Le roi livre une guerre à l'ONU et à l'Algérie C'est une autre bataille que le Maroc est en train de perdre dans cette «guerre» qu'il a décidé de livrer à l'Algérie. Une défaite personnelle pour le souverain marocain qui avait pris la décision de décapiter la composante civile de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental. Il avait ordonné l'expulsion de 75 de ses membres et la suppression de sa contribution financière. Des mesures de rétorsion prises en réaction à la déclaration du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies qui a qualifié la présence marocaine au Sahara occidental d' «occupation» lors de sa visite dans la région, au mois de mars, qui l'a mené à Alger où il fut chaleureusement accueilli. Une escale qui a été vue d'un très mauvais oeil par Rabat. Au point où le monarque alaouite a cru y déceler un «complot». «Les choses en sont arrivées au point d'engager une guerre par procuration où le secrétaire général des Nations unies est instrumentalisé pour essayer de porter atteinte aux droits historiques et légitimes du Maroc concernant son Sahara, comme en témoignent les déclarations partiales du responsable onusien et ses agissements inacceptables afférents au Sahara marocain», m'avait déclaré Mohammed VI lors du Sommet Maroc-Pays du Golfe qui s'est tenu, au mois d'avril, à Riyadh, en Arabie saoudite. L'Algérie qui soutient les efforts déployés par le numéro un de l'ONU et son envoyé spécial pour aboutir à une solution du conflit du Sahara occidental qui puisse garantir le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui a été particulièrement prise pour cible sans être nommée. «Les adversaires du Maroc déploient tous les moyens, directs et indirects, dans leurs menées flagrantes. Ils tentent, selon les conjonctures, soit de délégitimer la présence du Maroc dans son Sahara, soit d'appuyer l'option de l'indépendance et la thèse séparatiste, ou encore d'affaiblir l'Initiative d'autonomie dont la communauté internationale atteste le sérieux et la crédibilité», a t-il dit dans des propos qui en disent long sur l'esprit rancunier et les intentions belliqueuses qu'entretient l'héritier de Hassan II vis-à-vis de l'Algérie. L'affaire de l'expulsion des membres de la Minurso sera traînée comme un boulet de canon par le pouvoir marocain tant qu'elle n'est pas rétablie pleinement comme le stipule la dernière résolution du Conseil de sécurité. L'Algérie a manifesté sa préoccupation à ce sujet. L'Algérie «escompte que des mesures seront rapidement prises afin de permettre à la Minurso d'accomplir pleinement son mandat, dont le couronnement réside dans l'organisation au Sahara occidental d'un référendum d'autodétermination libre et sans contrainte administrative ou militaire», a indiqué un communiqué du département des Affaires étrangères de Ramtane Lamamra L'Union européenne a son tour vient d' «arbitrer» le bras de fer qui a opposé Ban Ki-moon à Mohammed VI. Le verdict est sans appel. A une question de l'eurodéputée espagnole, Paloma Lopez, qui l'interpellait sur l'expulsion de la composante civile de la Mission de maintien de la paix des Nations unies au Sahara occidental, la patronne de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a répondu sans ambages, «L'UE soutient la Minurso et son important mandat» révélant que l'Union européenne «a abordé cette question dans le cadre de son dialogue politique avec le Maroc». La haute représentante de l'UE aux Affaires étrangères et la politique de sécurité a dans la foulée réitéré le soutien de l'Union aux efforts déployés par le secrétaire général des Nations unies pour «parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d'arrangements conformes aux buts et principes de la Charte des Nations unies». Une autre bataille que le Maroc est en train de perdre dans cette «guerre» qu'il a décidé de livrer au SG de l'ONU et à l'Algérie. Un camouflet pour Mohammed VI.