L'opération de collecte des signatures est à un stade très avancé et plus de quarante wilayas ont déjà transmis les communiqués à la Présidence. Le malaise s'élargit au sein du parti majoritaire. La contestation gagne de nouveau la base. Des actions visant à renverser le secrétaire général Amar Saâdani sont engagées sur le terrain. Les contestataires s'adressent directement au président du parti pour lui faire part de leur indignation sur l'attitude du secrétaire général. «Nous, militants et cadres du FLN, nous ne comprenons pas le silence du secrétaire général sur l'attaque qui a ciblé votre personne alors qu'il prétend vous soutenir et en contrepartie il s'attaque à des partis qui partagent les mêmes convictions nationales», lit-on dans le communiqué adressé à la Présidence. Ces derniers se déclarent très gênés par l'attitude du secrétaire général quant à la campagne de dénigrement menée par les médias et responsables français contre les institutions de l'Etat. «Nous dénonçons ce comportement irresponsable du secrétaire général qui a bafoué les valeurs et les principes du Front de Libération nationale pour lequel se sont battus les martyrs», déclarent les rédacteurs du communiqué. Ces derniers n'ont pas été par quatre chemins pour demander au président de la République de redresser la situation du parti. «Nous demandons à Votre Excellence monsieur le président, président du parti de libérer le FLN de ces gens-là», revendiquent les militants et cadres du parti. Ce communiqué a été dispatché sur l'ensemble des wilayas pour permettre aux militants et cadres de la base d'apporter leur signature. Selon une source proche, cette opération de collecte des signatures est à un stade très avancé. Plus de quarante wilayas ont déjà envoyé les communiqués à la présidence. La même source précise que des responsables de structures du parti, kasmate, mouhafadhas et élus ainsi que d'anciens ministres soutiennent cette démarche. Cette action serait à l'origine des agissements du secrétaire général. Après avoir disparu de la scène, Amar Saâdani tente de rectifier le tir en multipliant ses sorties, ces derniers jours. Conférence de presse, réunion du bureau politique, réunion des mouhafedhs sont autant d'activités programmées en urgence. Le chef de file du parti semble être au courant des tentatives de ses adversaires. C'est pourquoi il s'agite dans tous les sens. D'ailleurs, il a appelé les responsables des mouhafadhas à venir avec leur cachet à la réunion d'hier en vue de lui apporter leur soutien. Saâdani veut certainement contrecarrer la démarche de ses adversaires. Au sein de l'assemblée, les choses vont très mal. Le groupe parlementaire est sérieusement divisé entre opposants et partisans du secrétaire général. Le différend entre le ministre des Relations avec le Parlement et le secrétaire général du parti n'est plus un secret. Les deux hommes qui ont mené une bataille larvée dans les coulisses lavent leur linge sale en public. Récemment, le groupe parlementaire, présidé par Mohamed Djemai s'est violemment attaqué au ministre Tahar Khaoua en appelant carrément le Premier ministre à mettre un terme au comportement de ce dernier. Certains fidèles ont même menacé Tahar Khaoua de lui interdire l'accès à l'Assemblée populaire nationale s'il continue à agir de la sorte. Une déclaration qui a poussé les opposants à Saâdani à sortir de l'ombre pour apporter leur soutien au ministre des Relations avec le Parlement. Les deux adversaires s'échangent des tirs croisés par presse interposée. La session des questions orales s'est tenue jeudi dernier sous une forte tension. Les uns comme les autres étaient sur la défensive, mais l'absence de Tahar Khaoua a évité le pire.