Le gouvernement socialiste français a enregistré un succès, jeudi, avec le rejet de la motion de censure déposée par l'opposition de droite, après son passage en force à l'Assemblée nationale sur une loi économique, dite loi Macron. Le Parlement a du même coup adopté la loi proposée par le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, qui prévoit parmi diverses mesures une extension du travail le dimanche et un assouplissement du code du travail, et qui avait divisé la majorité de gauche. La motion a recueilli 234 voix, bien moins que les 289 voix nécessaires pour renverser le gouvernement, a annoncé à la tribune le président de l'Assemblée nationale, le socialiste Claude Bartolone. Ce rejet était attendu car les députés "frondeurs" socialistes qui refusaient de voter la loi Macron, trop libérale à leur goût, avaient fait savoir, avant le vote, que leur opposition n'irait pas jusqu'à joindre leur voix à celles de l'opposition de droite. Avant le vote, le Premier ministre Manuel Valls a justifié l'engagement de la responsabilité de son gouvernement sur cette loi, qu'il a qualifié "d'acte d'autorité" face "à l'irresponsabilité, l'immaturité de certains", dans une allusion aux députés frondeurs du Parti socialiste (PS). Ce groupe d'une trentaine de députés PS, très remontés contre les orientations économiques "social-libérales" de l'exécutif, avait franchi la ligne rouge mardi en annonçant son refus de voter en première lecture le projet de loi "pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques", dite loi Macron. Le gouvernement table sur cette loi pour relancer une croissance en berne et démontrer aux instances européennes sa volonté de réformer. Arguant que le texte avait déjà donné lieu à 200 heures de discussions à l'Assemblée et à l'adoption d'un millier d'amendements, il a décidé de recourir à la procédure expéditive dite du "49-3" (intitulé d'un article de la Constitution). Cela permet de considérer le texte, qui n'est pas soumis au vote, comme adopté sauf si une motion de censure retire sa confiance au gouvernement. L'ancien président Nicolas Sarkozy, président du parti de droite UMP, a estimé, jeudi, que le recours au 49-3, qui n'a en fait pas été utilisé depuis 2006, révèle la "faiblesse" de l'exécutif et est la conséquence des "mensonges" répétés du président François Hollande. François Hollande avait, lui, souligné, mercredi, que le rejet attendu de la motion de censure montrerait qu'il n'y a "pas de majorité alternative". L'épisode, qui intervient à quelques semaines d'élections départementales qui s'annoncent désastreuses pour la gauche, a aussi fracturé le parti socialiste, en pleine préparation de son congrès en juin. Certains, comme le député socialiste Christophe Caresche, ont appelé à l'exclusion des frondeurs du PS, option rejetée par les responsables socialistes. R.I. /Agences