Le controversé vice-président et ex-allié de Dilma Rousseff, Michel Temer, prend l'intérim de la présidence Ex-allié devenu rival de la présidente élue Dilma Rousseff, le vice-président de centre-droit Michel Temer, 75 ans, s'est installé au palais du Planalto, (...) entouré des 24 ministres de son gouvernement de redressement économique. Michel Temer assume depuis jeudi la présidence d'un Brésil divisé et en crise, promettant apaisement et redressement économique, après un vote historique du Sénat qui a suspendu du pouvoir la présidente de gauche Dilma Rousseff. Ex-allié devenu rival de la présidente élue Dilma Rousseff, le vice-président de centre-droit Michel Temer, 75 ans, s'est installé au palais du Planalto, tout sourire comme au soir d'une élection triomphale, entouré des 24 ministres - tous des hommes - de son gouvernement de redressement économique de contours libéral. S'adressant à la nation, il a tenu des paroles d'apaisement, demandant aux Brésiliens de lui accorder leur «confiance», ajoutant qu'il était «urgent de pacifier la nation et d'unifier le pays». «Il est nécessaire de rétablir la crédibilité du Brésil sur la scène nationale et internationale», a-t-il dit, prônant des coupes budgétaire, des incitations à l'investissement pour combattre l'inflation élevée et la flambée du chômage. Michel Temer a nommé au ministère des Finances Henrique Meirelles, un économiste orthodoxe et ancien président de la Banque centrale. M. Temer s'est aussi engagé à ne pas toucher aux «programmes sociaux» mis en place par la gauche en faveur des plus démunis. Il a promis de ne pas chercher à étouffer l'enquête sur le gigantesque scandale de corruption Petrobras, qui éclabousse de plein fouet tant le PT de Mme Rousseff que sa formation. Tôt le matin, les sénateurs avaient voté à une très large majorité (55 voix sur 81) l'ouverture d'un procès en destitution de l'impopulaire dirigeante de gauche, accusée de maquillage des comptes publics. Ils l'ont ainsi automatiquement écartée du pouvoir pour un maximum de six mois en attendant leur jugement final. Ex-guerillera torturée sous la dictature militaire, Dilma Rousseff, 68 ans, a appelé les Brésiliens à «se mobiliser» contre le «coup d'Etat» dont elle se dit victime, avant de quitter la présidence. «J'ai pu faire des erreurs mais je n'ai pas commis de crime» de responsabilité, a-t-elle affirmé. Mme Rousseff allègue du fait que tous ses prédécesseurs ont eu recours à cette pratique sans avoir jamais été inquiétés. Elle accuse «le traître» Michel Temer d'avoir précipité sa chute pour s'emparer du pouvoir en poussant fin mars sa formation, le grand parti centriste du PMDB, à lui retirer son appui. Mme Rousseff pourrait revenir en septembre, après les Jeux olympiques (5-21 août), mais ses chances d'être réintégrée par le Sénat sont quasiment nulles. «Aux Brésiliens qui s'opposent au coup d'Etat, qu'ils soient de n'importe quel parti, je lance un appel: restez mobilisés, unis et dans la paix», a clamé Dilma Rousseff. «Dilma, guerrière, de la patrie brésilienne!», ont scandé ses ministres rassemblés dans la salle de presse quand elle est apparue, un slogan repris par quelque 500 de ses partisans - dont l'ex-président Lula apparemment très ému - pendant un autre discours, devant le palais présidentiel, entrecoupé des cris «Dehors Temer!». «Ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement mon mandat, c'est le respect des urnes, de la souveraineté du peuple brésilien et de la Constitution», a insisté la présidente. Michel Temer, homme d'appareil sans charisme peu connu des Brésiliens est tout aussi impopulaire qu'elle. Environ 61% des Brésiliens souhaitent son départ et des élections anticipées, non prévues par la Constitution, selon un récent sondage. Dans ce contexte rempli d'incertitudes, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé les Brésiliens «au calme et au dialogue au sein de toutes les composantes de la société». Barack Obama, a manifesté sa «confiance dans la solidité des institutions démocratiques du Brésil pour résister aux turbulences politiques», a affirmé Josh Earnest, porte-parole de la Maison Blanche. Il a précisé que le président américain n'avait eu aucun échange téléphonique avec Michel Temer.