Revisité de fond en comble, le programme du FLN s'accommode désormais de la mondialisation et d'un nouveau code de la famille. Etalé sur pas moins de 19 pages pleines, dont nous avons obtenu copie bien avant son adoption, le projet de motion de politique générale du FLN rejoint en grande partie les grandes lignes du programme présidentiel, dont il veut être le continuateur, «le porte-étendard et le principal exécutant», pour reprendre les termes exacts d'un congressiste dont le poids n'est guère négligeable. Inscrit sous le signe de la réconciliation, c'est à peine si le document évoque en deux lignes la crise passée, qui avait failli miner le parti. La présence, main dans la main, des anciens frères ennemis, est une preuve suffisante que les vieilles rancoeurs sont mortes et enterrées. Amar Tou, toujours aussi dynamique et souriant, ne cache pas que des «conflits» très sains peuvent surgir dans le cadre du dépôt des candidatures pour l'accès aux structures dirigeantes. «Mais il n'y a là rien que de normal», nous dit-il, dans tout parti au fonctionnement démocratique. Toujours est-il que le document, dont l'adoption quasi intégrale ne fait de doute pour personne, revient en détail sur les grandes lignes de sa propre réforme, puisque le FLN admet «la mondialisation comme un fait incontournable», mais aussi sur les grandes lignes concernant la gestion des affaires de la cité. Un par un, l'ensemble des projets qui tiennent à coeur au président sont évoqués en termes on ne peut plus dithyrambiques. Ainsi donc, le FLN évoque-t-il la nécessaire mise en place d'«un Etat fort qui interdise les dépassements, de quelque nature qu'ils soient». Pour ce faire, il est préconisé «une séparation effective entre les différents pouvoirs (...) mais aussi une transparence absolue dans la gestion des affaires de la cité». Sur la lancée, le fameux rapport Sbih, sans être nommément cité, est soutenu à son tour puisque le document évoque sans ambages «la nécessaire réforme des structures de l'Etat vers une plus grande modernisation, y compris au sein de l'instance gouvernementale». Ici, beaucoup de congressistes consultés s'accordent à dire que le FLN cherche, à travers ce congrès organisé à la hâte, à reprendre le contrôle du gouvernement et, partant de l'Alliance présidentielle et de la future campagne référendaire en faveur de l'amnistie générale et de la réconciliation nationale. Ce sont là, du reste, deux slogans affichés sur des banderoles géantes au niveau de la Coupole, à côté d'énormes portraits du président Bouteflika afin que le doute sur le sujet ne soit guère permis. Cette réconciliation, que le président souhaite globale et sans exclusion aucune, englobe de facto la gent féminine. A ce propos, le document souligne la nécessité de « combattre véritablement toutes les formes de comportements visant à marginaliser la femme algérienne ou susceptibles de l'exclure». Idem pour la nécessaire réforme des secteurs de l'éducation et de la justice. Le document, après un hommage appuyé aux résultats obtenus grâce à l'application de la politique de concorde civile depuis 1999, insiste pour dire qu'il faut prendre en charge humainement, socialement et économiquement l'ensemble des victimes et ayants droit de la tragédie nationale. Le document enchaîne pour dire que «l'ensemble des mesures suivantes, dont les principales sont la réconciliation nationale et l'amnistie générale, est le signe du retour en force d'un Etat fort et stable, qui veille à supprimer l'ensemble des causes qui avaient provoqué cette crise...». Le document, pour finir, souligne avec force «la nécessité de poursuivre un dialogue authentique avec le mouvement des archs, en y incluant, toutefois, les partis politiques et les associations représentantes de la société civile».