Elles ont renvoyé la balle à Sidi-Saïd, en conditionnant leur appui à la privatisation. La rencontre d'hier a été «historique» pour reprendre le terme du secrétaire général de la Centrale syndicale. Le délai accordé aux fédérations et unions de wilaya de l'Ugta pour se pencher sur le lancinant dossier de la privatisation, expiré, tout le monde était convié hier, à l'hôtel Riadh pour déterminer, d'une manière «démocratique et transparente», la position de l'Ugta qui sera défendue à l'occasion de la prochaine tripartite. En fait les débats tant attendus par les observateurs et le front social n'ont pas eu lieu. Les fédérations ont soulevé les mêmes interrogations et appréhensions. En fait, le sursis de trois mois accordé à l'état-major de l'Ugta n'a pas eu l'effet escompté. En d'autres termes, les fédérations n'ont rien apporté de nouveau par rapport à cette question. Sidi-Saïd, qui a cru se débarrasser d'un lourd fardeau ; en appelant au mois d'octobre dernier les fédérations à assumer leurs responsabilités en définissant de la manière la plus claire leur position à l'égard de ces réformes, était le premier des déçus. Et pourtant, c'est par une note d'espoir que ce dernier a commencé la rencontre: «Le gouvernement a accepté d'inclure l'article 87 bis parmi les dossiers qui seront débattus à la prochaine tripartie». Autrement dit, ce dernier est prédisposé à revoir les salaires de base de certaines catégories écartées par les dernières augmentations du Snmg ; ce qui serait en soi une victoire pour la Centrale syndicale. Pour rappel, le chef du gouvernement et le ministre du Travail ont écarté auparavant cette mesure qui coûtera la bagatelle de 60 milliards de dinars au Trésor public. Hier, les fédérations ont renvoyé la balle à Sidi-Saïd, en conditionnant leur appui à la privatisation. C'est le retour à la case départ. Toutes les fédérations présentes étaient convaincues que la «privatisation est une réalité que personne ne peut nier ou refuser». Ce point réglé, «la logique» serait, à en croire les intervenants, de trouver «la meilleure formule à même de garantir les intérêts des travailleurs». La fédération nationale des travailleurs des finances et du plan par le biais de son SG a salué les réformes bancaires et financières: «si par l'ouverture du capital on entend un apport technologique, la préservation des emplois et la création d'autres durables, ainsi que l'amélioration du niveau social des travailleurs ; il est évident que nous ne serons pas contre les réformes», précise M. Ahmed Zouaoui. C'était en fait le mot d'ordre de cette réunion. La fédération des mécanos-métallos, celle de la santé, les unions de wilaya ont toutes exigé des garanties de Sidi-Saïd, parce qu'ici on ne fait pas «trop confiance» au gouvernement. «Le gouvernement n'a jamais respecté ses engagements et les exemples ne manquent pas», précise M. Messous, représentant de l'Union de wilaya de Tébessa, qui ajoute que «l'Exécutif a entamé le processus de privatisation sans associer les travailleurs». En fait, souligne-t-il, «le gouvernement essaie toujours de nous mettre devant le fait accompli». Sidi-Saïd élude cette problématique, laissant le soin à M.Badreddine, secrétaire national chargé des affaires économiques d'apporter cette mise au point: «Il y a une volonté réelle de la part de M. Ouyahia, et je ne dis pas du gouvernement, d'associer l'Ugta dans sa politique économique, mais force est de constater que les SGP et certains ministères font tout pour nous marginaliser». Ce dernier s'est interrogé aussi sur le comportement de certaines SGP qui se précipitent dans la réalisation des opérations de privatisation et reconnaît que les «acheteurs sont intéressés dans la plupart des cas par le foncier». «Nous avons une grande responsabilité que nous devons assumer». Et c'est justement ce que demande la base à la direction de l'Ugta, selon les fédérations représentées. Les représentants des entreprises des matériaux de construction ont parlé de la «mise à mort programmée du secteur», à travers «les lourdeurs administratives et le refus catégorique d'accorder des crédits aux entreprises du bâtiment». L'autre volet abordé a trait à l'exercice syndical. M.Zouaoui a proposé la création de sections syndicales affiliées à l'Ugta au sein des entreprises privées. Par ailleurs, certains, comme c'est le cas de l'Union de la wilaya de Tébessa, estiment que «l'Ugta a signé un contrat moral avec le président en appuyant sa candidature le 8 avril». De ce fait, «nous sommes appelés à soutenir les orientations économiques de son volet y compris la privatisation». Mais beaucoup à l'Ugta ne partagent pas cet avis.