'origine de l'argent les finançant», indique-t-il. Toujours concernant le champ audiovisuel, le ministre a déclaré que l'Algérie est dans une ouverture «totale et absolue», et cela, a-t-il relevé, du fait d'une sorte de tolérance et de sagesse de l'Etat. Mais cette situation devra «bientôt prendre fin», a-t-il fait savoir, précisant que seules les chaînes «dûment accréditées continueront d'exister». Pour ce qui est du projet de loi portant amendement des dispositions de la loi sur l'information, Hamid Grine certifie qu'il «est prêt» et a été transmis au secrétariat général du gouvernement. Parmi les amendements, il révèle qu'il a été proposé la suppression de l'Autorité de régulation de la presse écrite. «L'Autorité de régulation de la presse écrite n'a pas d'utilité et nous pensons à l'amender», a-t-il dit, rappelant qu' «en revanche le Conseil d'éthique et de déontologie est nécessaire». «Les élections de la Commission permanente de délivrance de la carte professionnelle du journaliste et du Conseil d'éthique et de déontologie auront lieu très bientôt», a-t-il conclu déterminé à poursuivre la «révolution» d'un secteur qui l'a enfanté... Le ministre se recueille à la mémoire des journalistes martyrs Le ministre de la Communication, Hamid Grine, s'est recueilli hier à la place de la Liberté de la presse, sise à la rue Hassiba Benbouali (Alger), à la mémoire des journalistes algériens assassinés par le terrorisme durant la décennie noire. Accompagné par des autorités locales de la wilaya d'Alger et des responsables de médias, le ministre a déposé une gerbe de fleurs et récité la Fatiha du Saint Coran à la mémoire de ces journalistes, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Dans une déclaration à la presse à cette occasion, M.Grine a fait remarquer que pour cette année, «la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse coïncide avec la révision de la Constitution qui a consacré la liberté d'expression». «En Algérie, aujourd'hui, la liberté d'expression existe et elle est totale et le pays a intégré maintenant le rang des nations où la liberté d'expression est totale», a-t-il relevé. Le ministre a saisi cette opportunité pour adresser un message aux journalistes les exhortant à «être à la hauteur de cette liberté d'expression», jugeant que «cette liberté d'expression ne veut pas dire la liberté de diffamer ou d'insulter». Il a plaidé, dans ce sens, pour «le respect de l'éthique et de la déontologie du métier», des principes sur lesquels le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, «a insisté dans son message à l'occasion de la célébration de cette Journée mondiale», a-t-il souligné.