Le MSP a reculé sur sa demande d'organiser obligatoirement un référendum sur la révision du code de la famille. Lors d'une conférence de presse animée hier au siège national, Abdelmajid Menasra a déclaré que son parti ne s'oppose nullement à la révision de la loi de1984, mais rejette des amendements ciblés proposés par la commission Boutarn et endossés par le gouvernement. Selon le vice-président du mouvement, la révision du code de la famille est nécessaire, mais elle ne doit pas porter atteinte aux principes dogmatiques de l'islam. À ce titre, la consultation du peuple par voie référendaire n'est pas incontournable. “Le référendum devrait avoir lieu sur les amendements qui seront imposés par le gouvernement, alors qu'ils ne sont pas agréés par des partis politiques, dont le nôtre”, précise le vice-président du mouvement. Le challenge du MSP s'articule autour de ses capacités à compromettre l'adoption de l'amendement relatif à la suppression du tutorat matrimonial sur la femme et des contraintes imposées aux maris souhaitant contracter un deuxième, voire un troisième et même un quatrième mariages. Il aurait déjà gagné la bataille, à en croire les deux membres de sa direction. Ils ont insinué que le gouvernement est appelé à revoir sa copie afin de présenter au Parlement un projet expurgé de ses deux propositions d'amendement. Ce qui expliquerait le retard accusé dans la programmation de l'avant-projet de loi de révi sion du code de la famille en Conseil des ministres, alors qu'il a été adopté en Conseil de gouvernement il y a quatre mois. “Nous saluons le président de la République qui a gelé le processus de révision du code de la famille”, a noté Ahmed Dane, responsable de la communication et des questions politiques au sein du mouvement. Dans un tout autre registre, le MSP soutient inconditionnellement l'idée d'une amnistie générale découlant de la démarche portant réconciliation nationale. Interrogé sur la signification d'un concept aux contours encore flous, Abdelmajid Menasra a annoncé que l'amnistie générale, dont a parlé le chef de l'Etat, est exclusive aux éléments des groupes armés. “Il ne s'agira pas de piétiner, en conséquence, les droits des victimes du terrorisme ou d'oublier d'exiger le règlement du dossier des disparus”, a-t-il ajouté pour atténuer quelque peu le choc que provoquerait inévitablement une telle révélation chez les personnes qui ont souffert de la violence intégriste. Les responsables du MSP ont appelé, par ailleurs, le président de la République à ouvrir un nouveau chantier, celui de la réforme du système politique. “L'élection présidentielle d'avril dernier a prouvé que le peuple ne s'accommode pas de l'insulte, de l'extrémisme et du discours éradicateur”, a affirmé Ahmed Dane, plaidant pour une décantation de la classe politique. Il a souhaité paradoxalement une révision de la loi organique sur les partis qui ne facilite pas, de son avis, l'activisme politique. Le MSP s'accroche à sa revendication inhérente à la levée de l'état d'urgence. “Son maintien constitue un point noir qui entache l'image de l'Algérie à l'extérieur”, a affirmé Abdelmajid Menasra. Il a regretté aussi l'annulation du bac islamique. Les deux conférenciers n'ont eu de cesse de clamer que l'alliance présidentielle se porte à merveille. “Cette alliance est construite sur des bases solides. Elle subit quelques problèmes de coordination à cause de la crise que vit le FLN”, ont expliqué tour à tour A. Menasra et A. Dane. Dans la foulée, ils ont fait allusion à la formation prochaine d'un gouvernement qui respectera l'équilibre politique reflété par l'alliance présidentielle. S. H.