Des fédérations, qui versent dans la surenchère, devront se rendre à l'évidence des rapports de force et des garanties d'Ouyahia. L'Ugta s'apprête à donner son accord à la vaste opération de privatisation des quelque 1 200 entreprises publiques sur les 1303 que compte le pays. C'est du moins la tendance «très lourde» qui se dégage de la réunion du secrétariat national qui a eu lieu hier, à la Maison du peuple, sous la présidence d'Abdelmadjid Sidi-Saïd. Des sources proches de cette rencontre, jointes hier, nous ont ainsi indiqué que «l'Ugta, qui s'apprête à prendre part à la tripartite attendue, soit à la fin de ce mois, soit au début de février, a décidé de soutenir la privatisation, mais aussi les réformes économiques en cours». Nos sources nous révèlent que «Sidi-Saïd a été reçu la semaine passée par le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia qui lui a réitéré l'ensemble des engagements initialement posés». Grosso modo, il s'agit de «la préservation des emplois, le maintien de l'activité, le lancement d'investissements nouveaux créateurs d'emplois et de richesses et, enfin, le maintien des acquis des travailleurs». L'Ugta, qui n'en espérait pas tant, à la suite du changement notable dans les rapports de force, n'en pose pas moins une autre condition. Il s'agit du maintien des sections syndicales, mais aussi des droits de l'ensemble de ces derniers. C'est pourquoi notre source remet en cause les spéculations qui prévoient, sinon la disparition, du moins le très grand affaiblissement de la Centrale à la suite de ces privatisations massives puisque sur les 12.558 sections syndicales que compte l'Ugta, seules 200 appartiennent à des secteurs privés. Sidi-Saïd, qui avait déjà eu à donner un avis pareil dans un entretien qu'il nous avait accordé il y a quelques mois, ne cache pas non plus que des divergences, devant obligatoirement être aplanies le plus tôt possible, existent entre le sommet et la base de la Centrale. Des fédérations, redécouvrant brusquement les «vertus» du combat syndical, font désormais dans la surenchère. Sidi Saïd, qui avait refusé de monter au front sans que la base ne s'implique, avait demandé au mois de novembre dernier à l'ensemble des fédérations et des unions de wilaya d'aller vers des assemblées générales avant de remettre des rapports circonstanciés avant la fin de l'année. Or, la direction nationale de l'Ugta n'avait que cinq-six rapports à se mettre sous la dent. Nos sources maintiennent que le restant des documents, plusieurs dizaines, devraient être réceptionnés avant la fin de cette semaine. L'Ugta, qui prévoit également de réunir les secrétaires généraux de ses fédérations et de ses unions de wilaya dans le courant de la semaine prochaine, garde en ligne de mire les enjeux et les résultats attendus de la tripartite. Des sources, qui ne cachent pas leur indignation, soulignent que «les revendications, nombreuses et irrecevables du patronat, visent à placer en quelque sorte celui-ci dans le secteur informel au lieu de s'attaquer à ce dernier et de mettre un terme à la concurrence déloyale qui continue d'empêcher les PME algériennes de prendre véritablement leur essor en prévision de notre entrée dans les marchés communs européen et mondial». La rencontre qui a eu lieu hier, en fin d'après-midi, entre le chef du gouvernement et le Forum des chefs d'entreprise devait servir à revoir quelque peu à la baisse les prétentions du patronat algérien, sous peine de voir la tripartite capoter ou bien reportée à une date indéterminée... Nous y reviendrons.