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La "rokia", spécialité universitaire?
UN VENT DE CHARLATANISME SUR LE PAYS
Publié dans L'Expression le 24 - 05 - 2016

«Lorsque le rokyiste est fidèle au texte coranique, la ‘'rokia'' permet de guérir toutes les maladies qui existent sur la terre ().» Pas moins!
Comment se fait-il que la «rokia», tout comme la «hijama», l'interprétation des rêves, la sorcellerie et autres pratiques charlatanesques soient devenues monnaie courante dans l'Algérie de 2016...
Durant la première décennie 2000, l'Entv, unique à l'époque, lançait l'émission «Fettawi 3alla elhawa» (les fetwas en direct). Deux diplômés en sciences islamiques animaient l'émission. Jamais, ils ne dénonçaient la pratique. Seulement, ils posaient une condition pour avoir le titre de «rokyiste»: «détenir un diplôme universitaire en sciences islamiques». Pas moins! Sortie de la bouche d'universitaires, une telle affirmation va forcément induire les bonnes gens dans l'erreur de croire que le charlatanisme est un savoir académique universel. Cette croyance est fortement ancrée via les chaînes satellitaires arabes - de celles commanditées par les cercles occultes de certaines puissances occidentales et dont l'objectif est de maintenir la jeunesse arabe dans l'ignorance du vrai savoir. Celui qui aide à monter sur la Lune ou à guérir des maladies graves.
Pour vanter les mérites de ce «3ilm» ou savoir «scientifique» (sic!), des «3oulama» ou savants (re-sic!) cathodiques algériens rejoignent et dépassent leurs collègues des télévisions arabes du Machrek. Ces derniers ont à leur disposition une chaîne TV satellitaire dédiée uniquement à la «rokyia». Ainsi on apprend de la bouche, de l'un d'eux, fonctionnaire à Djamaâ el Kebir d'Alger, que «lorsque le rokyiste est fidèle au texte coranique, la rokia'' permet de guérir toutes les maladies qui existent sur la terre ()». Pas moins! Ainsi sont posés les jalons d'une légitimation universitaire d'une pratique charlatanesque (le désenvoûtement ou «rokia») que l'Eglise catholique avait hissés au rang de pratique prestigieuse........au Moyen - Âge. Heureusement pour les habitants de ce continent que l'esprit scientifique a fini par prévaloir sur l'obscurantisme des religieux. Ainsi, arriva le siècle des Lumières qui mit fin à ces pratiques barbares. Il nous faut souligner que la Renaissance européenne dans les domaines scientifique, littéraire, artistique et autres activités de l'esprit s'est beaucoup inspirée des Lumières de la civilisation musulmane de l'Andalousie.
Comment se fait -il que la «rokia», tout comme la «hijama», l'interprétation des rêves, la sorcellerie et autres pratiques charlatanesques soient devenues monnaie courante dans l'Algérie de 2016.......
Huit siècles après qu'elles furent effacées par les Lumières musulmanes d'Andalousie et la Renaissance européenne? Que dire des années sanglantes (décennie 1990) où les citoyens algériens firent front à toutes formes de déchéance morale et religieuse? Vingt ans après, le terrorisme est vaincu, mais l'esprit qui lui a donné naissance revient en force au sein de la société, encouragé et dopé par certains médias privés (télévisions et journaux). Ainsi - comble du ridicule! - la «rokia», ce charlatanisme est élevé au rang de «3ilm» (savoir) et ses pratiquants rehaussés du titre de «3allem» (savant) qui attirent de plus en plus d'adeptes. Au point où le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs a lancé une sévère mise en garde contre ces pratiques d'un autre âge.
Dans l'ivresse ambiante teintée de bigoterie et crédulité, on apprend que des élèves candidats aux examens sont amenés par leurs parents chez le rokyiste. Ce n'est pas étonnant quand on sait qu'en 2012, des candidats au bac dans des wilayas du pays ont été invités à suivre les conseils d'imams, dans un amphithéâtre. Et vogue la galère des dérives!
Comble du ridicule pour un pays ennobli par une grande révolution, ces dernières années, les «rokyistes» sont devenus des concurrents dangereux pour les commerçants des cours payants. Ces enseignants-commerçants apprennent, qu'ici et là près de chez eux, des «rokyistes» attirent de plus en plus d'élèves. Et que pensez-vous que ces enseignants-commerçants fassent? Eh bien, il y en a parmi eux qui ont ajouté la pratique de la «rokia», à leur C.V, en plus du bachotage des problèmes-types à mémoriser par leurs élèves-clients.
C'est dire où nous ont menés et le système des examens de fin de cycle et les dérives culturelles et cultuelles de personnes habitées par le seul appât du gain facile. Ces «rokyistes» et ces enseignants-commerçants n'ont aucune considération, ni pour l'éducation des enfants ni pour les valeurs de l'islam des Lumières. Que faire pour mettre fin à leurs agissements? Deux solutions radicales s'imposent. D'abord, sévir contre l'abrutissement médiatique de nos citoyens par une réaction urgente des autorités habilitées. Ensuite, et c'est le rôle du ministère de l'Education nationale, revoir de fond en comble le système des examens et de notation, comme le recommande la dernière Conférence nationale d'évaluation de la réforme de juillet 2016. Des mesures progressives sont prises dans ce sens et c'est une bonne chose. En attendant la solution radicale.
Est -il difficile de nous inspirer des pays développés, les pays scandinaves et la Finlande en particulier, qui ont adopté un système d'épreuves d'examen basées sur l'évaluation des compétences intellectuelles supérieures de l'élève (la compréhension, l'analyse, la synthèse, l'esprit critique, l'esprit créatif)?
C'est assurément à une révolution des mentalités que l'Algérie doit s'atteler pour pouvoir moderniser sa culture, ses médias, son école et son université. En systématisant les pratiques pédagogiques basées uniquement sur la mémorisation par l'élève et le bachotage par l'enseignant, on ampute à la personnalité de nos élèves des attributs de l'intelligence: compréhension, raisonnement scientifique et pensée rationnelle. Ils deviennent ainsi des proies faciles aux charlatans qui sèment le wahhabisme dans les livres scolaires et parascolaires, les discours, les émissions télévisées et les comportements sociaux.
Il s'agit là d'un défi majeur qui se présente au pays, à ses élites politiques et intellectuelles. Un défi qui conditionne notre capacité à résister au virus de la «colonisabilité» et au néocolonialisme triomphant sous d'autres cieux. N'est-ce pas que la «rokyia» et toutes ces pratiques de charlatans ont servi de terreau au colonialisme sanglant qui a sévi dans notre pays pendant plus d'un siècle et demi?
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