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100 pharmaciens... emprisonnés
ORAN
Publié dans L'Expression le 09 - 05 - 2016

La rareté du médicament n'est pas sans incidence sur la hausse des prix
Certains vendent des médicaments émanant de la contrefaçon et ne répondant à aucune norme pharmaceutique.
Plusieurs pharmaciens ayant pris part au Salon national du médicament se tenant dans la wilaya d'Oran, n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère déplorant les conditions difficiles qu'ils rencontrent dans l'exercice de leur profession, la pharmacie. Cela commence par les enquêtes et les poursuites judiciaires les pourchassant de jour comme de nuit, notamment dans le cadre de la lutte acharnée des services de sécurité contre les stupéfiants.
La moindre erreur commise involontairement leur est souvent fatale. Pas moins de 100 pharmaciens exerçant dans les wilayas de la partie ouest du pays, ont été emprisonnés pour avoir vendu des comprimés psychotropes après avoir été dénoncés à tort par des individus pris en flagrant délit de consommation ou de détention de ces produits pharmaceutiques ne devant être délivrés que sur prescription médicale.
D'autres écopent également des peines d'emprisonnement pour vente de médicaments émanant de la contrefaçon et ne répondant à aucune norme pharmaceutique. Une telle confession constitue là encore le pic des lamentations formulées unanimement par des propriétaires des officines et autres pharmaciens qui ne mâchent pas leurs mots en avouant que la profession de la pharmacie a perdu le titre de noblesse qu'elle s'était taillé pendant de longs siècles avant qu'elle ne soit clochardisée par les aléas de la conjoncture actuelle marquée par la perversion et le statu quo tous azimuts.
Ce n'est pas tout. Le pharmacien d'aujourd'hui est transformé en façade devant faire face seul sans aucune assistance ni intervention des services étatiques à la disette et la pénurie des médicaments. Plus d'un est accusé par des patients et des proches des malades d'avoir provoqué délibérément cette rareté, notamment en ce qui concerne les médicaments destinés aux malades chroniques. Là encore, plusieurs pharmaciens présents au Salon du médicament, ont été unanimes à déplorer ce fait qui leur échappe, tout en imputant la responsabilité à ce qu'ils appellent «la mafia du médicament». Celle-là use et abuse en spéculant comme l'on spécule au niveau du marché des légumes et des fruits. «C'est tout comme dans le marché des produits alimentaires, le commerce du médicament est régi par la loi de l'offre et de la demande.»
Sinon, se demande-t-on, comment expliquer le manque à la fois cruel et perceptible de pas moins de 300 marques de médicaments dans la totalité des officines algériennes? «Une telle disette constatable n'est pas un fait du hasard», dira un pharmacien expliquant qu'elle (rareté) «est délibérément provoquée par les importateurs des médicaments peu soucieux de la santé du malade». «Plus d'un estime juste d'importer et de vendre plusieurs milliers de boîtes de petits antalgiques engrangeant rapidement d'importants revenus et des dividendes», a-t-on affirmé, ajoutant que «ces mêmes importateurs jugent inutile d'importer des traitements peu rentables vu qu'ils sont peu commandés».
La majeure partie de ces médicaments manquants est toutefois nécessaire et indispensable au profit des malades lourds ou encore ceux souffrant des grandes douleurs comme les cancéreux. A la faveur de ce phénomène, la rareté du médicament n'est pas sans incidence sur la hausse des prix. A titre d'exemple, le Temgesic et le Valium injectables ou encore en comprimés, atténuant les atroces douleurs de malades cancéreux se trouvant à un stade avancé, ont disparu des étals des officines depuis de longue date.
En cas d'une éventuelle disponibilité du médicament rare, le marché noir à la recherche de l'affaire en or, en sera le principal fournisseur en le ramenant illégalement des pays européens ou encore de la Tunisie.
Ces médicaments s'envolent rapidement aux prix revenant à la facture colossale de 50.000 dinars la boîte. «Là encore, le marché parallèle du médicament, dont le secret est difficile à percer, échappe à tout contrôle», a-t-on déploré, expliquant que des «commerçants du médicament s'ingénient dans leurs trouvailles en important des médicaments tant recherchés sachant que ces traitements sont introduits aisément dans le territoire national».
Cette cacophonie marquant davantage le secteur de la pharmacie est, selon plus d'un pharmacien, provoquée par la mesure prise portant sur la fabrication locale du produit générique laissant de côté l'importation de la molécule mère, vu sa cherté.
Face à cette équation, le générique ne fait pas souvent le bonheur des patients, malgré la prise en charge de son remboursement par les services de la caisse de sécurité sociale.


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