Les « coordinateurs libres » du mouvement de redressement du FLN ne ménagent aucun effort pour atteindre leur but : écarter les « benflisistes » du 8e congrès bis (rassembleur). Après avoir saisi le président Bouteflika par le biais d'une lettre ouverte pour qu'il intervienne afin de remettre de l'ordre dans la maison, les coordinateurs libres prennent l'offensive, en gardant toujours l'oreille attentive à la réponse du Président. Dans cette logique, ils comptent animer une conférence de presse demain ou, au plus tard, jeudi dans le but de « dévoiler » les tenants et les aboutissants de la crise qui secoue le parti depuis des mois. Cette conférence, prévue pour être animée par le porte-parole de la « néodissidence », Tayeb Yenoune, serait également l'occasion pour les acteurs du mouvement de divulguer leur plan d'action en vue de faire aboutir leurs revendications. Ils définiront aussi les moyens à mettre en œuvre afin de « dresser un barrage » à « ceux qui entretiennent la culture de l'exclusion ». Une conférence nationale a été, en outre, programmée dans les prochains jours. Elle aura lieu, selon Tayeb Yenoune, avant la fin du mois en cours. Le mouhafadh d'Alger n'a pas manqué d'afficher la pleine détermination des « coordinateurs libres » à poursuivre leur « combat ». « Nous leur prouverons la justesse de notre cause avec des moyens pacifiques. Nous avons convié près de quarante personnalités et cadres du parti à prendre part à la prochaine conférence nationale que nous organiserons à Tizi Ouzou. Nous pensons, notamment, à Belaïd Abdeslam, à Ahmed Ben Bella et à Mouloud Hamrouche. Nous n'avons pas encore eu leur confirmation, mais nous souhaitons qu'ils soient parmi nous pour enrichir le débat sur l'avenir du FLN et l'issue de la crise », souligne-t-il. Le débat sera centré sur la définition de la genèse de la crise et les mécanismes adéquats pour la surmonter. Selon les organisateurs, près de 2000 militants seront présents à cette conférence. Les « coordinateurs libres » qui se sont autoproclamés les représentants authentiques de la base estiment que l'orientation choisie par Abdelaziz Belkhadem risque d'amener le parti à un « conflit inextricable ». Ces derniers, rappelle-t-on, se sont révoltés contre la composante de la commission nationale de préparation du congrès rassembleur, installée par Abdelaziz Belkhadem, coordinateur national du mouvement de redressement, en juillet dernier, arguant qu'il y a parmi les membres de ladite commission d'anciens pro-Benflis. Ils considèrent que Belkhadem les a « trahis et a failli à sa mission consistant à redresser le FLN et à ressouder la base ». Les anciens invités Tayeb Yenoune ira plus loin en disant que « Belkhadem n'est plus l'homme de la situation, car il a une faible personnalité qui ne lui permet pas de prendre des décisions importantes et de trancher sur la tenue du congrès ». M. Yenoune tire son argument du fait que ce dernier (Belkhadem) a reporté à maintes reprises la date de la tenue du congrès rassembleur le 8e congrès étant annulé par une décision de justice et n'a, de surcroît, pas installé les commissions de wilaya nécessaires pour la conduite des congrès régionaux. Au sujet de la commission nationale parallèle de préparation du 8e congrès bis, dont la création a été annoncée lors de la réunion d'Oran tenue en août dernier, M. Yenoune précise : « Les critères de la nomination des membres de cette commission ont été définis lors d'une réunion qui s'est tenue jeudi dernier à Tizi Ouzou. Son installation se fera après la tenue de la conférence nationale. » « Belkhadem sera désigné à la tête de cette commission », ajoute-t-il. Les compagnons de M. Yenoune veulent, à travers cela, « responsabiliser Belkhadem et le mettre face à la réalité du parti ». La nouvelle dissidence estime, en outre, que « de jeunes militants ont été exclus du parti bien qu'ils aient participé activement dans le mouvement de récupération du parti et soutenu le président Bouteflika ». Du côté de Belkhadem, c'est le silence radio. Personne ne veut parler ni s'exprimer sur les projets et les revendications de ces « coordinateurs libres ». En réponse à nos questions, Abdelkrim Abada s'est contenté uniquement de rappeler que « la date du congrès réunificateur n'a pas été arrêtée ». Détermination Il soulignera, en outre, que « les cinq commissions n'ont pas finalisé leur rapport ». Abderezzak Bouhara, membre de la commission chargée de la préparation du nouveau statut du FLN et sénateur, avait souligné, pour sa part, lors de la cérémonie d'ouverture de la session automnale du Parlement que cette dernière avait terminé son travail. Ainsi, il dira que la nouvelle restructuration et réorganisation du parti tend vers la limitation des prérogatives du secrétaire général, en élargissant les pouvoirs du comité central. M. Bouhara a estimé que « le FLN avait survécu à toutes les crises et saura surmonter la situation conflictuelle actuelle ». Comment et par quels moyens ? Il n'en dira pas plus.