Pour certains commerçants, le Ramadhan est l'occasion de s'enrichir Le mois sacré pointe du nez et avec lui les agissements des mercantilistes commerçants, aux armes bien affûtées, pour faire saigner les bourses des ménages. Il n'y a pas de doute, la soupe du mois de Ramadhan sera aussi chaude que le mois sacré prévu en juin prochain. A moins de deux semaines du mois de Ramadhan, les commerçants des produits de large consommation, fruits, légumes, viandes de toutes sortes et autres ingrédients de la popote du jeûne ont annoncé la couleur. Qu'importe pour ces commerçants indélicats, qu'elle soit pauvre ou riche, chacune de ces deux couches sociales doit se soumettre à la règle de l'offre et de la demande. Cette dernière n'a de sens qu'en ce mois sacré. L'offre des produits de large consommation est visible à l'oeil nu. Il suffit de faire un tour aux différents marchés de la ville d'Annaba, pour constater que l'abondance des produits, n'a rien à voir avec cette hausse vertigineuse, enregistrée depuis quelques jours. C'est dire que l'austérité va sans l'ombre d'un doute atteindre même les paniers des ménages. Ces derniers au vu des prix exorbitants des produits de large consommation, vont devoir eux aussi, appliquer le plan «Takachouf», imposé par l'Etat. En effet, à raison de 2100 DA le kilogramme de viande, le mouton a bien mérité ses ailes. 260 DA le kilogramme, la volaille se voit pousser des cornes. Le poisson, dont la sardine à 800 DA le kg, n'est plus cet aliment des pauvres, d'antan. Les fruits et légumes quant à eux, feront dès maintenant du yoyo, avec des bourses déjà asséchées par les factures salées de l'eau et de l'électricité. C'est le cas de le dire en cette période où les fruits et légumes effectuent le grand écart. Le paradoxe, c'est qu'il s'agit de fruits et de légumes de saison, dont les prix ont augmenté de manière excessive pour les ménages, lesquels subissent le diktat des mandataires et des détaillants. Ces derniers, comme à chaque Ramadhan, procèdent à des augmentations illégales, en dépit des mises en garde du ministère du Commerce. Ce dernier, signalons-le, a instruit les directions de contrôle des prix (DCP), celle d'Annaba entre autres, d'engager des opérations de contrôle durant le mois sacré et la saison estivale, avec une avalanche de pénalisations. A bon entendeur, les mandataires et les détaillants approchés, ne semblent pas prendre au sérieux les instructions du ministère du Commerce, encore moins les sanctions. Pour eux, le mois de Ramadhan est la seule occasion pour récupérer les pertes de l'année. «C'est un manque à gagner. Nous cédons tout le long de l'année, avec l'espoir de récupérer au mois de Ramadhan», nous dira ce marchand de fruits et légumes au marché couvert du centre-ville d'Annaba. Une tournée dans ce point de vente, le constat est effrayant, la spéculation qui règne en maîtresse des lieux, affole les pères de famille chez qui l'appréhension commence déjà à se faire sentir. «C'est fou comme les prix ont augmenté, si maintenant j'ai du mal à remplir le panier, comment vais-je faire au mois de Ramadhan», s'est lamentée cette mère de famille, au visage stupéfait d'interrogations, ne trouvant pas de réponses. Déçue, tout autant que les centaines de pères et mères de familles de ne pouvoir s'approvisionner même en produits de première nécessité. L'oignon qui était cédé à 30 DA, est passé à 50 DA. Pis encore, ces prix sont appelés à augmenter, selon les marchands des fruits et légumes. La laitue, à 100 DA, coûtera dans deux semaines 120 à 140 DA. Les prix vont doubler et même tripler. Comme la courgette qui a vu son prix tripler pour atteindre les 180 DA. Ils annoncent cette tendance haussière à l'approche de chaque mois sacré prévu à partir du 9 juin prochain. Les légumes les moins chers sont cédés actuellement à 120 DA, tels le concombre, l'aubergine ou la carotte. Les haricots verts et légumes de saison sont cédés à 300 DA. La pomme de terre, ce légume qui a fait la Une des journaux, de par l'abondance de la récolte et son exportation, coûte 6O DA. Quelle ironie, s'est exclamé ce père de famille. «On va jeûner 'brahmet Rabbi''», nous dira-t-il, en mettant en avant l'augmentation de 2,5% des pensions de retraite. «L'Etat se fiche de la République et de nous. Moi je suis un retraité qui touche 25.550 DA, dites-moi, comment puis-je subsister avec une telle pension, avec une fille handicapée, qui, elle, ne bénéficie d'aucune aide»?, avant d'ajouter: «A eux l'argent du pétrole qu'ils ont volé, à nous la misère et l'austérité.» C'est à se demander si l'Etat n'est pas lui-même complice, de par son silence, pour ne pas dire absence, complice de cette saignée qui guette les ménages. En tout cas, cette hausse et celle prévue les prochains jours, n'épargnera aucun marché ni point de vente au niveau local. Ce sont des augmentations qui interviennent au mauvais moment quand on sait que les ménages devront affronter les frais de l'Aïd El Fitr et les caprices de la saison estivale. Sans pour autant négliger la rentrée scolaire synonyme de dépenses supplémentaires par excellence. C'est dire que les bas et les moyens salaires seront saignés à blanc, jusqu'au mois d'octobre, coup de grâce, apporté par l'achat du mouton de l'Aïd El Adha. Ainsi, la spéculation entretenue savamment par les intermédiaires, mis à l'index par les consommateurs, a de beaux jours devant elle. En réalité, il s'agit d'un éternel recommencement, quand on sait qu'à l'approche de chaque mois sacré, les prix connaissent des augmentations auxquelles les Annabis sont malheureusement habitués! Ces derniers devront opter pour des repas froids pour apaiser la chaleur du mois de juin et avec elle, la hausse des prix des fruits et légumes.