Le groupe terroriste «Etat islamique» a de nouveau frappé au Yémen, au Hadramaout (photo archives) Daesh a signé hier au Yémen un nouvel attentat-suicide qui a fait 31 morts et 62 blessés parmi des recrues de la police dans une région du sud-est du pays qui était jusqu'à récemment la chasse gardée d'Al Qaîda. Après avoir échappé à cet attentat, le chef de la police de la province du Hadramaout, le général Moubarak al-Oubthani, a été légèrement blessé dans un deuxième attentat à l'explosif devant son bureau où six de ses gardes du corps ont trouvé la mort, selon une source de la sécurité. Le général Oubthani était sorti indemne tôt hier lorsqu'un kamikaze avait actionné sa ceinture d'explosifs parmi des dizaines de jeunes rassemblés dans un centre de recrutement de la police à Fuwah, dans la banlieue sud-ouest de Moukalla, chef-lieu du Hadramaout, a indiqué un responsable provincial. Au total, 31 recrues ont été tuées et 62 blessées dans cet attentat, selon des sources médicales qui ont révisé à la hausse un premier bilan de 25 morts et 60 blessés. L'EI, de plus en plus actif dans le sud du Yémen, a indiqué qu'un de ses combattants, identifié comme étant Abou al-Baraa al-Ansari, avait mené l'action suicide contre «les apostats des forces de sécurité, faisant environ 40 morts et des dizaines de blessés» à Fuwah. Il s'agit de la deuxième opération revendiquée dans ce secteur par l'EI qui n'avait pas auparavant fait acte de présence dans la vaste province du Hadramaout, l'un des principaux bastions d'Al Qaîda, fortement implanté depuis une vingtaine d'années dans le sud du Yémen. Jeudi, l'EI avait revendiqué une attaque meurtrière contre l'armée yéménite à Khalf, à l'est de Moukalla, où trois attentats suicide à la voiture piégée avaient fait, selon un responsable militaire, au moins 15 morts. Hier, des soldats ont tiré, sans la toucher, sur une voiture soupçonnée d'être conduite par un kamikaze près d'une caserne à Khalf, mais le conducteur a réussi à prendre la fuite, selon une source de sécurité. L'EI donne l'impression de prendre le relais d'Al Qaîda à Moukalla depuis que les forces gouvernementales, appuyées par une coalition menée par l'Arabie saoudite, ont réussi le 24 avril à reprendre cette grande ville portuaire que les combattants d'Al Qaîda contrôlaient depuis un an. Les forces gouvernementales, soutenues par une coalition sous commandement saoudien, peinent à rétablir la sécurité dans les provinces et les villes du sud, reconquises l'été dernier. Les attaques, revendiquées ou attribuées à des groupes jihadistes, contre des symboles de l'Etat se sont multipliées ces derniers mois dans ces régions, dans une apparente tentative d'entraver les efforts du gouvernement de remettre sur pied l'armée et les forces de sécurité. En avril, 20 recrues de l'armée avaient été tuées dans une embuscade tendue par des jihadistes dans la province d'Abyane, voisine de celle du Hadramaout. Et en février, un attentat revendiqué par l'EI avait fait 14 morts Des pourparlers de paix, engagés le 21 avril sous l'égide de l'ONU, se poursuivent à Koweït sans aucune percée significative vers un règlement. Le conflit a fait plus de 6.400 morts, 30.000 blessés et 2,8 millions de déplacés. Le fossé reste grand entre les délégations du gouvernement et des rebelles, qui s'accusent mutuellement de ne pas respecter une trêve, violée constamment depuis son entrée en vigueur le 11 avril à l'initiative de l'ONU.