Parmi les traditions des villages kabyles dont il ne restera bientôt que des cendres et un vague souvenir, il y a la solidarité indéfectible qui y régnait. Il y a quelques décennies, le village kabyle était une grande famille, où tout était partagé, du sourire au pain en passant par la compassion dans les moments difficiles... Mais que reste-t-il de nos jours de ces sources d'humanisme impérissable dans le temps? C'est à cette question et à d'autres du même registre que tente de répondre l'écrivain-romancier Mohand Arkat à travers son tout nouveau roman intitulé à juste titre «Tiwizi», qui vient d'être édité par la maison d'éditions La Pensée de Tizi Ouzou. Mohand Arkat vient en effet de publier sa deuxième fiction en langue amazighe après quelques publications en langue française qui ont constitué ses premières expériences dans le domaine littéraire. Mais son amour pour sa langue maternelle l'a poussé à troquer la langue de Molière contre celle de Mouloud Mammeri. Un choix qu'il assume avec conviction. Pour Mohand Arkat, qui est aussi un militant actif de la cause amazighe, notamment durant les années quatre-vingt-dix au sein du Mouvement culturel berbère, militer pour tamazight, c'est bien, mais produire dans cette langue c'est encore mieux. C'est la raison pour laquelle il a pris la résolution de mettre sa modeste plume au service de la langue amazighe qui, dit-il, a besoin que l'on s'investisse énormément dans le domaine du livre. Aujourd'hui, plus de 300 000 élèves sont concernés par l'enseignement de la langue amazighe dans les écoles algériennes, mais tout le monde déplore la pauvreté en matière de production livresque amazighe, surtout le roman. Il n' y a que les recueils de poésie qui pullulent sur les étals des librairies. Or, c'est du roman dont ont besoin les élèves et les enseignants de tamazight pour servir de support pédagogique. Mohand Arkat, préoccupé par cette problématique, est donc vite passé à l'acte. Son roman «Tiwizi», a d'ailleurs enregistré un excellent écho de la part des lecteurs, et ce, à peine quelques jours après sa publication. Mohand Arkat ne désespère pas de voir ces belles et authentiques traditions rayonner de nouveau. Mohand Arkat rappelle que tiwizi ou l'entraide dans les villages kabyles est l'affaire de tout le monde. Quant à l'écriture en langue amazighe, notre interlocuteur souligne aussi: «Nous sommes tous concernés, chacun doit apporter sa touche, surtout ceux qui ont des idées qui peuvent contribuer à faire avancer la langue amazighe.» Il y a lieu de rappeler que Mohand Arkat, enseignant de français, a également contribué à l'enseignement de tamazight, par militantisme, insiste-t-il. Concernant son deuxième roman en tamazight, Mohand Arkat explique que ce livre contient un message car, ajoute-t-il, «il me semble que toute cause unificatrice mérite que l'on se sacrifie pour elle, notamment en mettant de côté les conflits souvent stériles et improductifs». Mohand Arkat conclut, au sujet de son ouvrage et des messages qu'il véhicule: «Avant, quand il y avait la misère dans les villages de Kabylie, c'est grâce à l'union que les gens ont fait face à l'austérité.» En plus de son amour pour sa langue maternelle tamazight, frappée d'ostracisme pendant des décennies, Mohand Arkat est aussi un passionné du livre. C'est pourquoi, il a lancé sa propre maison d'éditions (Editions La Pensée). Il a ainsi aidé de nombreux auteurs en herbe à faire leurs premiers pas dans l'édition. Comme quoi, on peut servir sa langue et servir les autres auteurs en même temps. «Tiwizi», c'est aussi cela.