img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P160526-07.jpg" alt=""Laissons ce corps tranquille!"" / Interview express, juste à la sortie de la projection du court métrage Kindil el bahr, à la Quinzaine des réalisateurs. C'était le 20 mai dernier au festival de Cannes. Un court métrage de 40 mn dans lequel la comédienne algérienne tient le rôle principal, un rôle fort et bien physique. Aussi, après Le Repenti où elle jouait aussi avec Nabil Asli, Adila Bendimerad avait hâte de retrouver à nouveau cette section cannoise, nous confie-t-elle. Dans ce film où la problématique du corps féminin est au centre du film, le rapport homme/ femme est également souligné avec acuité, il dresse aussi le portait d'une liberté mal acquise a fortiori chez la femme qui porte sur son dos la culpabilité du désir d'être libre, de profiter des petites joies de la vie... Outre la pertinence de la thématique pas assez abordée au cinéma, il y a le traitement cinématographique qui fait la singularité de Kindil el bahr. Adila Bendimerad répond à nos questions. L'Expression: Un sujet d'actualité, fort et précis... celui du corps féminin dans l'espace public... Adila Bendimerad: Je pense qu'on a été un peu submergé que ce soit en Algérie ou ailleurs dans le monde par cette question du corps féminin, par cette tension, donc à un moment c'est bon, c'est sorti. La problématique du corps féminin vous l'abordez à la plage. En Algérie ça a créé une polémique l'été dernier... Ça crée chaque début d'été une polémique. Encore une fois je crois que c'était le bon endroit. Pourquoi revenir se venger? Je crois que c'était pour le côté jouissif, pour s'amuser dans le cinéma. De faire un film de genre. Dans la vie on ne peut pas le faire, mais on peut se faire plaisir dans le cinéma. De temps en temps on a envie de donner une leçon quoi! Un film qui a envie de dénoncer? Envie de dire, maintenant c'est bon, on arrête cette violence, les violences, on laisse ce corps tranquille! Est-ce vrai que c'est inspiré d'une performance de l'artiste Adel Bentounsi? C'est inspiré d'une part de ça. Car on avait parlé justement de la problématique du corps. J'évoquais souvent l'envie de tourner sous l'eau, mais aussi il y avait à l'époque le lynchage d'une jeune Afghane et c'est à ce moment-là que Adel Bentounsi m'a parlé, s'agissant d'eau et de lynchage, d'une performance, nous expliquant en quoi elle consistait, ça portait autour d'une femme qui se retrouve entourée d'hommes et à la fin il ne devait y avoir que sa robe qui flottait et cette robe ressemblait à une méduse... C'est parti de là l'idée de se transformer en une méduse? Après, avec Damien Ounouri, on a écrit le scénario et on s'est dit qu'on va la faire devenir une vraie méduse pourquoi pas? Vous avez eu un un rôle bien physique. Comment s'y prépare-t-on? Se faire violenter d'une façon très réaliste? C'est très difficile, un peu horrible, ce ne sont pas de très bons souvenirs pour moi. Mais c'est ce qu'il fallait et on l'a fait. Je me suis quand même entraînée pas mal de temps avant pour ne pas paniquer mais avec le stress du tournage, il y avait de la panique. L'enjeu était de se calmer et réussir malgré l'eau à ne pas paniquer. Car vraiment, la panique c'est l'étouffement, et on ne peut rien faire, avec toutes les difficultés techniques d'un tournage normal, mais dans l'eau, il fallait garder son sang-froid.