François Hollande évasif Hier après-midi, tout le gouvernement était convoqué à cet effet, en vue de faire avaliser le recours au 49-3 par le Conseil des ministres extraordinaire et permettre ainsi à l'équipe Valls d'engager sa responsabilité sur un projet violemment contesté à gauche comme à droite. Le président François Hollande et le Premier ministre Manuel Valls ont finalement choisi de recourir à l'arme constitutionnelle de l'article 49-3 pour arracher la réforme controversée du droit du travail, contestée aussi bien dans la rue où de nombreuses manifestations ont eu lieu depuis plus d'un mois, certaines ayant dégénéré, que dans l'enceinte parlementaire où les députés de gauche n'ont pas caché leur vif mécontentement. Craignant un blocage à l'Assemblée, le gouvernement a donc décidé de passer outre le Parlement et d'imposer par un passage en force la loi, sa dernière grande réforme du quinquennat, à un an de la prochaine élection présidentielle dont tout laisse craindre qu'elle ne sera pas en faveur du camp socialiste. Hier après-midi, tout le gouvernement était convoqué à cet effet, en vue de faire avaliser le recours au 49-3 par le Conseil des ministres extraordinaire et permettre ainsi à l'équipe Valls d'engager sa responsabilité sur un projet violemment contesté à gauche comme à droite, et susceptible par conséquent de se heurter à une motion de censure votée par l'un ou l'autre camp sinon, pire, par les deux! Bien que minoritaire au sein de l'Assemblée, l'opposition de droite a déjà indiqué qu'elle compte déposer une motion de censure, arguant que le texte a été vidé de sa substance, à force de modifications au lendemain des violentes manifestations de ces dernières semaines, assorties de plusieurs blessés. L'argument des auteurs, à commencer par la ministre du Travail, Myriam al Khomri, est que cette mouture permettrait de donner plus de souplesse aux entreprises afin de résorber un chômage de masse (plus de 10%), mais tel n'est pas l'avis de ses détracteurs à gauche qui jugent le texte trop libéral, au point que des députés de plus en plus nombreux dans le camp communiste, écologiste et même socialiste n'ont pas fait mystère de leur décision de voter contre le projet. La conjonction croissante des manifestants - travailleurs, étudiants - a culminé avec la mobilisation décrétée par les principaux syndicats (CGT, Force ouvrière etc), lors de la commémoration traditionnelle de la fête du Travail, au point que les élus craignent désormais le pire pour le scrutin de 2017 et s'évertuent à appeler à la raison un gouvernement théoriquement de gauche, mais dont les choix successifs ont démontré les certitudes suicidaires. En effet, le recours au 49-3, déjà utilisé en 2015 pour faire passer coûte que coûte une réforme portée par le ministre de l'Economie Emmanuel Macron va immanquablement aggraver la fracture, déjà inquiétante, entre les familles politiques de la gauche, non seulement dépitées par le bilan du président François Hollande, mais de surcroît convaincues d'avoir été tout à la fois bernées et trahies. Dans cette ambiance délétère, la justice a apporté son grain de sel en ouvrant hier une enquête sur les accusations de huit femmes, dont quatre élues, contre le député écologiste Denis Baupin, marié à la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, pour harcèlement sexuel. Démissionnaire, il a porté plainte en diffamation contre le site d'informations Mediapart et la radio France Inter qui ont recueilli les témoignages. Ce nouvel épisode de la «saga sexe et politique» si caractéristique de l'histoire de France, dirait le personnage Bérurier de Frédéric Dard, soulève une tempête dans un verre d'eau, remettant au goût du jour les frasques de Dominique Strauss-Kahn et c'est à se demander si ce débat opportun dont les millions de Français frappés par la crise et le chômage se moquent éperdument n'a pas encouragé le gouvernement à chercher à profiter d'une accalmie précaire sur le front social pour jouer son va-tout. Un jeu apparemment risqué.