En dépit de la réticence de Bouteflika, les congressistes insistent pour qu'il accepte d'être le président du parti. Selon certains ministres, le chef de l'Etat bien qu'il ait interpellé les responsables du FLN quand le parti était en pleine crise, a manifesté une certaine réticence à accéder à leur demande d'être le leader du vieux parti. Il aurait évoqué sa fonction au sein de l'Etat qui l'empêcherait de se consacrer à des activités partisanes, cependant, selon certaines sources, rien n'est encore joué et le président reste ouvert à toutes les suggestions. Les mêmes propos sont tenus par deux importants membres de la commission des cinq, en l'occurrence Amar Saïdani et Saïd Bouhadja, respectivement présidents de la commission des candidatures et celle des statuts. Ils n'ont, jusqu'à une heure tardive hier pas exclu la venue du chef de l'Etat que tous les intervenants au 2e jour et fin des travaux du congrès réunificateur du FLN qui se relayaient à la tribune, ont sollicité pour être leur président. Il faut dire que depuis le début, tout était réglé comme du papier à musique pour arriver à cette finalité. Ni les contestations ni les nombreux recours n'ont pu ébranler le bon déroulement du congrès qui a remis le vieux parti dans la légalité. Dans l'après-midi d'hier, la commission que préside Bouhadja était à pied d'oeuvre. C'est que l'objet de leur réunion est capital «pour le présent et l'avenir du parti», dira Salah Goudjil, soutenu par Abderrazak Bouhara qui prenait la parole devant ses collègues et dont la mission était de dégager l'article relatif au poste de président du parti afin qu'il puisse être soumis à la commission de candidature qui, à son tour, mettra un nom sur celui qui occupera le fauteuil de chef du parti. Bien entendu, ledit article est sous forme de proposition dans les nouveaux statuts concoctés par les juristes de la formation politique. Il stipule que le président doit être plébiscité par le congrès. Le nom du président est un secret de polichinelle. Une invitation a été adressée publiquement au chef de l'Etat pour qu'il accepte de guider le parti vu qu'il est «un enfant du FLN». Et lui-même revendique appartenir à la famille révolutionnaire qu'il a eu l'occasion de porter au pinacle lors de son passage à Zighoud-Youcef où il a encensé l'ancienne garde et son «maître» le défunt Rabah Bitat avec qui il a fait ses première classes. Cela étant, le suspense était savamment entretenu hier. Le doute planait toujours sur la présence du chef de l'Etat et de son acceptation du poste de président du parti. Même les ministres qui se sont illustrés par des déclarations à tout bout de champ n'étaient pas dans le secret des dieux. Les autres avaient beau supputer, mais ils ne savaient pas grand-chose. Les responsables provisoires du parti comptaient, hier, mettre le paquet et tarabuster Bouteflika pour qu'il accepte le poste de leader du parti. Ils avaient l'intention de le mettre devant le fait accompli pour qu'il daigne se soumettre à la volonté des congressistes. On attendait sa venue tard dans la nuit sans doute pour créer l'effet de surprise. Il suffisait de voir la mine détendue de Belkhadem et de ses compagnons pour comprendre que c'était jouable et que les protagonistes allaient jouer leur dernière et importante carte pour réaliser leur projet. Saïdani avait écarté en marge des travaux l'éventualité que le chef de l'Etat rechigne à accepter leur demande car «les congressistes ne lâcheront pas prise. C'est le seul qui soit apte à prendre le poste et d'ailleurs il a été institué spécialement pour lui». Selon le responsable, «cela n'affecte en rien son statut de président de tous les Algériens, d'autant plus qu'il a siégé au comité central du 6e congrès du FLN. Cette éventualité est également sans conséquence sur l'Alliance présidentielle. Cela entre dans les pratiques des pays démocratiques où le président de la République est souvent celui du parti majoritaire dans les institutions élus.» Cet argument pourrait contraindre Bouteflika à se plier à la demande des congressistes. Il a besoin de ce parti pour conduire les réformes et pour appliquer les projets de réconciliation nationale et de l'amnistie générale, d'autant plus que les chefs de file du mouvement des redresseurs ont pris le risque de faire éclater leur parti pour lui. Ce serait juste un renvoi d'ascenseur et à ce moment-là, on pourra dire que le bloc monolithique qu'est le FLN new-look aura signé son grand retour et d'une manière magistrale. De toute façon, en dépit de la réticence de Bouteflika, les congressistes compte le plébisciter, voire le harceler afin qu'il accepte d'être le président du parti. L'ancien secrétaire général du parti, M.Boualem Benhamouda, a été fortement ovationné quand il a prononcé son laïus. Il a déclaré que «l'objectif de la tenue de ce ongrès est de réunir les militants du parti pour que celui-ci redevienne plus fort que jamais et puisse jouer pleinement son rôle dans la vie politique» du pays. M.Benhamouda a indiqué également, qu'«il est inconcevable que le FLN reste les bras croisés devant les grandes mutations que connaît le pays alors qu'il détient la majorité dans les assemblées élues». Par ailleurs, le rapport de la commission de validation des mandats a été adopté. La commission présidée par Saïd Barkat a approuvé les mandats de 2 962 délégués, alors que 348 autres n'ont pas été agréés, dont 76 délégués pour «appartenance à d'autres partis politiques, n'ayant pas requis l'ancienneté nécessaire au sein du FLN et pour s'être présentés sur des listes électorales autres que celles du parti». Il a été procédé à l'installation de la commission de candidatures.